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la rigueur des mesures sanitaires, cette contrée sera nulle pour Odessa. On ne peut se dissimuler toutefois que la possession de ce pays met le commerce de la Moldavie, et même celui de la Valachie, entre les mains des Russes. Autrefois ces provinces consommoient une immense quantité de draps, de soieries de Lyon, de dorures, de quincailleries, d'épiceries, tous articles que leur envoie encore Constantinople, et qu'Odessa pourroit leur procurer avec plus de facilité et à plus bas prix.

La Moldavie et la Valachie fournissent beaucoup de cire, de cuirs de bœufs et de buffles, des laines, des suifs, des lins, des chanvres, des grains, des viandes salées et fumées, enfin des bois de construction et des mâtures. L'espèce de brebis qui domine dans les troupeaux est la brebis cigaye, à laine longue et fine, qui provient encore, dit-on, d'une race améliorée au temps de Trajan, lorsque cet empereur s'empara de cette contrée connue alors sous le nom de Dacie. C'est de cette espèce qu'étoit composé le troupeau de quinze cents bêtes que le comte de Langeron a fait acheter, en 1817, dans la Bessarabie, et qui a été envoyé aux cosaques de la mer Noire, sur les bords du Kouban.

Il y a dans la Moldavie deux races remar

quables de chevaux. Celle des montagnes est petite, mais infatigable, et parfaite pour la cavalerie légère. Celle des plaines est de haute taille, et a les formes si belles, que les Turcs disent proverbialement qu'un cheval moldave et un jeune garçon persan sont les deux êtres les plus parfaits qu'ait produits la nature.

Lorsque le Dniester sera débarrassé des bureaux de la quarantaine, et rendu à la navigation, les produits que fournissent les contrées placées sur ses deux rives pourront descendre jusque près d'Odessa (1).

(1) L'importance de cette communication me détermine à entrer à ce sujet dans quelques détails.

C'est à un des hommes les plus courageux, les plus actifs, les plus aventureux de ce siècle, à un homme qui sembloit avoir pris Charles XII pour modèle, au prince de Nassau-Siegen, que l'on doit les premières recherches sur la possibilité de tirer parti de la navigation du Dniester.

En 1789, il descendit ce fleuve, le visita, et le fit sonder dans toute sa longueur, accompagné dans ce voyage par l'abbé Gaspari. En 1803 et 1804, il en fit une nouvelle inspection, et en fit dresser avec beaucoup de soin la carte, qu'on trouve au dépôt de la guerre à Pétersbourg.

Lorsque M. le duc de Richelieu fut nommé gouverneur de la Nouvelle-Russie, son premier soin fut d'encourager un particulier à faire un essai qui pût ajouter le sceau de l'expérience aux observations faites par le prince de Nassau, et ce voyage fut couronné d'un entier succès.

Le bâtiment qui servit à cette expédition avoit cent

Au-delà du Dniester, et sur une ligne parallèle, on trouve le Pruth, frontière actuelle de la Russie et de la Moldavie. Sur les bords de ce

vingt pieds de longueur, sur quarante de largeur, avec mâts et voiles, comme ceux dont on fait usage sur l'Elbe. Parti le 25 avril 1804 du village de Rosovodock à cinq milles ou dix lieues de Lemberg, point où le Dniester commence à être navigable, il arriva le 29 du même mois à Zalestchik, ville du cercle, où il séjourna jusqu'au 10 mai, pour y prendre. un chargement en bois de construction et autres marchandises. Il mit deux jours pour arriver à Iwanetz, vis-à-vis la forteresse de Khotin (appartenant alors aux Turcs). Il y prit des passeports, et y compléta sa cargaison. Passant ensuite à Mohilew, ville considérable, propriété du comte Potoski, où il se fait un assez grand commerce avec la Moldavie, il arriva sans accident à Yampol. On y prend des pilotes à cause des rochers de granit qui se trouvent au-dessous de la ville, et au milieu desquels il n'existe, pour le passage des bateaux, que deux ouvertures étroites. Ici, le courant est très-rapide; il conviendroit d'en élargir les passages, en faisant sauter une partie des rochers. On touche ensuite à Tzekinowka et à Doubosar. Aux environs de ces villes, on trouve des vignes qui passent pour avoir été plantées par les Romains. Sur une longueur de sept à huit lieues, les terres sont tantôt sablonneuses, tantôt pierreuses, et en général d'un foible produit.

Le 31 mai, le bâtiment s'arrêta à Bender, et de là if passa à Slobodzée, d'où le Dniester fait d'immenses détours avant d'arriver à la mer Noire, traversant un pays couvert d'arbres et de broussailles. Sur ce point il s'est formé en ligne droite un canal naturel : déjà il peut servir au flottage. Avec une foible dépense, on le rendroit navi

fleuve, les Russes ont bien vengé la malheureuse campagne de Pierre-le-Grand, et le traité désastreux qui recula de près d'un siècle les établisse

gable, et ainsi on éviteroit les sinuosités de la rivière et une grande perte de temps.

Enfin le bâtiment arriva à Mayaka: c'est le lieu d'où on voudroit détourner le Dniester pour en faire arriver l'embouchure par un nouveau lit de dix lieues de longueur dans le Liman, ou lac d'eau salée.

Le pays que traverseroit alors ce fleuve est plat, et ne présenteroit aucune difficulté, comme on a pu en juger par les fouilles que le prince Potemkin a fait faire il y a plus de trente ans, et qui procurèrent la découverte de quelques vases, statues et puits revêtus de marbre.

Si nous déduisons du temps employé par ce navire pour descendre le Dniester, les séjours et retards occasionnés par divers obstacles, nous trouvons que sa navigation n'a employé que quinze jours.

Ce bâtiment repartit d'Odessa le 27 juin, et mit cinquante-neuf jours pour remonter le fleuve.

En 1804, quatre-vingt-quinze navires de plus petites dimensions, avec leurs chargements complets, sont également descendus jusqu'à Mayaka.

Depuis lors, cette navigation a été presque entièrement abandonnée. Il seroit cependant facile à la ville d'Odessa de se procurer par cette voie des bois de chauffage et de construction, et même des charbons de terre, si, comme on me l'a assuré, il en existe des mines abondantes et d'une très-bonne qualité sur les bords du Dniester.

Je ne me suis étendu sur la navigation de ce fleuve que parce qu'elle est liée intimement au commerce du contiment de l'Europe avec l'Asie par la mer Noire, et qu'elle

ments formés par la Russie sur la mer Noire (1). Le Pruth prend sa source dans les monts Karpathes, non loin de Lemberg. Après avoir traversé la Moldavie dans toute sa longueur, il vient se jeter dans le Danube, près de Galatz. On trouve dans ses environs beaucoup de marais, et, pendant l'été, cette rivière est guéable sur plusieurs points (2); circonstance qui jusqu'ici a empêché d'établir les bureaux de quarantaine sur ses bords. Il y a lieu de croire qu'avec quelques travaux hydrauliques on réussiroit à

feroit éviter aux marchandises qui arrivent en transit par l'Allemagne, le passage difficile de la Podolie et de la Volhinie, véritable Palestine, où les Juifs se sont emparés de toutes les natures d'industries, et se livrent à leur habituelle rapacité, malgré les lois et le contrôle auxquels ils sont soumis.

(1) Le traité du Pruth fut signé dans la ville de Focksin le 20 juin 1711.

(2) On trouve dans les Mémoires de Manstein un fait qui prouve que le Pruth ne peut servir de frontière, du moment qu'on veut se garantir contre la contagion.

En 1739, les eaux de cette rivière devinrent si basses, que le maréchal de Munich put la traverser à gué avec toute sa cavalerie, et cependant, dans l'endroit où il la passa, elle étoit large de cinquante toises. C'est sur ce point qu'il fit ensuite une tête de pont et un fort qu'il nomma Saint-Jean. On y fit aussi des redoutes de distance en distance, pour pouvoir mieux communiquer avec Chotzin par le Dniester et par le Danube.

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