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assez mauvais état. Elles servent d'habitation à des moines Immirétiens qui suivent le rit grec; elles sont adossées contre un mur passablement épais, garni de créneaux et de meurtrières.

Sur la droite de l'église se trouve un bâtiment en pierres; il sert de demeure à l'archevêque, qui est en même temps supérieur du couvent, On y arrive par un porche dont les côtés servoient autrefois de chapelles. Contre le mur est appuyé un battant de porte de fer, de sept pieds de largeur, sur quatorze de hauteur : il se compose de vingt barres de fer placées perpendiculairement, et traversées par sept autres barres, contre lesquelles sont appliquées des feuilles de tôle assez minces. Cette porte a tous les caractères d'une haute antiquité. Auprès de ce battant, il en existoit autrefois un second, qui, réuni à l'autre, servoit à fermer les porches, dont la largeur est de quatorze pieds. Le battant qui manque a été enlevé par les Turcs dans une de leurs incursions en Immirette. On aperçoit sur la tôle quelques restes d'inscriptions. S'il faut ajouter foi à la tradition du pays, ces deux battants sont ceux qui étoient autrefois placés aux portes ou pyles Caspiennes. Ils ont été enlevés comme un trophée par un roi de l'Immirette, du nom de David, qui, ayant

fait une incursion dans le Daghestan, prit d'assaut la ville de Derbent. Le portrait de ce roi est peint à fresque dans l'église, et on voit son tombeau près du porche.

Le couvent de Gaelaeth avoit pour supérieur l'archevêque Ghinatel; il est aujourd'hui retiré en Russie. On assure que les moines possèdent une collection de manuscrits Géorgiens et Arméniens. Ils mériteroient d'être examinés, s'il est vrai qu'un roi de Géorgie, prédécesseur de Thamar, ait envoyé trente jeunes gens dans la Grèce pour y recueillir les meilleurs ouvrages. Il ne seroit pas impossible qu'on retrouvât dans ces manuscrits une partie des historiens anciens dont les écrits ont été perdus.

Le monastère de Gaelaeth a des biens trèsconsidérables, et un grand nombre de serfs ou esclaves.

CHAPITRE X.

Départ de Kotaïs pour Radscha.-Ville de Tchari.-Habitants d'origine Arménienne. - Ghretie.-Belle forêt de sapins.-Secours mutuels.-Kotevi.-Bravoure des habitants de ce canton. -Anecdote sur le prince Gortschakoff.- La Krekoula.—Arrivée au Phase. — Baragone. Caractère des habitants du canton de Radscha.-Détails sur le touri ou bouquetin du Caucase. Commerce des fourrures. - Souanes. -Village de Sadmetri.-Forêt de Radscha. La Redzoula. Passage du Phase à gué.Retour à Kotaïs.

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JE desirois visiter moi-même le district de Radscha; mais pendant l'année 1823, mes occupations ne m'ayant pas permis de m'éloigner de Tiflis, j'ai dù laisser à mon frère le soin de cette excursion. C'est donc d'après son rapport que j'ai rédigé cette relation.

Mon frère, arrivé à Kotais à la fin d'octobre 1823, en partit, pour le canton de Radscha, le 3-15 novembre.

A cette époque de l'année, tous les arbres fo

restiers avoient de nouvelles feuilles, et les arbres fruitiers étoient couverts, les uns de fleurs, et les autres de fruits. Mon frère avoit avec lui un interprète, et deux seigneurs Immirétiens attachés aux districts de Kotaïs et de Radscha. Deux cosaques leur servoient d'escorte. Ils traversèrent, à trois werstes de Kotaïs, la CrasnoyaRecha, et suivirent pendant environ dix werstes la route de Tiflis. Ils se détournèrent ensuite sur la gauche, et parcoururent pendant plus de trois heures un pays entièrement couvert d'un mauvais taillis et de chênes rabougris, digne produit d'un terrain aride, et dont le fond étoit presque tout entier en blocs de quartz.

Lorsqu'ils furent sortis de la forêt, ils cotoyèrent pendant quelques instants un ruisseau auquel on donne le nom de Sverouli, qu'ils traversèrent, et, après avoir fait une halte dans une prairie appartenant au maire de Simonetti, ils arrivèrent à l'ancienne ville de Tchari, qui n'est plus aujourd'hui qu'un village placé sur un plateau très-élevé.

Le pays entre Simonetti et Tchari est assez montagneux, mais la route est bonne et praticable aux voitures. A en juger par le temps que nos voyageurs mirent à faire ce trajet, on ne peut pas estimer la distance entre Kotaïs et

Tchari à plus de trente-deux werstes (huit lieues). La campagne qui environne cette ville est très-belle et garnie de beaucoup d'arbres, débris des antiques forêts qui couvroient autrefois toute la Colchide. Les terres sont cultivées en maïs ou en millet; quelques parties sont plantées en vignes; d'autres forment de beaux pâturages.

Les habitants de ce village sont d'origine Arménienne. Tout porte à croire qu'ils auront abandonné leur patrie dans le temps où elle étoit le théâtre de guerres continuelles entre les Perses et les Romains, ou lorsqu'elle a été occupée par les Turcs. Depuis cette époque plus ou moins éloignée, ces habitants se sont tellement confondus avec les Immirétiens, qu'ils n'en diffèrent plus, ni par le langage, ni par l'habillement, ni par les mœurs. Ils ont même quitté le rit Arménien pour adopter le rit Grec, voulant sans doute, par cette condescendance, donner une garantie de leur fidélité au nouveau souverain dans les États duquel ils venoient de se réfugier.

Sous les rois d'Immirette, Tchari a été fréquemment ravagée par les Mingreliens et les Géorgiens; en 1820, elle étoit un des foyers de l'insurrection, et son évêque, qui réunissoit dans ce district le pouvoir civil et ecclésias

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