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Gheniskale, du côté opposé à celui où est construite la forteresse, a seul suffi pour éloigner les Musulmans et pour anéantir ces relations.

Aujourd'hui, le village se compose seulement d'une trentaine de maisons habitées par des cultivateurs. L'une d'elles est occupée par un Grec, associé dans la ferme des eaux-de-vie pour la consommation des troupes en Immirette.

II

y a établi deux alambics. Cette fabrique est alimentée par les vins de ce canton: ils ont beaucoup de force, sont très-abondants et s'obtiennent à très-bon compte. La garnison de Bagdad se compose d'une centaine d'hommes. Nous fùmes bien accueillis par les officiers qui la commandoient. Après nous avoir donné à déjeûner, ils nous accompagnèrent jusqu'au fort, enclos entouré de terre et de pierres placées les unes sur les autres, sans autre liaison qu'un peu d'argile, et sur lesquelles on a mis deux pierriers. Ce fort est situé aux bords de la Gheniskale et au pied des montagnes qui séparent l'Immirette du pachalick d'Akhaltzikhe.

Le mauvais état de cette forteresse et de

presque toutes celles qui sont placées sur les frontières des Turcs et des Persans, prouve que le gouvernement Russe a le sentiment de la supé

riorité de sa puissance sur ces deux nations qui, il faut en convenir, sont, à l'égard de cet empire, ce que sont les peuples de l'Inde à l'égard de l'Angleterre.

Vers dix heures nous partîmes de Bagdad, dans l'intention de nous arrêter pour dîner chez le prince Rostan Schwestze, major au service de Russie, et frère de ceux chez qui, dans notre première excursion, nous passâmes quelques heures peu après notre départ de Koni. Pour se rendre de Bagdad à Dimi ou Dimni, on traverse d'abord la Gheniskale à environ deux werstes de distance du fort. On gravit ensuite pendant une demi-heure des montagnes assez escarpées, et garnies de noyers et de figuiers : le premier de ces arbres est extrêmement commun dans toute l'ancienne Colchide, où on en voit de trèsfortes dimensions. La qualité de son bois est remarquable par sa belle couleur et ses nuances variées; on en fait des expéditions assez considérables pour Taganrog, Odessa, et même pour Constantinople, où il est connu sous le nom de noyer de Mingrelie. On pourroit, en introduisant dans le pays l'usage des presses qui y sont encore inconnues, fabriquer avec les noix une très-grande quantité d'huile, et en former un objet important d'exportation. A l'égard du figuier,

on s'occupe peu de sa culture, et son fruit est rarement récolté.

Parvenus au sommet d'une chaîne de montagnes peu élevées, nous entrâmes bientôt dans le magnifique enclos du prince Rostan Schwetze, qui avoit été prévenu de notre arrivée. Il nous avoit fait préparer un très-bon dîner, et nous reçut de la manière la plus aimable, Il eut l'attention de faire ouvrir deux jarres de vieux vin: nous le trouvâmes très-bon; il a beaucoup de rapport avec les vins rouges de Champagne.

Le prince Rostan est seigneur du village de Dimi, limitrophe des terres d'Adjamet. On y compte environ quarante maisons, et une population de deux cents habitants qui lui appartiennent. Ce domaine et ceux qu'il possède dans les environs de Koni sont encore en communauté avec ses deux frères.

Le nom de Dimni rappelle une forteresse construite trois siècles avant la naissance de Jésus-Christ, par P'harnavaz, le premier roi de Géorgie, de la race de Schinak'harthli. Il n'existe plus aucune trace de cette antique construction (1).

(1) Voyez les Mémoires de M. de Saint-Martin sur l'Arménie, tome 2, page 198,

En partant de Dimi nous cotoyâmes la forêt d'Adjamet, pendant environ six werstes, pour nous rendre au village d'Optcha, où nous nous proposions de coucher, et où nous arrivâmes en une heure. Le chemin qui y conduit est tracé dans des montagnes assez difficiles et escarpées.

Optcha est la propriété d'un prince Immirétien. Son habitation est placée dans une situation élevée, d'où on jouit d'une très-belle vue. Les bâtiments occupés par les esclaves attachés à l'exploitation avoient été construits avec soin. A chacune de ces maisons étoit joint extérieurement un jardin. On n'y cultive, comme dans toute l'Immirette, d'autres plantes potagères que les choux, les ognons, les concombres et le persil, dont la racine est l'aliment principal du peuple pendant ses longs carêmes. Aussi est-ce avec un véritable plaisir que j'ai distribué aux propriétaires de la Colchide les graines de légumes de toute espèce que j'avois apportées. Peut-être leur utile culture laissera-t-elle parmi eux un foible souvenir de mon passage.

Le propriétaire d'Optcha a substitué aux vignes sauvages qu'on trouve généralement dans toute l'ancienne Colchide, une vigne cultivée, que l'on coupe à quatre pieds de hauteur; elle est soutenue par des échalas et entourée de haies

vives. Ses ceps étoient chargés de fruits; mais la saison, cette année, ayant été très-pluvieuse, le raisin, à la mi-juillet, étoit beaucoup moins avancé qu'il ne l'est en France à cette époque de l'année,. même dans nos provinces septentrionales.

Nous eûmes à Optcha plus particulièrement l'occasion de remarquer que, depuis que la vente des esclaves aux Turcs a été défendue, le pouvoir des seigneurs sur leurs esclaves a cessé d'être accompagné des formes odieuses qui lui ont mérité les réclamations des philantropes: il n'est plus que l'autorité d'un chef de famille sur ses enfants, sur les membres de sa tribu. Sauf quelques différences dans l'habillement et les ustensiles de chasse dont les seigneurs ornent leurs vêtements, dans l'ordre qu'ils suivent en voyage et dans leurs repas, les princes, les nobles, les esclaves sont presque tous confondus; ils vivent ensemble dans une grande intimité, et le service des serfs envers leurs maitres paroît tout entier de zèle, de dévouement et d'affection: aussi la familiarité entre eux est extrême.

Après avoir passé la nuit à Optcha, où nous fûmes très-bien traités par les habitants, nous nous mîmes en route pour nous rendre à la Quirila qui en est éloignée d'environ dix werstes. Une heure et demie nous suffirent pour y

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