tures françaises à une exportation de 175 millions de francs, et fournissoit de l'emploi à sept cents navires de près de trois cents tonneaux, terme moyen, et de l'occupation à dix mille matelots (1). Après un exemple si récent, il est permis de s'attendre un jour à un commerce important dans une contrée où on peut établir les plus riches cultures, et où l'on peut, avec une entière sûreté, entreposer toutes les marchandises d'une consommation habituelle, et celles qui sont réclamées par le luxe de l'Orient. Dans l'ancienne Colchide, comme j'ai déjà eu occasion de le dire, des femmes marchant piedsnus sont couvertes de brocards d'or et d'argent; et dans les chaumières de la Mingrelie, on trouve de riches tapis et des coussins de velours. Il semble que le goût du luxe soit inné chez les Asiatiques, comme l'amour de la liberté l'étoit chez les Germains, au milieu de leurs forêts et de leurs marais. Après avoir parlé du commerce, je dirai quelques mots sur l'intérêt de la science dans l'établissement de ces nouvelles relations. Déjà j'ai fait connoître avec quelle facilité on pourroit parcourir le Caucase, et pénétrer dans (1) Voyez l'ouvrage de Page sur les Colonies modernes. toutes les montagnes qui entourent l'Immirette *. Sans aucun doute, le géologue, le botaniste, le naturaliste trouveroient à y faire de précieuses récoltes: mais là ne se borne pas l'intérêt que le monde savant doit attacher à ces relations. Dans des contrées où les établissements des Grecs se sont succédé pendant plusieurs siècles, et qui sans cesse ont été envahies, le défrichement même des forêts, qui souvent ont servi de refuge aux hommes et à leurs richesses, doit faire découvrir un grand nombre de vases, de camées du travail le plus précieux, de médailles rares et inconnues. Celles du Bosphore établiront la suite régulière de la succession de ses rois, et celles de la Bactriane permettront peut-être de reconnoître l'époque où les Grecs furent dépossédés de cette brillante conquête, et forcés, en Asie, d'obéir à des maîtres barbares, bien avant que cette nation célèbre éprouvât le même sort en Europe. Après avoir considéré ces nouvelles relations sous le rapport de l'intérêt du commerce et de * Dans l'orthographe du mot Immirette, je me suis conformé à la manière dont les Orientaux prononcent le nom de cette province; je conviens cependant qu'il eût été plus régulier d'écrire Imérithie, la science, si nous voulons les envisager sous un point de vue plus élevé, calculer l'influence qu'un grand commerce ne peut manquer d'avoir sur les mœurs, sur le caractère et sur l'existence même des nations de l'Asie qui, long-temps soumises au despotisme des Musulmans, ont partagé leur ignorance, alors il seroit permis de s'attendre à voir un jour, par une singulière destinée, la civilisation et les arts ramenés par les Européens dans le pays même qui fut leur berceau, et d'où, il y a six ou sept cents ans, les Croisés les importèrent dans nos contrées alors barbares.. FIN DU PREMIER VOLUME, PIÈCES JUSTIFICATIVES. N° 1. UKASE adressé au Commandant en chef en Géorgie, le général YERMOLOFF, en date du 8-20 octobre 1821. A Monsieur le général YERMOLOFF, Commandant en chef en Géorgie. CONSIDÉRANT, d'après les notions que vous avez transmises, que l'industrie et le commerce en Géorgie n'ont point encore obtenu l'extension et le mouvement requis, par suite de l'insuffisance des capitaux et des établissements mercantiles, et trouvant que ces parties, si nécessaires pour le bien-être du pays, ne sauroient être organisées avec succès d'après les règles générales, et qu'elles demandent un encou ragement spécial, approprié à la situation actuelle de cette contrée, nous avons jugé nécessaire d'établir en leur faveur les dispositions suivantes : 1o. Droits des classes commerçantes. Tous les commerçants, sujets Russes et étrangers, |