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le navire, sous pavillon belge, dont j'ai parlé à l'article Anapa. Malheureusement pour lui, il n'a débarqué dans ce port que du sucre en poudre, dont on ne fait aucun usage ni en Russie ni en Géorgie, et quelques futailles de rhum, arrivées dans un moment où cette marchandise étoit extrêmement abondante sur le marché de Tiflis.

En 1823, Redoute-Kalé a reçu quatre-vingtsix bâtiments, la plupart d'un très-foible tirant d'eau, venant de Trébizonde, Constantinople, Odessa, et de quelques autres ports de la mer. Noire.

En 1824, le nombre des bâtiments arrivés s'est élevé à cent trente, parmi lesquels un navire venant directement de Marseille.

Les marchands de Redoute-Kalé sont presque tous arméniens ou grecs. Ils sont généralement pauvres, et leur commerce ne consiste que dans l'échange des sels, des fers, et des marchandises européennes qui leur sont consignées, contre les cires, les miels, les tabacs, les cuirs, les bois de noyer et de buis, les cornes de cerfs, les fourrures, le maïs, les noix que les Mingreliens apportent en petites quantités au bazar.

On se sert à Redoute-Kalé des poids, me

sures et monnaies turcs, la Mingrelie ayant été long-temps dépendante et tributaire de l'empire ottoman. A cette époque, l'article principal du tribut payé aux Musulmans, et le plus honteux pour le souverain de cette contrée, consistoit en un certain nombre de garçons et de jeunes filles remarquables par leur beauté. Le voyageur Chardin prétend que la Mingrelie fournissoit douze mille esclaves par an; mais ce nombre a toujours été tellement au-dessous de ce que comportoit la population de cette ancienne partie de la Colchide, que cet écrivain, si véridique d'ailleurs, a évidemment été induit en erreur sur ce fait.

La Khopi, l'ancien Cyannus, sur les bords de laquelle est placée Redoute-Kalé, n'a aucune célébrité dans l'histoire, et n'est entourée de nul souvenir; mais il n'en est pas de même du Phase, ou Rion, distant seulement de douze werstes (trois lieues) de Redoute-Kalé.

Aussi j'acceptai avec empressement l'offre qui me fut faite par l'ingénieur attaché à la place de Redoute, de l'accompagner au petit fort de Rionskaïa, qu'il avoit construit à treize werstes de l'embouchure du Phase. Nous y arrivâmes en deux heures, après avoir traversé à gué une petite rivière (la Nabada) qui se

jette dans la mer, à quatre werstes du Phase. J'avoue que je que je ne pus me défendre d'un sentiment d'émotion à la vue d'un fleuve dont le souvenir est lié aux premières et aux plus célèbres expéditions de la Grèce.

Le temps n'est pas encore éloigné où on se piquoit de scepticisme; où les écrivains les plus anciens, particulièrement Hérodote, le père de l'histoire, étoient regardés comme manquant de véracité. Mais, depuis quarante ans, l'exploration de l'ancien monde par de nombreux voyageurs, par des armées entières, enfin la découverte de monuments, de ruines, de médailles inconnues, ont permis de vérifier et de reconnoître l'exactitude d'un grand nombre de faits long-temps considérés comme fabuleux.

Parmi les événements contestés sur lesquels les savants les plus laborieux de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre, ont fait des recherches ou exercé leur critique, les plus remarquables sont l'expédition de Jason, et celle de Phrixus et Hellé qui l'avoient précédé.

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M. Raoul-Rochette, dans l'Histoire de l'établissement des Colonies grecques, a réuni une foule de documents qui prouvent la réalité de ces deux événements, de manière à ne laisser aucun doute aux sceptiques les plus sévères.

« On ne doute plus aujourd'hui (dit-il) de la » réalité et de l'importance de l'expédition de » Jason, et les fables mêmes qui défigurent >> cette tradition ne paroissent qu'un garant de plus de la vérité des événements qu'elles re

>>> tracent. >>

Ce savant helléniste la considère comme ayant été déterminée par des vues de commerce et de politique, que soutenoit un important appareil de guerre. Avant cette expédition, dit-il, les Grecs avoient cherché à trafiquer dans le Pont et sur le Phase, et le voyage de Phrixus et d'Hellé n'est qu'une tradition dégénérée de leurs premières tentatives.

Au temps de Strabon, tous les monuments qui attestoient cette expédition étoient encore debout dans la Colchide, où même une plaine portoit le nom d'Argo, de celui d'Argus, un des fils de Phrixus. On lui attribuoit, dans le pays des Mosches, qui comprenoit les Colches, les Ibères et les Arméniens, la construction du temple de Leucothée et la fondation d'une ville de la Géorgie, nommée Ideessa.

Déjà, avant cette époque, les Pélasges avoient fondé des colonies dans le fond du Pont-Euxin. L'expédition des Argonautes, dit encore M. Raoul-Rochette, fut surtout entreprise pour

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purger la mer des pirates qui en rendoient le commerce impraticable, et ce fut ce motif qui en fit pour les Grecs une guerre sacrée, une

véritable croisade. Il les détermina à rendre une loi pour autoriser la construction d'un navire qui dépassoit de beaucoup la grandeur permise jusqu'alors pour les bateaux ordinaires. Tous les peuples de la Grèce voulurent prendre part à cette guerre; et cette première ligue servit, quarante ans plus tard, d'exemple pour cette fameuse coalition qui amena la destruction de Troie.

Le desir de s'emparer des trésors de la Colchide entroit pour beaucoup dans cette expédition. Strabon, Pline, Arrien parlent de ses riches mines d'or et d'argent. Les observations de Reynegg, du comte Pouschkin, la tradition du pays, et enfin une carte manuscrite envoyée en 1737 par le roi Salomon à l'impératrice de Russie, sembleroient ne devoir laisser aucun doute sur l'existence de ces mines : cependant elle est aujourd'hui contestée, et, dans tous les leur gisement est inconnu.

cas,

Aux environs de Sinope, sur toute la côte de la Propontide et de l'Hellespont, à Lemnos, dans l'Ibérie, dans l'Arménie, dans le pays des Mèdes, des villes, des temples, des monuments de toute

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