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devant un village assez considérable, dont les maisons étoient disséminées sur les deux côtés du fleuve, et plus loin, sur la gauche, devant un autre village nommé Didia.

Les bords du Phase, du côté de la Mingrelie, continuent à être moins élevés que ceux du Gouriel.

Le sapin étoit assez commun dans les hautes forêts de la gauche du Phase. La terre végétale a presque partout de deux à trois pieds de profondeur; elle est fréquemment placée sur une couche de sable assez épaisse.

Vers midi, on s'arrêta au village de Goubhani, sur la gauche du Phase, et on en repartit à une heure.

Un peu en remontant, on trouve une île de plus de deux werstes de longueur. Les bois y sont clair-semés; et une partie du terrain, extrêmement fertile, est cultivée par des Mingreliens qui y ont leurs habitations.

Du même côté, le terrain s'élève graduellement jusqu'à la chaîne des montagnes qui séparent l'Immirette et la Mingrelie du pachalick d'Akhaltzikhe, et qui se prolongent dans l'Arménie et la Natolie, entre Trébizonde et Erzeroum. Cette partie de la Mingrelie, attenante au Gouriel, est beaucoup plus salubre que celle qui

est située sur la droite du fleuve. A l'extrémité de cette chaîne de montagnes, le Phase fait un coude vers le nord.

Après l'avoir passé, nos voyageurs s'arrêtèrent à Yekali. Une culture soignée distingue les terres de ce village, dont la population s'élève à près de deux cents habitants. Elles étoient encloses par des palissades, et on y remarquoit quelques moutons, les premiers que nos voyageurs apercevoient depuis leur départ de Rionskaia. La présence de ces animaux prouve que déjà, dans cette partie de la Mingrelie, le terrain est plus sec et plus élevé. Dans tous les villages qui bordent le Phase, les bestiaux sont générale-. ment d'une petite espèce. On n'est pas dans l'usage d'y couper les taureaux, parce qu'on croit que cette opération leur causeroit la mort.

On compte dix werstes du village de Yekali à l'embouchure de la Tskeniskal, en suivant les sinuosités du Phase. Il y auroit à peine six werstes par terre en ligne directe.

A quatre heures du matin, nos voyageurs se mirent de nouveau en route. Ils cotoyèrent les montagnes du Gouriel; et, après être entrés dans un passage étroit, rempli de bancs de sable, ils ne tardèrent pas d'arriver à l'embouchure de la Tskeniskal.

Cette rivière a deux embouchures, séparées par une île couverte de bois : on trouve sur ses bords un grand nombre d'habitations.

Nos voyageurs, entrés vers midi dans la Tskeniskal, la remontèrent avec d'autant plus de difficultés, que son cours resserré, à deux werstes de son embouchure, par de hautes montagnes, acquiert une grande rapidité. Après deux heures de marche, ils observèrent une petite île garnie de bois; et à six heures, ils débarquèrent devant Marane. Ici se termine le journal des deux voyageurs, auquel j'ai cru devoir ajouter quelques observations.

Le Phase, dans tout son cours, depuis Rionskaia jusqu'à Marane, a une profondeur plus ou moins grande, mais qui, même à l'époque des basses eaux, n'est jamais moindre de quatre à cinq pieds. Cette remarque ne reçoit d'exception que sur le banc dont j'ai fait mention, et qui règne dans toute la largeur du fleuve, à peu près à moitié chemin de Redoute-Kalé à Marane.

Il seroit, je pense, facile d'enlever ce banc, et quelques travaux hydrauliques peu dispendieux en empêcheroient le rétablissement.

La Tskeniskal, vers son embouchure, n'a guère que trois pieds de profondeur, et son cours est partout obstrué par des îlots et des

écucils. Heureusement, sa navigation ne peut avoir une grande importance pour le commerce de la Mingrelie.

Les bords du Phase sont sablonneux vers la côte du Gouriel, et vaseux vers celle de la Mingrelie, pays plat et humide.

Les bâtiments qui se rendent ordinairement en cinq ou six jours de Rionskaia à Marane, n'en emploient que deux pour descendre ce fleuve.

A l'appui du journal des deux Français, je dirai qu'ayant descendu le Phase depuis l'embouchure de la Tskeniskal jusqu'à Rionskaia, en avril 1824, je n'ai mis que vingt-deux heures pour faire ce trajet, et que j'ai reconnu l'exactitude du journal que je viens de transcrire.

A cette même époque, le port de débarquement, tant pour les besoins de l'armée russe en Immirette, que pour le commerce, avoit été transporté de Marane, où il étoit précédemment, au confluent de la Tskeniskal et du Phase, sur la gauche de ce premier fleuve.

La position nouvelle est très-commode, le pays magnifique, l'air beaucoup plus salubre qu'à Marane; et on évite ainsi l'inutile navigation de la Tskeniskal: d'ailleurs, de ce poste à Kotaïs, la route par terre est très-facile, et n'est

que

de cinq à six werstes plus longue que celle de Marane. Ainsi, peu à peu les améliorations

s'opèrent dans cette contrée.

J'ajouterai que, près du confluent des deux fleuves, un prince Immirétien a tracé lui-même un jardin dans le genre anglais. Il est remarquable par le goût qui a présidé à sa distribution, et devient une nouvelle preuve de la facilité avec laquelle ce peuple, à peine en contact avec les Européens, s'accoutumeroit à leurs arts et à leurs usages.

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