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CHAPITRE XII.

Administration. -Code de Vagtang.—Tribunal.-Police. Douane. Anciens revenus des rois d'Immirette. Division de cette contrée en districts. Population. Caractère et moeurs des habitants. Amélioration sensible. Religion.-Cultes divers.

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L'ANCIEN gouvernement de l'Immirette étoit presque absolu: ainsi, le plus ou le moins de sévérité dans l'administration tenoit au carac tère du souverain.

Depuis que l'empereur Alexandre a joint l'Immirette à ses États, l'administration est confiée à un gouverneur qui réunit à la fois le pouvoir militaire et une partie du pouvoir civil. Ce que j'ai dit du prince Gortschakoff suffit pour prouver que des fonctions si éminentes ne pouvoient être placées en de meilleures mains.

Dans toute l'ancienne Colchide comme dans la Géorgie, il n'existoit autrefois aucunes lois écrites: la tradition en tenoit lieu. Au commen

cement du siècle dernier, les rois de Mingrelie et d'Immirette ont adopté le code donné à la Géorgie par le roi Vagtang; mais ces dispositions étoient souvent modifiées ou rejetées par la volonté des souverains.

A en juger par quelques articles du code, on croiroit difficilement que sa promulgation date à peine d'un siècle.

Quand on vouloit reconnoître si un homme, accusé de trahison envers le roi, du vol d'une image, ou de quelque autre crime, étoit coupable, on le soumettoit à diverses épreuves dignes des temps les plus barbares.

Quelquefois l'issue d'un combat au sabre entre l'accusateur et l'accusé décidoit si l'accusation étoit ou n'étoit pas fondée. On abandonnoit au vainqueur les armes du vaincu. Les combattants avoient chacun un témoin, qui n'avoit d'autre arme qu'un plet (espèce de fouet). Ils étoient chargés du soin de surveiller les combattants, et d'empêcher le vainqueur de tuer son adversaire quand il étoit renversé. Le cheval du vaincu appartenoit au témoin du vainqueur.

Tantôt on soumettoit l'accusé à l'épreuve de l'eau bouillante; à cet effet, il étoit obligé de plonger son bras dans une chaudière, où l'eau étoit en ébullition, et d'en retirer une croix de

cuivre ou d'argent. Le bras étoit alors enveloppé d'un linge et scellé. Si, au bout de trois jours, la main n'offroit nulle trace de brûlure, l'accusé étoit déclaré innocent; s'il s'y trouvoit une plaie, on le considéroit comme coupable. Tantôt l'effet de l'application d'un fer rouge sur la main d'un accusé devenoit la preuve de son innocence ou de son crime. Mais comme on permettoit que cette main fût couverte d'un papier, le plus ou le moins d'épaisseur de l'enveloppe donnoit aux juges des moyens faciles pour punir ou absoudre.

Souvent il suffisoit d'un simple serment par l'image de quelque saint pour être justifié, et, lorsqu'on prenoit intérêt à un accusé, on n'exigeoit, pour l'absoudre, que le témoignage en sa faveur de deux ou trois hommes d'une probité reconnue.

Le code pénal des Arméniens faisoit partie des lois de Vagtang (1). En voici quelques dispositions.

Si un Infidèle tuoit un Chrétien volontairement, il étoit puni de mort; s'il le tuoit

par ac

(1) On assure que, sur l'original du code de Vagtang, le roi de Géorgie a écrit de sa main cette phrase remar

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quable : « J'ai enfin donné à mon peuple un code de lois

écrites; mais ces lois seront rarement suivies en Géorgie,

cident, on lui coupoit le bras droit, et il payoit à la famille du mort une somme d'argent considérable, à titre de dédommagement.

Si un Chrétien en tuoit un autre volontairement, il étoit également condamné à mort; mais il pouvoit racheter sa vie en perdant la main droite, et en payant le prix du sang.

La punition du vol étoit différente, selon la religion du coupable. S'il étoit Musulman, on lui crevoit un œil, on lui coupoit la main, ses biens étoient confisqués au profit du roi; enfin il étoit fait esclave avec sa femme et ses enfants. Le roi se chargeoit de rembourser la valeur du vol.

Un voleur Chrétien étoit fait esclave: ses biens étoient confisqués; mais sa femme et ses enfants conservoient leur liberté.

La loi prononçoit la peine de mort pour la trahison et l'espionnage. On commuoit quelquefois la peine en crevant les yeux du coupable, en confisquant ses biens, et en réduisant sa femme et ses enfants en esclavage.

Si un fils étoit désobéissant envers son père

» où jamais on n'a connu la justice. » Ce code fut donné le 15 février 1723. Peu de temps après, le roi Vagtang, pour se soustraire à une insurrection de ses sujets, fut forcé de se retirer en Russie, où il mourut au bout de d'années.

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ou sa mère, s'il n'avoit pas pour eux les égards et le respect qu'il leur devoit, il étoit mené devant le prêtre du lieu, qui lui reprochoit sa conduite, lui indiquoit ses devoirs, et l'engageoit à être désormais plus respectueux envers ses parents. Si, malgré cette remontrance, il continuoit à se mal comporter, alors il suffisoit de plaintes nouvelles du père, pour que tous les habitants fussent obligés de se réunir et de tuer coup de pierres le fils désobéissant. A la suite de cette punition sévère, Vagtang ajoute que la mort d'un tel coupable est destinée à servir d'exemple aux enfants qui, par leur désobéissance envers leurs père et mère, méritent une pareille mort dans ce monde, et d'être condamnés, dans l'autre, au moment du jugement dernier.

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L'adultère étoit puni de mort sur les deux coupables. On pouvoit quelquefois racheter sa vie par une forte amende; mais toujours l'homme étoit mutilé d'un bras, et privé de tous moyens de recommencer son crime (1).

Le code de Vagtang est encore en usage, pour

(1) Chardin dit que, de son temps, en Mingrelie, l'homme coupable d'un adultère n'étoit condamné qu'à l'amende d'un cochon, qui se mangeoit ordinairement entre le mari et les deux coupables.

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