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L'arrondissement de Ghendjé a, dans ses productions naturelles, les éléments d'un assez grand commerce. L'objet principal est la soie, dont on récolte annuellement au moins mille pouds, ou quarante mille livres de Russie. Cette soie est de trois sortes: la première valoit go roubles d'argent (360 fr.) le poud, de trente-trois livres un tiers, poids de marc; la seconde, 75 roubles d'argent, et la troisième 60.

Les marchands Arméniens achètent ordinairement aux paysans le produit de leurs récoltes; ils leur payent des arrhes, et les obtiennent alors à bon compte; mais cette manière de traiter les expose quelquefois à ne rien recevoir pour leurs avances.

Ces marchands se procurent aussi une assez grande quantité de soie dans le kanat de Noucha, situé entre le Karabagh et les montagnes occupées par les Lesghis. J'ai regretté de n'avoir pu faire une excursion dans la province de Noucha, dont les terres sont fertiles, et dont les habitants, presque tous Arméniens, ne manquent pas d'industrie. Cette contrée étoit gouvernée par un kan, mort depuis six mois. Sa succession a été dévolue à la Russie, qui a obtenu par-là un revenu de plus de 800,000 roubles assignations.

On s'occupe, depuis un an, à tracer une nouvelle route, qui de Tiflis traversera la Kakétie, passera à Noucha, et de là, par deux embranchements, ira jusqu'à Derbent et à Bakou. Cette importante communication, qui raccourciroit de plus d'un tiers le chemin actuel, contribuera à vivifier ces belles contrées.

Le canton de Ghendjé fournit du coton d'une qualité inférieure à celui d'Erivan, et cependant beaucoup plus cher, à cause de la consommation qui s'en fait dans le pays, où on en fabrique des toiles communes. On peut s'y procurer aussi de la cire, du miel, de la garance, et des cuirs de bœufs et de buffles. Les raisins de diverses sortes qu'on y récolte sont très-gros; on en extrait un vin d'une bonne qualité, et qu'on y vend à bas prix.

Nous avions été recommandés par l'archevêque Arménien de Tiflis, Narsès, à l'archimandrite de Ghendjé. Ce bon prêtre nous força d'accepter l'hospitalité chez lui; il nous donna pour logement une grande chambre de vingt-cinq pieds de longueur sur douze de largeur; la boiserie en tilleul étoit travaillée avec art: c'est un luxe de cette contrée. Le plafond en étoit entièrement couvert. Cette boiserie étoit bien polie, et encadrée de bois d'if. Les fenêtres étoient en

ogive; et fermées seulement par des volets à jour.

M. le colonel Panamaroff, chef du district d'Elisabeth-Pol, pour qui nous avions des lettres de recommandation, avoit occupé pendant assez long-temps un poste important à Kouba, et en dernier lieu, il avoit accompagné M. le colonel Mouravieff dans une partie de son voyage de Khiva. Nous regrettâmes que son départ d'Elisabeth-Pol, le lendemain de notre arrivée, nous privat de sa conversation instructive sur des pays encore inconnus; nous lui dùmes toutefois quelques notions sur l'ancien kanat de Ghendjé.

Cette contrée est riche en mines de cuivre,

de plomb, de sel gemme, de fer et d'alun. Les premières ne sont pas exploitées dans ce moment.

A trente werstes d'Elisabeth-Pol, sur la rive du Cachekara, se trouve la montagne d'Askechan, qui renferme une mine de fer et une d'aimant. Le quintal de minerai de fer donne de soixante-quinze à quatre-vingts livres de fonte.

Dans le même canton, près du village d'Achenichampk, il y a d'autres mines de fer d'une assez mauvaise qualité, exploitées par les habitants. A dix werstes de ce village, on voit une haute montagne qui renferme une mine d'alun

II. 2e édit.

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excellent. Elle rend douze livres par quintal. Cet alun est aussi beau que celui de Rome. Cette mine, voisine du village de Zaclique, est exploitée par des fermiers qui payent annuellement au Gouvernement 7,500 roubles d'argent (30,000 fr.). Ils occupent cinquante familles d'esclaves, qui ne travaillent à la mine qu'en automne. Pendant le reste de l'année, ils cultivent la terre. Le fermier n'a pas le droit de vendre l'alun plus de 4 roubles d'argent (16 fr.) le poud; ce qui équivaut à 48 francs le quintal, poids de marc.

Par suite d'un traité fait avec les Tartares, le transport de l'alun, d'Elisabeth-Pol à Bakou, ne coûte aux fermiers que 27 copecs argent par quintal, et ils payent pour Tiflis, qui est cependant moins éloigné, 25 copecs argent (1 fr.) par poud, ou 3 fr. par quintal.

J'ai cru devoir donner ces détails à cause de l'intérêt qu'ils présentent au commerce. J'ai dit ailleurs quelques mots sur les impôts de toute espèce qui avoient été établis par les anciens kans de Ghendjé. Parmi ces droits, un des plus remarquables étoit celui qu'on percevoit sur la glace, objet de première nécessité dans des contrées exposées à une aussi grande chaleur. Ce droit étoit affermé comme toutes les autres impositions.

A cinq werstes d'Elisabeth-Pol, on voit d'immenses ruines, dont quelques-unes sont en pierres, d'autres en briques liées entre elles avec du ciment. On trouve dans ce canton plusieurs débris de villes anciennes, dont on attribue généralement la construction à Alexandre-le-Grand. Quels qu'en soient les fondateurs ou l'origine, il est hors de doute que, lorsque ces villes et ces monuments subsistoient, la population de cette contrée devoit être considérable, et que c'étoit dans l'agriculture, les manufactures et le commerce, qu'elle devoit trouver ses moyens d'existence. Au milieu de ces ruines, on découvre de temps en temps des médailles mèdes, parthes, persanes, grecques

et romaines.

A Ghendjé, qui naguères faisoit partie de la Perse, et qui en est encore si rapprochée, les usages, les meubles, les aliments, tout ressemble à ce que l'on observe dans l'intérieur de l'Asie. Ils diffèrent beaucoup de ceux de la Géorgie, que nous venions de quitter, et où l'on rencontre le mélange des usages de l'Europe et de ceux de l'Orient.

Deux colonies allemandes sont établies depuis quatre ans dans les environs d'Elisabeth-Pol. L'une est située à sept werstes de Chamkor, et

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