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dont les soins s'étendoient sur tout ce qui pouvoit contribuer à la prospérité de son empire.

Ce grand homme portoit toujours sur lui des tablettes, et y inscrivoit les idées et les projets dont l'exécution lui paroissoit utile.

Une de ces notes porte:

« Du 23 janvier 1720. Il faut expédier à Rou» manoff, dans l'Ukraine, un ordre d'échanger » des bœufs de ce pays contre des brebis de » Silésie, et envoyer des gens pour apprendre à » faire race de brebis et de moutons, ainsi que » la manière de les tondre et d'en préparer la » laine (1). »

Cet ordre fut exécuté, et les brebis de Silésie remplacent aujourd'hui, dans plusieurs gouvernements de la Russie, les espèces communes qui s'y trouvoient autrefois.

les

La brebis de Silésie et la brebis cigaye sont l'une et l'autre d'une assez grande taille; leur laine est longue et nerveuse. Améliorées par béliers mérinos, elles procurent à la quatrième génération une laine très-fine, extrêmement soyeuse, mais un peu courte. Cette laine est recherchée par les fabricans anglais. On paie

(1) Voyez les Histoires de Russie, par Leclerc et par L'Évêque.

les brebis cigayes et de Silésie 10 à 12 roubles ou francs la pièce.

Les cosaques cultivent dans leurs terres le beau blé dur, connu dans le commerce sous le nom de blé arnaut : c'est le grano duro du royaume de Naples (1). En 1817 et 1818, ils en ont expédié des quantités très-considérables pour Taganrog et Théodosie, où on les embarquoit pour l'Europe.

Les blés qu'ils vendoient alors jusqu'à 36 fr. le tchetvert, pesant trois cent trente-trois un tiers, poids de marc, sont aujourd'hui tombés à 7 ou 8 fr. Aussi la culture des blés est-elle généralement diminuée, et elle a été remplacée par l'éducation des troupeaux et le soin des haras. Les chevaux qu'ils y élèvent sont d'assez grande taille, et également propres au charroi et à la monte; malheureusement, le tarif des douanes de la Russie maintient la prohibition la plus sévère contre la sortie des chevaux; et cette mesure, qui pouvoit être sage pendant les longues guerres de la révolution, n'a plus d'autre résultat que de nuire à l'agriculture des magnifiques plaines qui s'étendent depuis Moscou jusqu'au Caucase, et de priver la Russie

(1) Ce grain est le seul propre à faire les pâtes d'Italie.

d'une importation considérable de numéraire que le commerce des chevaux ne pourroit manquer d'y attirer.

Lorsque des cultivateurs intelligents se seront établis dans l'ancienne Colchide, c'est de Taman qu'on pourra importer avec le plus d'avantage les chevaux et les bestiaux de toute espèce dont on aura besoin.

Les cosaques de la mer Noire, devenus cultivateurs sur les bords du Kouban, sont restés des guerriers intrépides et la terreur des montagnards. Ils ont adopté le costume des Circassiens, leurs armes, leurs usages et leur manière de se battre. Leur ancien goût pour les irruptions les portoit à traverser le Kouban, et à aller piller les villages des Circassiens, ce qui, au surplus, n'eût été qu'une sorte de représaille; mais le gouvernement russe s'est interdit toute hostilité envers ces peuples, et se concentre dans une légitime défense. Par suite de ce système, et d'ailleurs pour éviter le danger de la peste, les cosaques, à moins d'un ordre formel, n'ont le droit de traverser le Kouban. Temrouk et Taman sont deux places ouvertes. Ces deux points sont les plus rapprochés, le premier de l'extrémité orientale de la Crimée, le second de Yénikalé. On y trouve quelques

pas

bateaux, dont les uns servent à la pêche de la mer d'Azow, pêche qui est très-productive, et les autres à la traversée du détroit de Taman.

Autrefois il existoit un commerce assez étendu entre Taman et Anapa : il a entièrement cessé, à cause des mesures sanitaires auxquelles sont assujétis les Turcs qui occupent cette dernière forteresse lorsqu'ils veulent traverser le Kouban, et surtout par suite des dispositions réciproquement malveillantes qui existent plus que jamais entre les Russes et les Ottomans.

Anapa est le premier port qui se trouve sur la côte de la Circassie; il est à peu de distance de l'embouchure du Kouban. Les Turcs fondèrent cette ville en 1784, lorsque les Russes eurent occupé Taman, qui, avant cette époque, étoit le marché principal des Circassiens (1).

Anapa est aujourd'hui la résidence d'un pacha. Sa situation et sa possession sont d'autant plus importantes pour les Turcs, qu'elle leur sert de moyen de communication, non-seulement avec les peuples musulmans qui habitent le Caucase, mais vraisemblablement avec les Tartares sunnites de la Buckarie, qui reconnoissent le

(1) Voyez le Voyage de M. le professeur Klaproth

dans le Caucase.

grand sultan

pour leur calife ou chef religieux. J'avoue que j'aurois desiré pouvoir me procurer des preuves positives sur cette communication éloignée si elle existe, puisqu'elle supposeroit entre Derbent et Kislaer un ou plusieurs points d'embarquement, et même une navigation suivie, ignorée des Russes, pour se rendre au golfe de Mengischlack, en traversant la mer Caspienne.

A défaut de preuves positives, un rapport particulier sur l'expédition de M. de Nigri, d'Orembourg à Bokara, en octobre 1820, nous a donné la certitude que tous les trois ans le kan de Bokara envoyoit trois millions au calife, et en recevoit toujours une ambassade de remercîment.

Or, il est difficile d'indiquer pour ces relations une autre route que celle de l'intérieur du Caucase, parcouru dans toute sa longueur depuis Anapa jusqu'à la mer Caspienne. Le voyage par la Perse et le Kurdistan offriroit beaucoup trop de dangers, surtout lorsqu'il s'agit d'un transport d'une valeur de trois millions.

Si quelque chose pouvoit encore servir à appuyer cette conjecture, c'est qu'un Italien, qui a été au mois de mai 1823 à Anapa avec le bâtiment de M. de l'Écluse, de Bruges, m'a assuré

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