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de désolation dont on me permettra de tracer les limites.

C'est un étrange spectacle que celui de cette antique partie du monde, berceau du genre humain, siége des premiers empires connus, de cette vaste partie du globe, qui a pour limites la Méditerranée, la côte méridionale et orientale de la mer Noire jusqu'à l'embouchure du Kouban, le Cau

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la mer Caspienne, le désert au nord de la Boukharie jusqu'aux sources de l'Indus ou Sind, la rive droite de ce fleuve, jusqu'à son embouchure dans la mer, l'Océan indien, les côtes de cette mer et du golfe Persique jusqu'aux bouches de l'Euphrate, le chemin du désert qui conduit à l'isthme de Suez, et enfin de ce point, la côte orientale de la Méditerranée jusqu'aux Dardanelles.

Ici, la Turquie, long-temps assise sur les ruines de l'empire des Assyriens, des royaumes de Judée, de Syrie, de Bythinie, de Pont et d'Arménie, foulant aux pieds la terre illustrée par Sémiramis, par les Séleucides, par Mithridate, et tant d'autres

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grands rois, s'écroule à son tour sous ses pachas indépendants, par l'effet de ses guerres intestines, des désordres de ses finances, et de sa fanatique ignorance.

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Là, c'est l'ancien royaume de Perse, qui, après avoir vu disparoître l'empire des Mèdes et des Parthes, et tant de dynasties illustres, voit successivement sa puissance réduite par l'augmentation de ses hordes nomades, par les résultats d'une administration dont les principes et le mode ne sont d'accord ni avec les intérêts du souverain, ni avec ceux du peuple; et, par l'effet de son contact avec les deux seules puissances formidables de l'Asie, l'Angleterre et la Russie; à l'orient de la Perse, le royaume de Caboul, après en avoir été démembré, se voit aujourd'hui dépouillé de ses plus riches provinces vers l'Indus, par les Séiks soumis à Radgy-Sing, et vers l'Océan indien, par les Beloutchis révoltés.

Enfin, toute l'Asie centrale, où se trouvoient placées la Bactriane et la capitale des immenses États de Tamerlan, cette

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contrée, d'où sont, sortis presque tous les conquérants de l'Inde, divisée en petits kanats, n'a plus qu'une existence précaire, protégée par la modération et la magnanimité de l'empereur de Russie, déjà en possession de la Colchide, de la Géorgie, et des anciennes provinces de la Perse, placées sur la gauche de l'Araxe.

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L'Europe restera-t-elle toujours indif férente au sort actuel, au sort futur de cette belle partie de l'Asie; et cette terre illustre est-elle irrévocablement condamnée à être le théâtre sanglant des dévastations et de tous les crimes?

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Lors donc, que le besoin de colonies, le besoin de nouvelles terres se fait sentir dans tout le continent de l'Europe, n'estil pas plus convenable de chercher, pour les colons de tous les pays, des établissements en Asie, que dans l'Afrique, dont le climat brûlant convient si peu aux Européens, que dans l'Amérique, si stérile en souvenirs, où, pour cultiver des terres, il faut transporter une peuplade entière, et qui d'ailleurs, dans le cas d'une guerre

maritime, est privée de toute communication avec l'Europe.

Or, les établissements en Asie, commandés par la situation forcée où se trouve le continent de l'Europe, peuvent être le résultat de négociations, de conventions, de traités; et, loin de coûter des larmes à l'humanité, ils sont d'accord avec les intérêts des peuples de l'Asie, avec ceux de leurs souverains mêmes (1). Ces établis

(1) J'avois écrit à Mirza-Massoud, un des ministres et ami du prince héréditaire Abbas-Mirza, pour lui recommander un jeune Français, M. Maugin, fils d'un médecin de Constantinople. Sa réponse, que je copie textuellement, prouve que son gouvernement verroit avec plaisir des établissements européens se former en Perse.

» Tebriz, le 4 chehban 1238.

» Au noble Consul de Sa Majesté le Roi de France,

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» M. Annibal Maugin m'a remis votre lettre en » date du 20 février. Je sens comme vous, Monsieur, >> les immenses avantages que présente un commerce

sements contribueroient à substituer à d'arides déserts des campagnes chargées de riches moissons, à créer chez les peuples de l'Asie de nouveaux besoins, à ouvrir à l'industrie européenne des débouchés presque sans limites, et à réunir pour jamais les peuples de l'Europe et ceux de l'Asie

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>> actif entre nos grandes nations. L'âme bienfaisante » de mon illustre maître, le prince impérial, sourit » au bonheur du peuple; elle aime à voir la joie et la prospérité se fixer auprès d'elle. La Perse a été grande, enviée: elle peut beaucoup, aidée par un prince tel que le nôtre; il desire tout ce qui est digne de lui; et ce qui en est digne est ce qui >> assure la félicité de nos peuples. Je suis, Monsieur,

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>>

l'interprète de ses sentiments; puisse la fortune et >> un heureux destin seconder les souhaits des amis!... » J'ai été très-satisfait de votre recommandé; c'est » un estimable jeune homme, que nous desirerions » voir fixer parmi nous. J'aurai toujours desiré pou» voir obliger M. Annibal Maugin, surtout ayant » l'honneur d'être recommandé par vous.

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» Croyez, noble ami, aux sentiments distingués

avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

VOTRE TRÈS-HUMBLE ET TRÈS

OBÉISSANT SERVITEUR,

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