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relations de commerce qu'ils pourroient établir avec eux, surtout pour les fourrures et pour le plomb et le soufre qu'ils extraient de leurs montagnes, plutôt que de s'exposer à appeler sur eux l'attention, et à compromettre leur indépendance. Ils sont aujourd'hui très-misérables, et il est impossible qu'il en soit autrement, puisqu'ils occupent les plus hautes montagnes habitables du Caucase, et que, dans leurs vallées, ils trouvent à peine des terres suffisantes pour la culture des grains nécessaires à leur existence et pour le pacage de leurs bestiaux.

Chez ce peuple sauvage, réduit à une telle pauvreté, qu'il est forcé souvent, pour n'y pas succomber, de vendre ses enfants aux Kabardiens, on ne devroit pas s'attendre à rencontrer les troubles intérieurs déterminés par l'ambition du pouvoir. Cependant, en dernier lieu, la reine des Souanes, dépossédée par son beau-frère, est venue, dit-on, réclamer des secours contre l'usurpateur, et pour engager le gouvernement Russe à seconder sa vengeance: elle a offert la suzeraineté de ses États pour prix de l'appui qu'elle sollicitoit. Mais la Russie n'a nul intérêt à la possession de ces contrées barbares, et elle est restée étrangère aux débats intérieurs du pays des Souanes et au sort de ses peuples.

A l'extrémité du village de Baragone, on voit une forteresse placée sur un rocher qui domine le Phase, et en est baignée. Elle porte le nom de Mindas-Tziké, ou forteresse de Mindas, et est au confluent de la Longonne et du Phase. La première de ces rivières est excessivement rapide, et coule entre deux montagnes sur des débris de rochers.

y

De ce village, mon frère revint sur ses pas, accompagné du chef du district, laissant cette fois le Phase sur sa gauche, ainsi que le pont qu'il avoit déjà traversé. Une werste plus loin, on entre dans une belle et longue vallée, au milieu de laquelle serpente le Phase. Les arbres sont assez rares, et plantés isolément. Elle est tout entière cultivée en blé et en orge. Ce canton est presque le seul de l'Immirette où on trouve de belles farines; dans les trois autres districts, la culture du maïs et du millet est la plus généralement en usage.

Les habitants du Radscha, pénétrés de l'idée de leur supériorité en intelligence et en industrie sur les habitants des trois autres cantons, les appelant, avec mépris, Gomiphages, leur reprochent d'être réduits à cette chétive nourriture, lorsqu'ils possèdent des terres si riches et si fertiles. Au milieu des champs cultivés en

grains, on aperçoit quelques jardins enclos de haies mortes, et renfermant des vignes.

que

Le bétail du district de Radscha est plus fort que celui l'on rencontre dans les campagnes de Kotaïs et de Vacca. Ses chevaux, d'une petite taille, passent pour être les meilleurs de l'Immirette ce sont les seuls avec lesquels il soit possible de parcourir des sentiers escarpés et étroits, où le moindre faux pas coûteroit la vie au cavalier et au cheval. Ces animaux, accoutumés à ces chemins difficiles, se laissent, dans les descentes, glisser sur le derrière avec beaucoup d'adresse, quelquefois sur une longueur de quinze à vingt pieds, sans jamais perdre leur équilibre. Les beaux pâturages de toute l'Immirette rendent ce pays très-propre à l'engrais des bestiaux et à la formation des haras.

Le village de Sadmetri, où les voyageurs s'arrêtèrent le 6-18 novembre pour y passer la nuit, est, comme tous ceux de ce district, composé de quelques maisons éparses. L'habitation du maire étoit placée dans une position qui dominoit la belle vallée qu'ils venoient de parcourir.

Le lendemain, ils se proposoient de visiter la forêt de Radscha, qu'on disoit renfermer une immense quantité de beaux sapins; mais une

pluie d'orage, tombée sans interruption pendant toute la nuit, avoit ajouté au mauvais état des chemins, et laissoit bien peu d'espérance de pouvoir pénétrer dans l'intérieur de cette forêt, dont la partie supérieure est toujours couverte de neige.

Cependant ils se mirent en route vers sept heures, laissant sur la gauche les ruines d'un vieux château détruit pendant la dernière insurrection. Il est placé sur un rocher, aux bords de la Redzoula. Ce plateau est dominé par un grand nombre de rochers à pic, de formes variées, et dont les cimes se perdent dans les

nues.

La Redzoula, dont les bords sont extrêmement escarpés, coule entre deux montagnes; ses eaux rapides, réunies au Phase, entraînent avec elles une immensité de cailloux et de blocs de marbre, de granit et de porphyre.

Nos voyageurs suivirent pendant une heure le cours de la rivière qui partage la forêt de Radscha en deux parties presque égales, et, après avoir marché quelques instants dans une gorge étroite, bordée de rochers, et à laquelle ils ne trouvèrent pas d'issue, ils revinrent sur leurs pas. Le mauvais temps les empêcha de pénétrer au travers de ces sapins d'énormes dimensions, et tellement rapprochés les uns des

autres, qu'ils sembloient, sur quelques points, ne former qu'un massif. L'inspection de cette forêt, comme celles du Nouveau-Monde, d'origine primitive, ne pourroit manquer de présenter un grand intérêt aux géologues et aux naturalistes.

Nos voyageurs, arrivés au Phase, au lieu d'aller chercher le pont sur lequel ils avoient passé la veille, traversèrent le fleuve à gué, non sans courir de grands dangers, à cause de l'élévation des eaux et de la rapidité du courant. De là jusqu'à Kotevi, on compte environ six werstes. Ils y passèrent la nuit chez le lieutenant-colonel, qui déjà les avoit accueillis à leur premier passage.

Le lendemain, 8-20 novembre, ils en partirent pour aller coucher chez le maire de Ghretie. Le noble Immirétien qui exerce cette place, voulant, au souper, leur donner une idée de ses talents, comme buveur, s'avisa de vider vingt-sept fois de suite, à la santé d'un pareil nombre de convives, un grand gobelet dont il faisoit ordinairement usage. A chaque verre qu'il vidoit, il avaloit un petit morceau de pain; il continua ensuite à boire comme s'il commençoit son repas, sans que sa tête se ressentît en rien d'un tel excès.

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