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moins de capitaux et de crédit. Il est donc à desirer que le gouvernement du Roi accorde une protection spéciale à l'industrie manufacturière, dont les produits sont aujourd'hui la principale richesse des peuples, et surtout au commerce qui seul peut leur assurer les débouchés.

La consommation intérieure est, sans aucun doute, en France plus qu'ailleurs, le premier et le plus important stimulant de l'industrie manufacturière, parce que l'aisance générale y multiplie cette consommation à un point dont aucune autre contrée ne présente d'exemple; mais cette consommation, cet emploi des produits du travail peut être circonscrit ou paralysé par mille circonstances; les guerres extérieures la réduisent; les inquiétudes, les troubles intérieurs ont sur elle une grande influence; et dans les temps si affreux de la révolution, nous avons vu cette consommation diminuée au point que le trésor public fut obligé de prendre à sa charge un grand nombre des malheureux qui n'avoient, pour subsister, que le travail de

leurs bras. D'ailleurs, si cette consommation intérieure multiplie les échanges, et détermine une grande circulation, elle n'augmente pas la masse de l'or et de l'argent: c'est là l'effet du commerce extérieur, qui conséquemment doit être l'objet constant de la sollicitude du gouvernement...

Depuis trente ans, non-seulement le commerce extérieur a fixé toute l'attention du ministère anglais, mais on peut dire que ses guerres et ses négociations n'ont eu d'autre but que d'assurer sa prospérité; et il en est résulté une accumulation de richesses dont tous les voyageurs ne cessent d'admirer les prodigieux effets sur son agriculture, ses fabriques, ses canaux, ses chantiers, sur tout ce qui dépend de l'administration publique, sur tout ce qui rentre dans les attributions des particuliers.

Persuadée que la consommation faite par les nombreux sujets qui lui sont soumis dans les quatre parties du monde, et ses importations en Europe, sont loin de se trouver en rapport avec les progrès de son

industrie manufacturière, l'Angleterre est continuellement occupée à chercher quel-, que nouvelle portion du globe où elle puisse leur assurer un écoulement, parce qu'elle sait que cet écoulement multiplie ses richesses, et augmente pour ses fabriques les moyens de maintenir leur activité.

En 1785, Forster avoit traversé la haute Asie depuis Bénarès jusqu'à Asterabad, et procuré à sa patrie les premiers renseignements sur le commerce et les fabriques du Cachemire. Quelques années après, lord Macartney d'abord, lord Amherst ensuite, sont envoyés en Chine, et on ne néglige rien pour donner de l'éclat à ces ambassades, dont le seul but étoit d'augmenter le commerce de l'Angleterre. Le colonel Morier et le colonel Malcolm parcourent la Perse, et y séjournent comme ministres; sir Gore Ouseley y est envoyé en ambassade, et dans ce moment encore l'Angleterre y conserve un chargé d'affaires (1). Dans cet intervalle d'environ trente an

(1) Depuis environ un an, lord Kinneir est ministre en Perse, et y remplace le chargé d'affaires.

nées, George Bogle et Samuel Turner examinent l'intérieur du Thibet; sir Mount Stuart Elphinston arrive au Candahar, en' qualité d'ambassadeur. Enfin, toutes les parties de l'Asie et de l'Afrique, tout le Nouveau-Monde, sont couverts de voyageurs du gouvernement Anglais, ou des sociétés d'encouragement pour les découvertes, et toujours des vues d'agrandissement et de commerce sont le but principal de leur mission: la science n'en est que l'accessoire.

Bien différente de l'Angleterre, la France a presque toujours choisi ses voyageurs parmi les astronomes, les géologues, les botanistes et les antiquaires; elle a mérité la reconnoissance du monde savant, elle a travaillé pour la gloire; mais les intérêts de nos fabriques, de notre commerce ont été oubliés, et les négociants sont restés dans une complète ignorance sur les relations qu'ils pourroient établir dans les régions que l'Angleterre faisoit soigneusement explorer dans des vues moins élevées sans doute, mais peut-être plus utiles.

Là ne se borne pas l'attention du cabinet de Londres : des voyageurs peuvent bien lui donner les premières notions, lui indiquer les ressources d'un pays, mais cela ne suffiroit pas à ses négociants: il faut qu'ils trouvent partout des guides et des correspondants de confiance.

Pour atteindre ce double but, le gouvernement Anglais, non-seulement s'empresse d'établir des légations et des consulats dans toutes les contrées où leur appui et leur influence paroissent utiles, où leur intervention peut être nécessaire; mais il encourage et favorise les établissements de commerce sur tous les points où il prévoit que ses négociants pourront fonder des relations avantageuses.

Dès 1550, l'Angleterre forma des comptoirs à Arkhangel; elle leur assura tous les moyens de succès, et les favorisa si bien, que, depuis cette époque reculée, ils n'ont éprouvé sur ce point aucune concurrence. A peine Pétersbourg est-elle fondée, que les négociants Anglais y forment une factorerie dont les succès n'ont jamais été

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