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La race de Polémon gouverna la Colchide sous le titre de roi tributaire, depuis le temps de Marc-Antoine, auquel le premier Polémon dut cette haute fortune, jusqu'au règne de Néron (1).

Devenue ensuite colonie Romaine, elle ne tarda pas à être envahie par les Lazes, et depuis Sinope jusqu'aux frontières de la Circassie, tout le pays prit le nom de Lazique. Les Lazes, en s'emparant de cette contrée, s'assurèrent l'appui des rois de Perse. Ils recevoient le sceptre de leurs mains, et les successeurs de Constantin souffrirent cet affront jusqu'au commencement du sixième siècle.

Les Lazes ayant abandonné le culte des Mages pour adopter la religion chrétienne, eurent de nouveau recours aux Romains; et Zathus, roi de la Colchide, sous le règne de Justin, reçut le baptême dans Constantinople, et épousa une femme chrétienne, d'une illustre famille patricienne.

C'est à cette époque, et dans l'intérêt des rois de la Colchide, des Perses et des Romains, qu'on construisit ce mur de soixante milles de londont on retrouve encore des traces dans

gueur,

(1) Voyez Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain.

les environs de Soukoum-Kalé. Il étoit défendu des habitants de la Colchide, pendant que par les rois des Huns s'étoient chargés, moyennant un tribut annuel, de défendre le passage de Dariel (la porte ou pyle Caucasienne), et de mettre ainsi l'Asie à l'abri des invasions des Scythes et des autres peuples nomades qui parcouroient les immenses steppes situées entre le Don et les frontières de la Chine.

Ces mesures, prises pour la sûreté de l'Asie, et qui à peine ont été remarquées par les historiens, contribuèrent sans doute à diriger les invasions des Barbares vers l'Europe : des digues détournent la marche d'un torrent, mais n'en peuvent arrêter le cours. Peut-être cette observation, appliquée au moment présent, feroitelle supposer qu'il seroit dans les intérêts du continent de l'Europe de favoriser le mouvement d'une grande puissance vers le midi.

Peu à peu les Romains oublièrent ce qu'ils devoient à un allié fidèle, et les Lazes sentirent le poids de leur dépendance. Pour les mieux dominer, les Romains bâtirent sur les bords de la mer la forteresse de Petra, dont on ne connoît pas exactement la position, mais qu'on suppose avoir été placée entre le Phase et le port de Batoum.

Cependant la Colchide étoit livrée à la licence des soldats Romains et à la rapacité de leurs officiers: elle voyoit son commerce changé en un affreux monopole, qui comprenoit jusqu'aux grains nécessaires à la subsistance du peuple, et dès-lors elle cessa de voir des protecteurs dans les empereurs de Constantinople.

de

Gubaze, leur roi, voulant mettre fin à tant maux, implora le secours et l'amitié de Chosroës qui régnoit alors en Perse. Ce monarque aperçut tout de suite, dit Gibbon, l'avantage qu'il pourroit retirer de la Colchide; mais, au lieu de se montrer le noble protecteur de ses habitants, il médita un plan de conquête, que Chah-Abbas, le plus habile et le plus puissant de ses successeurs, reprit mille ans après lui. Il consistoit à réunir cette contrée à la Perse, à établir sur le Phase une puissante marine, et à s'assurer ainsi la plus grande partie du commerce de l'Europe avec l'intérieur de l'Asie.

C'est ce vaste plan de commerce formé par Chosroës, rappelé par Huet, par Robertson, par Peyssonnel, par Olivier, par M. Anthoine, qui vient de recevoir son exécution sous l'empereur Alexandre, par l'ukase du 8-20 octo

bre 1821.

Les Persans, guidés par les envoyés de Gu

baze au milieu des bois, des hautes montagnes et des précipices qui séparent la Géorgie de l'Immirette, ayant pénétré dans cette dernière contrée, Chosroës reçut la soumission de Gubaze et de ses sujets, et bientôt les Romains, forcés d'abandonner Pétra, renoncèrent à la Colchide. Mais la tyrannie des Persans, jointe à l'intolérance des mages, qui voulurent forcer ce peuple chrétien à l'adoration du feu, ne tarda pas à devenir plus insupportable que celle des Romains, et détermina une haine générale.

C'est alors que Chosroës, à qui les Persans donnent le nom de Nuchivan, ou le Juste, conçut l'odieux projet de faire assassiner le roi des Lazes, de transporter ses sujets dans une terre éloignée, et d'établir sur les bords du Phase une colonie guerrière et affectionnée. Gubaze " instruit à temps, et voulant prévenir la ruine de ses peuples, eut de nouveau recours aux Romains. Pétra fut attaquée et enlevée par eux, après la plus héroïque résistance. Les Persans renouvelèrent alors l'exemple des habitants de Sagunte, en préférant expirer au milieu des flammes plutôt que de souscrire à une capitulation honorable qu'on leur offroit.

La Colchide devint ensuite le théâtre de guerres sanglantes entre les Persans et les Ro

mains. Gubaze, pour ne pas reconnoître encore une fois l'autorité de Chosroës, se résigna à supporter pendant long-temps les rigueurs d'une vie sauvage dans les montagnes du Caucase, où il s'étoit réfugié, et ne reparut au milieu de son peuple que lorsque le grand roi eut renoncé à la conquête d'un pays éloigné, qu'il ne pouvoit espérer de garder contre les vœux et les efforts de ses courageux habitants.

Gubaze se croyoit tranquille sous la protection des empereurs d'Orient; mais leurs géné raux, qui craignoient l'effet de ses plaintes contre leurs vexations, le poignardèrent au milieu d'une conférence.

Lorsqu'il s'agit d'une contrée dont le peuple a été si long-temps soumis à la plus odieuse oppression, il semble que ce soit un devoir de s'ar

rêter un instant sur la vie d'un bon roi.

Enfin, l'empereur Justinien et Chosroës, parvenus à une extrême vieillesse, desirèrent le repos. La Colchide resta sous la protection des empereurs d'Orient; mais on stipula dans des traités que les deux peuples jouiroient de conditions égales et de la même liberté de commerce. La Colchide a continué ensuite d'être soumise aux empereurs d'Orient, et d'être gouvernée par des rois qui en étoient tributaires.

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