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Leurs femmes sont généralement remarquables par la régularité de leurs traits et leur beauté : aussi beaucoup d'officiers de la marine ont épousé des grecques de Sébastopol.

Nous ne pouvions rester huit jours dans cette ville sans aller voir le village d'Inkerman, l'Ecténos des anciens. Pour s'y rendre, on remonte la baie dans toute sa longueur, laissant à sa droite le port dans lequel les vaisseaux se tiennent, quand ils sont désarmés, et à gauche la baie de la quarantaine, le dépôt de bois appelé la petite Hollande, et la boulangerie. L'eau douce n'est ni abondante ni de bonne qualité à Sébastopol : c'est une des plus grandes difficultés des armements. Il seroit facile cependant de s'en procurer de très-bonne, si on faisoit la dépense de quelques aqueducs, ou si même on rétablissoit ceux qui amenoient l'eau à l'ancienne Chersonèse. Outre l'avantage qui en résulteroit pour la santé des équipages, on ne seroit pas exposé à voir la flotte forcée quelquefois, pour faire de l'eau, de rentrer après quelques jours de promenade sur la mer Noire.

En sortant du port, et avant d'arriver au fond de la baie où est situé Inkerman, on entre dans la rivière d'Ouzen, qui coule au travers de ro❤ seaux et de marais infects, au milieu desquels

on aperçoit une grande quantité de petites tortues grises.

C'est à l'embouchure de la rivière que se trouve le dépôt de pins destinés aux mâtures. Ils sont fixés au fond de l'eau par des caisses de bois remplies de pierres, comme on le pratique dans le port de Toulon.

Ecténos a fait partie de la république de Kher

son,

et a vraisemblablement terminé son existence dans le même temps.

Les deux côtés de la rivière sont garnis de rochers calcaires très-escarpés, et qui autrefois, dit-on, étoient réunis par un pont immense. J'avoue qu'il me paroît difficile qu'un pareil ouvrage ait jamais existé. Quoi qu'il en soit, dans les montagnes calcaires, on voit un très-grand nombre de grottes et de cavernes qui, à l'époque des guerres dont ce pays a été successivement désolé, ont servi de retraite et de refuge aux victimes de la persécution. Dans les mêmes rochers, nous avons remarqué l'intérieur d'une église d'une haute antiquité : elle a été construite avec beaucoup de soin, et selon toutes les règles de l'architecture. La corniche presque entière et une partie des colonnes subsistent encore. Quelques malheureux pâtres et des familles de Bohémiens habitent ces cavernes, où

jadis vécurent peut-être les principaux habitants de l'antique Chersonèse.

Après avoir visité les ruines d'Ecténos, nous retournâmes à la frégate, et mêmes près de deux heures pour y arriver. Elle étoit restée mouillée. à l'entrée du grand port, et appareilla le vendredi 7 juin, nouveau style, à sept heures du matin.

Ce bâtiment étoit commandé par le capitaine Papa Yegoroff, grec de naissance. Il parle bien le français, l'italien et le russe, et son caractère est plein de gaîté. Notre temps, à bord, se passoit assez agréablement : nous parcourions dans sa plus grande longueur, avec une sorte de charme, cette mer célèbre par les plus anciennes expéditions maritimes, cette mer dont les côtes sont couvertes des débris de colonies grecques, et qui fut long-temps un objet d'épouvante pour les navigateurs, par ses fréquentes tempêtes, par le défaut de ports de refuge, et par la cruauté des peuples qui habitoient ses rivages. Elle étoit, jusqu'au moment de la découverte du cap de Bonne-Espérance, le passage le plus fréquenté

pour le commerce de l'Asie. Fermée ensuite pendant trois siècles aux pavillons de la chrétienté, et à peine, depuis quarante ans, ouverte à leurs vaisseaux, elle semble destinée à devenir

de nouveau le centre du plus riche commerce du monde.

D'Odessa à Sébastopol, on ne perd jamais la côte de vue, et cette côte est riche de souvenirs.

Dans le lointain, et à peu de distance de l'embouchure du Danube, on trouve cette Tomi célèbre par l'exil d'Ovide, où presque tous les hivers la terre est couverte de neige et les bords de la mer de glaces, observation que je fais parce que, sur le témoignage unique de Thevenot, on s'étoit persuadé que la description de cette contrée par le poëte malheureux manquoit d'exactitude (1).

A l'embouchure du Boug, sur la droite de ce fleuve, on reconnoît les ruines d'Olbia, colonie de Milet, où, depuis quinze ans, des fouilles continuelles ont procuré une immense quantité de médailles inconnues.

'Un peu plus loin, dans l'île de Tindra, que des découvertes récentes indiquent comme le

(1) Thevenot y passa un de ces hivers doux comme il en survient quelquefois sur toute cette côte; et, jugeant par exception, il prononça, et le monde savant avec lui, que la tristesse d'Ovide lui avoit fait voir le pays sous de fausses couleurs.

Voyez les Essais de Hume.

véritable Cursus Achillis, se célébroient les jeux en l'honneur d'Achille.

A l'entrée de la Crimée, Kozlow est cette ancienne Eupatorie, colonie de Mithridate-Eupator.

Nous avons parlé des ruines de Kherson; à deux lieues de cette ville, à l'extrémité de la Chersonèse, près de Balaclava, on aperçoit le monastère de Saint-Georges, habité par quelques moines paisibles, et placé sur ce même promontoire fameux par le temple de Diane, et par la barbarie des peuples qui habitoient cette partie de la Tauride.

Plus loin, Théodosie célèbre sous les Grecs, plus célèbre sous les Génois, lorsque les Tartares lui avoient donné le nom de Caffa; et à vingt lieues de cette ville, à l'extrémité de la presqu'île de Crimée, Panticapée ou Kertch, un des principaux greniers de la Grèce, capitale du royaume de Bosphore, et témoin de la mort du grand Mithridate.

D'Odessa à Sébastopol nous n'avions rencontré que deux alléges se rendant de Kherson à Odessa. De Sébastopol à Soukoum-Kalé, nous ne vîmes que trois navires allant de Taganrog ou de Théodosie dans la Méditerranée : enfin, vers la côte de la Natolie que nous apercevions dis

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