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ment de la maison de son père. Nous étions à

l'époque d'un des carêmes de l'Église Grecque, et ce motif seul l'empêcha de prendre part au repas qu'il nous avoit fait préparer.

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Le lendemain, à cinq heures du matin, nous nous remîmes en route, et continuâmes de cotoyer les montagnes qui s'élevoient sur notre gauche, et de traverser de belles forêts. Sur une étendue de cinquante pas carrés, nous comptâmes plus de cent cinquante arbres des plus fortes dimensions.

Vers neuf heures, nous arrivâmes au poste des cosaques d'Abacha, après avoir passé à gué une rivière qui porte ce nom. *

CHAPITRE VI.

Départ d'Abacha.-Aspect du pays depuis ce poste jusqu'à la Tskeniskal. - Passage de cette rivière. - Marane. Cause de l'insalubrité de cette position.-La Goubitskale, rivière et poste de cosaques. Arrivée à Kotaïs.-Description de cette ville.

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Nous reconnûmes dans le chef du poste d'Abacha un officier de cosaques que, le dimanche précédent, nous avions rencontré, lorsqu'au milieu de l'affreuse pluie d'orage que nous essuyâmes près du monastère de Khopi, nous avions à surmonter toutes les difficultés de la route. Il étoit alors dans un état d'ivresse qui avoit redoublé son zèle à nous servir, et ne l'avoit pas rendu plus éclairé sur les moyens de nous tirer d'embarras. A notre arrivée, il étoit d'un très-grand sang-froid, et n'avoit rien perdu de son caractère d'obligeance. Il voulut absolument nous accompagner pendant une partie de la route d'Abacha à Marane, et ne nous quitta

que lorsque nous fùmes sortis des chemins difficiles.

En partant du poste, le pays continue d'être couvert de forêts; mais elles sont beaucoup plus entremêlées de pâturages et de terres cultivées. Nous remarquions d'ailleurs avec plaisir d'assez vastes portions de bois en défrichement, indice certain d'une augmentation de population et de culture, et d'une amélioration dans le sort de ces peuples.

Au milieu des arbres fruitiers, la plupart entourés de ceps de vigne, qu'on rencontre dans toutes ces forêts, les pêchers et les figuiers étoient les plus nombreux. Les grenadiers se faisoient aussi remarquer par leurs magnifiques fleurs ponceau, alors dans tout leur éclat. Les myrtes y étoient également très communs.

A quelques werstes d'Abacha, on découvre successivement deux couvents construits en bois. Leurs enclos sont plantés d'une grande quantité de mûriers noirs. Ces arbres sont de la plus grande beauté.

Dans ce canton où, pour obtenir de belles récoltes, il suffit d'effleurer la terre, on laboure avec deux bœufs. La charrue se compose d'une seule pièce de bois recourbée et non ferrée.

Entre Abacha et Marane, les mûriers sont

très-nombreux. Mais l'éducation des vers-à-soie, et surtout l'art de filer la soie, y sont encore dans l'enfance.

Les propriétaires de ce canton possèdent de grands troupeaux de vaches, de chèvres et de cochons. L'humidité du pays s'oppose à l'entretien et à la propagation des moutons.

Nous mimes six heures pour parcourir les vingt-sept werstes que l'on compte entre Abacha et Marane. Sept ou huit werstes avant d'arriver dans ce dernier village, on trouve la Tskeniskal: c'est l'Hippus ou fleuve Cheval des Grecs, nom qu'on lui avoit donné à cause de sa rapidité. Sa largeur est presque égale à celle du Phase. Il n'y a aucune navigation sur cette rivière audessus de Marane, son cours étant coupé d'ilots et d'écueils formés par la quantité énorme de pierres, de cailloux et d'arbres, qui, après les orages, sont entraînés du haut des montagnes. du Caucase, et se réunissent sur l'un ou l'autre point.

La Tskeniskal charrioit, dit-on, jusque dans le Phase des paillettes, et même quelquefois des morceaux d'or. C'est un fait auquel aujourd'hui on ajoute peu de foi. Cependant, à en croire les habitants de cette contrée, il n'y a pas quarante ans encore que la récolte de ces paillettes étoit un

objet de trafic pour les riverains de la Tskeniskal, et une branche des revenus des rois de Mingrelie.

Après avoir assez long-temps cotoyé la droite de la Tskeniskal, nous arrivâmes vis-à-vis Marane. Comme il ne s'y trouvoit ni bac ni ponton, on avoit placé sur deux cayouques un plancher, qui se composoit de six pièces de bois posées les unes auprès des autres, et qui n'étoient pas même réunies par une traverse. C'est sur ce foible appui que l'on plaça notre britska, et que trois soldats le conduisirent sur la gauche du fleuve, en courant vingt fois le risque de l'y voir renversé. Quant à nous, nous traversames la Tskeniskal dans un cayouque, et arrivâmes sans malencontre, le 10-22 juin, à Marane, dont le commandant nous offrit l'hospitalité.

Cet officier est polonais. Il a épousé une Française remarquable par sa petite taille, par son air d'intelligence et sa vivacité. Je les avois connus l'un et l'autre à Kotaïs, à mon premier voyage, en août 1820.

A cette époque, j'étois venu jusqu'à Marane, et j'avois passé seulement vingt-quatre heures. chez le prince Abkazoff, Géorgien, colonel d'un régiment de chasseurs. Sa figure hâve, celles de ses officiers et de ses soldats, annonçoient évi

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