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placé au milieu d'une belle prairie. Une planche suspendue à un arbre, près de la porte de l'église, sert, au moyen d'un marteau de bois, avec lequel on la frappe, à réunir les fidèles.

Nous dinâmes à Kwaktchezivi. On nous apporta du poisson pêché dans la Crasnoya. Il étoit d'une espèce qui nous étoit inconnue, trêmement gras et d'un bon goût.

En partant de ce village, nous traversâmes une belle forêt située entre la Crasnoya-Recha, la Quirila et le Phase. On y trouve de beaux chênes, des hêtres, quelques ormes et des frênes; les buis y sont aussi abondants. La terre de ce canton est généralement argileuse et de bonne qualité; seulement, en approchant des rivières qui l'entourent, elle devient sablonneuse. Dans cette forêt, et surtout dans celle d'Adjamet, dont j'aurai occasion de parler, il y a une immense quantité de sangliers, de chevreuils, et surtout de cerfs, dont quelques marchands Arméniens ramassent les bois. Deux Anglais, fixés depuis deux ans en Géorgie, ont expédié de Redoute-Kalé plus de trois mille ockes, environ neuf mille livres de cette marchandise, pour l'Angleterre, où, dans les ateliers de coutellerie, on en fait un grand usage.

Après avoir quitté la forêt de Kwaktchezivi,

nous arrivâmes aux bords de la Quirila, au point où nous nous proposions de passer le fleuve. Nous avions à notre gauche l'embouchure de la Crasnoya-Recha; à notre droite, et à trois cents. pas de distance, le confluent du Phase et de la Quirila, et vis-à-vis, l'embouchure de la Gheniskale, rivière qui prend sa source dans les hautes montagnes du pachalick d'Akhaltzikhe, entoure la forteresse de Bagdad, et vient se jeter dans la Quirila. Les eaux bleuâtres, claires et extrêmement saines de la Gheniskale se distinguoient long-temps, et sembloient ne se mêler qu'avec peine aux eaux de la Quirila, chargées de parties calcaires et métalliques, et connues par leur mauvaise qualité.

Nous traversâmes le fleuve sans beaucoup de difficulté, malgré sa grande rapidité, et nous débarquâmes à peu de distance de Vartsike. Nos chevaux passèrent sur un plancher placé sur deux cayouques.

Vartsike, qui n'est aujourd'hui qu'un village, avoit, il y a quinze ans, un château fortifié, qui, pendant l'été, étoit habité par les rois de l'Immirette : ils y venoient jouir du plaisir de la chasse dans la vaste forêt d'Adjamet qui y est attenante. Les fortifications, le château et ses nombreuses dépendances ont été détruits par

les Russes; une chapelle en pierres a seule été conservée. Il ne reste des jardins que quelques figuiers, des cognassiers, et diverses variétés de pins.

Tout le pays qui environne Vartsike est vraiment magnifique. La vallée, qui commence au pied d'un plateau assez élevé, sur lequel le château étoit construit, a plus de trois werstes de largeur. Elle est située entre la Quirila, la Gheniskale et une autre petite rivière qui se jette dans le Phase, vers l'occident. Des noyers, des mûriers et un grand nombre d'arbres forestiers, entourés de ceps de vigne, ont été conservés, lors des défrichements de cette partie de terres, isolément ou en massifs, et forment un ensemble qu'on peut comparer aux plus beaux parcs connus.

A deux werstes de la Quirila, et sur les bords de la Gheniskale, sont placées le plus grand nombre des maisons du village. Les champs cultivés près des habitations sont remarquables par la richesse et l'abondance des récoltes de maïs, de tabac et de coton. Le vin qu'on retire des vignes sauvages qui enlacent tous les arbres de cette vallée, est de bonne qualité.

Cette partie de l'Immirette est garantie des vents de mer par les épaisses forêts qui l'en

séparent, et de ceux du midi par les montagnes d'Akhaltzikhe. Elle forme une espèce de bassin où l'on ressent rarement les rigueurs de l'hiver : aussi conviendroit-elle beaucoup pour la culture de l'olivier; la profondeur de sa riche terre végétale semble y assurer aussi le succès des plantations d'indigo.

Un bras détourné de la Gheniskale, et qu'on a dirigé vers la Quirila, sert à faire marcher un moulin à blé.

Au pied de l'ancien plateau dont j'ai parlé, à de distance de Vartsike, on a placé un

peu

poste de cosaques assez nombreux. Nous y pas

sâmes la nuit.

Sur la droite de la Gheniskale se trouve la forêt d'Adjamet, qui contient environ vingtquatre mille arpents de France. Elle est tout entière en futaies de chênes, de hêtres, d'ormes, de frênes et d'autres arbres forestiers. La terre y est fertile et profonde. Les bords de la forêt, que côtoient la Gheniskale et la Quirila, sont assez élevés pour qu'elle soit à l'abri de leurs inondations. Cette forêt est pendant l'hiver le refuge des faisans et des perdrix d'espèces variées, qui émigrent alors des districts de Radscha et de Schorapana, où le climat est plus rigoureux.

La partie de cette forêt que borde la Gheniskale étoit autrefois couverte de maisons et de riches récoltes; mais les incursions continuelles des Turcs ont déterminé les habitants à se retirer sur la droite de la Quirila. A l'appui de cette observation, je dirai que, dans une inspection récente de la forêt d'Adjamet, on a reconnu non-seulement un grand nombre d'arbres fruitiers séculaires qui ont été greffés dans le principe, mais des allées entières de cognassiers, alignés avec tant d'ordre qu'il est impossible de méconnoître la main de l'homme.

Nous partîmes le lendemain de bonne heure du poste des cosaques pour Bagdad, qui en est à quinze werstes. On traverse, pour s'y rendre, la belle vallée dont j'ai fait la description, et on entre ensuite dans une forêt qui se prolonge jusqu'à la forteresse.

Bagdad étoit autrefois une petite ville dépendante de la Turquie. Son fort étoit occupé par une garnison de cent janissaires. Elle avoit alors un commerce assez étendu, et servoit de marché et d'entrepôt pour les Turcs du pachalick d'Akhaltzikhe et pour les habitants de l'Immirette. Depuis qu'elle fait partie des possessions Russes, on n'y voit plus ni bazar ni marchand. L'établissement d'une quarantaine au-delà de la

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