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princes Ahichat-Chvili, dont la famille est une des plus anciennes de l'Immirette.

Ici, pour la seconde fois, nous trouvions nonseulement une partie des objets d'un usage habituel en Europe, mais même quelques-uns réclamés par le luxe. L'aîné des princes avoit, comme otage, fait un séjour d'un an à Saint-Pétersbourg, et sa table étoit ornée de couverts, d'huiliers, de plateaux d'argent, de gobelets de vermeil, de porcelaines et de cristaux, qu'il avoit apportés de son voyage. A son retour, son intention étoit d'introduire dans sa maison les usages des peuples civilisés, et d'en faire adopter l'habillement à sa famille. Mais pour une pareille innovation dans un ménage tenu par trois frères mariés et vivant en communauté, une volonté ne suffisoit pas, et il ne tarda pas à renoncer à l'idée qu'il avoit conçue.

Les princes Ahichat-Chvili sont parents d'un prince Immirétien, qui, témoin de leur luxe si nouveau pour cette contrée, a donné ordre de lui acheter en France des candelabres en bronze doré, des plateaux, des couverts d'argent, des gobelets en vermeil et des porcelaines de prix.

Après avoir pris le thé et nous être reposés, le fils de l'un des princes qui a épousé une sœur de Dadian, nous proposa une promenade le long

de la

d'un ruisseau rapide qui coule à cent pas maison, afin de nous faire voir, disoit-il, une mine de cuivre : nous n'y trouvâmes qu'un banc de pyrites cuivreuses extrêmement friables. Leur décomposition donne un goût de cuivre à l'eau, et la rend malsaine et même dangereuse. Il fit fouiller aussi devant nous, sur plusieurs points, le terrain environnant qui se composoit de masses pyriteuses. A quatre pas de la rivière, on trouve une source d'eau excellente; elle est assez abondante pour suffire à tous les besoins de la maison.

Vers les sept heures, on nous fit servir un très-beau souper, un peu accommodé à l'européenne. Les convives étoient nombreux, et il fallut poliment nous soumettre à une foule de santés et à toutes les cérémonies de présentation de morceaux choisis, et autres en usage chez les princes Immirétiens, et dont j'ai suffisamment parlé en d'autres occasions. Le souper finit vers neuf heures, et on nous donna pour coucher une chambre vaste et commode.

Le lendemain matin, nous priâmes l'aîné de nos hôtes de nous présenter aux princesses : l'une étoit la mère et l'autre la femme du jeune prince avec lequel nous avions fait la veille. notre promenade. Elles étoient toutes les deux

belles, et richement habillées en satin et en brocards d'or et d'argent; elles avoient la tête, le cou et les bras couverts de bijoux enrichis de quelques diamants et rubis, et surtout d'une très-grande quantité de perles fort grosses, mais généralement informes et très-jaunes, les peuples de l'Asie s'attachant beaucoup moins à la perfection des perles et des pierres précieuses qu'à leur surface. Les princesses nous saluèrent avec beaucoup de grâce. Nous leur baisâmes la main, et elles nous embrassèrent, selon l'usage des femmes Russes et des peuples orientaux qui suivent la religion chrétienne. La curiosité avoit attiré aux fenêtres et aux portes un grand nombre de femmes attachées au service de la maison, et qui presque toutes étoient jolies.

Aux lambris de l'appartement se trouvoient accrochés ces chapeaux de drap écarlate qui ne servent qu'aux voyages, et que je suis disposé à croire d'origine génoise.

Par l'intermédiaire de notre interprète, notre conversation avec les princesses se porta sur ce qui pouvoit les intéresser davantage, sur les riches étoffes de France, les bijoux de toute espèce, les porcelaines, les pièces d'argenterie que le commerce nouveau qui alloit s'établir ne pouvoit manquer d'introduire dans le pays. Elles

nous engagèrent vivement à venir former une colonie dans la Colchide, en nous témoignant le desir de voir des Français se marier et s'établir parmi eux.

Les terres du domaine qui appartient aux princes sont d'une grande fertilité : une partie sert au pacage des bestiaux, l'autre à l'entretien d'un haras assez nombreux.

Après avoir pris congé des princesses, nous repartimes pour Kotaïs, le 16-28 juillet. On compte, depuis l'habitation des princes Ahichat-Chvili jusqu'à cette ville, quinze werstes, en ligne directe. Toute la contrée que nous parcourûmes avant d'atteindre la route de Kotaïs à Tiflis, est entrecoupée de vignes, de prairies et de champs de maïs, ornés de beaux arbres.

Au passage de la Crasnoya-Recha, nous nous séparâmes du maire de Simonetti et des autres nobles et propriétaires Immirétiens qui nous avoient accompagnés.

A deux lieues de Kotaïs se trouve le monastère de Gaelaeth. Pour s'y rendre, on traverse des montagnes couvertes de forêts. Le chemin n'est praticable que pour les hommes et les chevaux. Le monastère est situé sur le penchant d'une montagne couverte d'arbres. Au pied de

laquelle se trouvent un grand nombre de maisons et de jardins; on monte au couvent par un chemin escarpé, en laissant de côté une source de très-bonne eau.

Le monastère est composé d'une petite église consacrée à saint Grégoire. On lui donne huit cents ans d'antiquité. L'intérieur en est sombre et assez bien orné; son architecture est simple, et ne manque ni de goût ni de pureté. Auprès de cette église, on en trouve une autre moins ancienne, mais beaucoup plus grande, et bâtie avec plus de solidité en pierres de granit : elle est très-élevée et a deux portes latérales, indépendamment de l'entrée principale. Dans le chœur, on voit trois grandes figures en mosaïque celle du milieu représente la sainte Vierge avec l'enfant Jésus : elle est entourée de deux anges. Cette mosaïque, dans laquelle les couleurs rouges et bleues dominent, est placée sur un fond doré. Elle a sans doute été apportée de Constantinople dans les derniers temps du Bas-Empire, le travail étant moins remarquable par le fini de l'exécution que par son étendue et la grandeur des figures.

Les deux églises sont construites au milieu d'une immense cour, autour de laquelle on a bâti de petites maisons, qui sont aujourd'hui en

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