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côtes de la mer Noire, des toiles pour chemises de fil de lin qui croît dans les environs de Sinope.

Celle d'Argana-Maden arrive avec du cuivre que l'on purifie à Tokat, ainsi que celui de Bakeur-Kuré, et que l'on exporte ensuite ouvré, par la voie de terre, dans l'intérieur de l'Asie, ou à Samsoun, pour y être expédié dans la Romélie par Bourgas et Varna.

Celle d'Arzroum vient en dix jours, avec de la laine dite de chevron, des marchandises de Perse et des schals de Cachemire.

Celle de Diarbekir arrive en dix-huit jours, avec des toiles, des maroquins rouges, et des noix de galle que produit le Kurdistan.

Celle de Mossoul en cinquante jours, avec des toiles blanches et des mouchoirs de couleur.

Enfin, celle de Bagdad apporte en deux mois des toiles fines de l'Inde, du café et des schals de Cachemire.

Le seul impôt établi à Tokat sur les marchandises est un simple droit de péage peu considérable, qui varie suivant les objets, et augmente si la charge est portée par un chameau.

On compte dans cette ville vingt caravanserails grands ou petits, propres à recevoir les marchandises. Ils ont tous des chambres, que les négociants étrangers et du pays louent, et où ils restent pendant le jour, pour être plus à portée de leurs affaires. Les maroquins verts, les toiles peintes et les cuivres

ouvrés sont les principaux objets de manufactures de cette ville.

Sinope.

Sinope, dans le moyen âge, fit partie du petit empire Grec de Trébizonde, quoiqu'ayant plusieurs princes pour ainsi dire indépendants, qui se faisoient remarquer par leur force et leurs pirateries sur mer (1). Le dernier, nommé Ismaïl, la rendit, dans l'année 1461, à Mahomet II, qui l'avoit attaquée, pour la punir d'avoir fait alliance avec UzumHassan, roi de Perse.

La situation de Sinope est conforme à la description que nous en donne le célèbre géographe d'Amasie (2). Cette ville, dont la latitude nord est par le 42° 2' 14" est et ouest, et la longitude orientale de Paris par le 32° 58′ 38′′ nord et sud (3), est placée à l'entrée d'une presqu'île de trois à quatre lieues environ de perimètre, qui court de l'est à l'ouest, et non du nord-est au sud-ouest, comme le marquent les cartes. Cette presqu'île est montagneuse, et, dans sa partie la plus élevée, se trouve un petit lac d'excellente eau douce, qui alimente les nombreuses fontaines de la ville au moyen des canaux souterrains construits par les anciens Grecs. Ce lac est

(1) Abulfeda, page 318.

(2) Strabon, liv. 12, chap. 2.

(3) Observations de M. Gautier, faites sur la pointe sud est de la presqu'île.

peut-être celui de Korokondames, qui, suivant Strabon, avoit pris son nom du bourg ainsi appelé, et qui se trouvoit à dix stades de la mer (1). Les fontaines, surmontées de quelques inscriptions grecques, semblent appartenir au temps du Bas-Empire.

La ville de Sinope est petite, et renferme tout au plus sept à huit mille habitants, dont quatre cents sont Grecs, et logent dans les faubourgs, ainsi que trois seules familles Arméniennes. Les Turcs habitent la ville proprement dite. Elle est entourée de murailles à doubles remparts, défendues par des tours, la plupart triangulaires et pentagones, ne présentant qu'un seul angle. Sur une des tours, près de la mer, est une inscription grecque, au milieu de laquelle est une croix. Cet emblême me fit juger que ces fortifications ne datoient que de l'époque du Bas-Empire. A une grande hauteur, et sur le même côté de cette tour, est une niche, où l'on voit une tête antique en marbre mutilé. La chevelure et le col sont encore assez bien conservés. Cette sculpture m'a paru appartenir aux beaux temps de l'art, et aux plus anciennes époques de la Grèce. Elle aura sans doute été placée là par quelque main barbare, qui, en bâtissant, l'aura regardée comme une pierre ordinaire, et propre à remplir son but. Je pourrois en dire autant d'un bas-relief de quinze pouces de haut

(1) Liv. 11.

sur vingt-quatre de large, que j'ai vu sur un mur au bord de la mer. Il est encore bien conservé, et représente un homme nu, à demi-couché sur un lit, une coupe à la main, en face duquel est une figure tenant aussi une coupe; un peu plus loin, se trouve un enfant nu, les mains posées sur un vase.

Il paroît que l'ancienne Sinope occupoit l'espace compris entre la forteresse dont nous allons parler, et la montagne qui la borne à l'est, c'est-à-dire qu'elle n'étoit pas sur l'isthme, mais bien sur la presqu'île. On ne voit plus aucun de ces murs dont parle Strabon. On reconnoît dans ceux qui existent l'architecture européenne, ou du moins celle des derniers empereurs Grecs. Le château, situé vers le nord, domine la ville; il a été bâti par les Turcs; les fondements seuls paroissent plus anciens. La partie des fossés a été construite avec des débris de temples et de palais: partout on y voit des colonnes, des architraves. Nul doute que les restes de ce gymnase et de ces superbes portiques, que cite Strabon dans la relation de Sinope, n'aient servi à la construction de ce château. Le grand nombre de colonnes, de tronçons qu'on trouve dans les cimetières, les masses de murs du palais de Mithridate, bâtis en belles briques d'une dimension triple au moins des nôtres, les restes du superbe gymnase dont parle Strabon, l'étendue et la distribution intérieure de ces vastes édifices, dont on peut se faire une idée par les débris qui existent encore, attestent l'an

cienne grandeur de Sinope, et confirment la relation de ce savant géographe (1).

Le château forme la presqu'île du côté de la terre; ses murailles et celles de la ville sont battues des deux côtés par la mer, et, dans sa plus petite largeur, la langue de terre qui unit la presqu'île au port, est d'environ huit cents pas (de deux pieds et demi). On prétend qu'autrefois il y avoit à l'extrémité du fort un canal, sur lequel étoit un pont, et où passoient les barques et les petits navires; mais il n'en est question dans aucun auteur ancien : Strabon parle seulement des arsenaux maritimes de la ville et de ses deux ports placés aux deux côtés de l'isthme. Le principal, fermé de tous les côtés, excepté aux vents d'est et de sud-est, et qui ne sont nullement dangereux sur cette mer, est bon et sûr; les navires y restent par de très-mauvais temps sur une seule ancre, et peuvent y hiverner sans crainte. Son fond est d'une très-bonne qualité; c'est de la vase dure dans le milieu du port, par vingt à trente brasses, et du sable vaseux, le long de la côte, à une ou deux encablures, par quatre, huit et quatorze brasses.

L'autre port, situé de l'autre côté de la presqu'île, et nommé Akliman, n'est bon que pour les petits bateaux, car il est ouvert à tous les vents les plus orageux de cette mer.

(1) Geograph., liv. 12, chap. 2.

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