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tique, passoit pour en être un des principaux chefs. Aussi, cette ville éprouva-t-elle la vengeance des soldats Russes, qui la brûlèrent. On n'y trouve à présent qu'une centaine de maisons bâties en bois, et un bazar composé de vingt à trente boutiques où on vend un peu de cire, du miel, des cuirs, du sel, des fourrures et des toiles communes.

Peu avant les événements de 1820, l'évêque avoit fait rebâtir l'église. La pierre de taille qu'on y a employée paroît de bonne qualité; mais la construction en a été si mal faite, que déjà cet édifice menace ruine.

L'intérieur de l'église est peu orné d'images, et n'a de remarquable qu'une croix de bois de chêne de huit pieds de hauteur. Cette croix paroît être d'une grande antiquité : elle est toute couverte de plaques de vermeil ciselées et relevées en bosses, représentant quelques sujets de l'Ecriture-Sainte. Entre les ciselures, on a incrusté une grande quantité de diamants, d'émeraudes, de turquoises, de topazes, d'améthystes, de perles et autres pierres précieuses, dont la plupart sont d'une grande dimension.

Près de la croix, sont placées deux espèces de mitres de bois en forme de pain de sucre, d'environ deux pieds de hauteur, surmontées d'une

petite croix plaquée en vermeil, également enrichie de pierres précieuses. Elles ont été enlevées dans une incursion faite par les rois d'Immirette dans le district d'Akhaltzikhe, qui faisoit alors partie des États des rois de Géorgie, et données par eux à l'église de Tchari. Un rideau, qu'on ouvre avec beaucoup de cérémonie, est placé devant ces trois reliques, auxquelles on attribue le don des miracles, et notamment celui de guérir les maladies incurables et de délivrer les possédés du démon.

Pendant que mon frère étoit dans l'église, il vit arriver deux malheureux frénétiques enchaînés, tout déguenillés, et dans un état de contraction véritablement effrayant. En entrant, ils se jetèrent sur la terre, qu'ils baisèrent plusieurs fois, en multipliant les signes de croix; ils se frappèrent ensuite la poitrine, en implorant de ces antiques reliques quelque soulagement à leurs maux. Dans la Colchide, on peut difficilement soupçonner cette ferveur d'avoir été calculée ou d'être absolument feinte, et il est vraisemblable que la confiance dans ces reliques, en calmant l'imagination des malades, détermine quelquefois leur guérison.

Le maire, un des principaux propriétaires du village, donna l'hospitalité aux voyageurs. Ils

passèrent chez lui la nuit, et en partirent le lendemain 4-16 novembre, à sept heures du matin.

Depuis Tchari, on s'avance presque toujours dans les montagnes. En sortant de cette ancienne ville, ils traversèrent de beaux pâturages, des taillis et quelques terres labourées, et s'arrêtèrent à neuf heures dans une belle prairie, après avoir fait environ douze werstes. De là au village de Ghretic, où ils arrivèrent en quatre heures, on compte vingt werstes. Le chemin passe au travers de forêts, de montagnes et de vallées.

Ghretie est un village composé de cent à cent vingt maisons, dont les habitants s'occupent de la culture du maïs, du millet et de l'orge. On y voit aussi beaucoup de vignes plantées. Le vin qui en provient est de bonne qualité.

Le lendemain, vers huit heures, mon frère partit de Ghretie pour se rendre à Kotevi. Depuis Ghretie, les montagnes deviennent plus élevées, les chemins plus rapides, plus escarpés, et, sur quelques points, ils sont presque impraticables. Ils mirent trois heures et demie pour aller de Ghretie au sommet des montagnes, et deux heures et demie pour arriver de ce point à Kotevi.

A deux werstes de Ghretie, commence une

magnifique forêt de sapins des plus énormes dimensions: elle se prolonge jusqu'à trois werstes au-delà de Kotevi. Un très-grand nombre d'arbres avoient été abattus par le vent, ou étoient tombés de vétusté. Les voyageurs en ont mesuré plusieurs qui avoient plus de quatre-vingts pieds de futaie, et quinze à dix-huit pieds de tour. La moitié de cette forêt appartient à ces deux villages, et l'autre à la couronne. Les habitants du district environnant, et même à une assez grande distance, viennent s'y approvisionner de bois, sans payer aucune rétribution.

La difficulté du transport des bois de forte dimension dans des montagnes aussi escarpées, a donné aux habitants l'idée de débiter les sapins dans la forêt même, et de les transporter ensuite en planches et en pièces équarries.

Il existe dans ce canton un usage très-remarquable lorsqu'un habitant se marie, ou que par accident sa maison est brûlée, tous les habitants du village l'aident à abattre des arbres, à équarrir des bois et à construire sa nouvelle demeure.

Ainsi, long-temps avant que l'Europe civilisée eût conçu le projet d'une compagnie d'assurance mutuelle contre la grêle et l'incendie, les habitants de ce canton de la Colchide avoient

trouvé dans les sentiments d'une affection réciproque une entière garantie contre les malheurs imprévus.

Les habitants de ce village entreprennent aussi la construction et les transports des maisons pour des cantons éloignés. On peut estimer une maison immirétienne, tout en bois et mise en place, depuis 300 jusqu'à 1,000 roubles (300 fr. à 1,000 fr.), selon son plus ou moins de grandeur et de travail intérieur.

On arrive à la ville de Kotevi après avoir traversé un ruisseau auquel on donne le nom de Koteoury, et qui se jette un peu plus bas dans le Phase.

Cette ville est située dans une vallée entièrement encaissée de montagnes. Elle paroît trèsancienne. Le chef du district de Radscha, qui y réside, est un lieutenant-colonel né dans les environs de Kherson, en petite Russie: il accueillit nos voyageurs avec beaucoup d'affabilité.

Kotevi a une garnison d'environ deux cents hommes; on y trouve les ruines assez considérables d'une forteresse bâtie tout en pierres, et qui étoit une des habitations principales du roi Salomon. Le terrain des environs est crayeux et très-favorable à la vigne. Le vin qui en provient a de la force, et quelque rapport avec nos vins

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