geurs : sur la voûte règne une large terrasse, sur laquelle les Asiatiques ont la coutume de passer la nuit pendant les grandes chaleurs de l'été. Nous partimes le lendemain 18-30 septembre, à six heures du matin, avec des chevaux de cosaques, qui nous conduisirent à Bakou distant de trente werstes. Le pays qu'on parcourt est dépeuplé et entrecoupé de plaines et de collines arides. Six werstes avant d'arriver à cette ville, on gravit une montagne assez élevée, et lorsqu'on est parvenu au sommet, on découvre la mer Caspienne et Bakou, située au fond d'un golfe. Nous descendîmes au poste des cosaques, placé dans le faubourg. Après nous y être reposés pendant quelques heures, on me donna un soldat pour m'accompagner chez le commandant de la ville, à qui j'étois recommandé par le général en chef Yermoloff. Ce soldat nous faisoit faire place au milieu du bazar, en renversant à droite et à gauche quiconque se trouvoit sur son passage, ce qui sembloit ne pas offenser les marchands, et, au contraire, avoit l'air de les divertir. Le colonel Melicoff, Arménien, qui occupoit le poste de commandant, réunit à un caractère de Description de Bakou.-Revenu de l'ancien kan.-Prise de cette ville sous le général Titianoff. Pêche des phoques. mer, BAKOu est situé au 39° 30' de latitude nord, et au 50° de longitude est; la montagne contre laquelle cette ville est comme appuyée se nomme Beschbarmak; vue de la elle a la forme d'un triangle; la mosquée, placée près de l'ancien palais bâti par Abbas II, roi de Perse, en est le point le plus élevé. Bakou se compose d'une grande forteresse ou cité, et d'un faubourg. Ses habitants sont la plupart Persans, le reste Arméniens et Tartares. Les rues de la cité sont très-étroites; celles du faubourg sont larges et alignées. Presque toutes les maisons sont couvertes d'une terrasse, dont la surface est de terre pétrie avec de la naphte, ce qui les rend impénétrables à la pluie. Le bazar est bien approvisionné en marchandises de Perse et de Russie. On trouve dans les mêmes boutiques le beau sucre raffiné sortant des fabriques de Hambourg, que les Arméniens vont chercher à la foire de Makariew, et le mauvais sucre jaune du Mazanderan, à peine purgé de son sirop, et qui n'est que pressé en très-petits pains. Le premier est consommé par les Russes, l'autre par les habitants du pays. Les rues de Bakou sont pavées en larges pierres plates ; aussi la ville est-elle toujours propre. Le commerce y paroît assez animé. Il est cependant bien réduit, depuis que le tarif de la Russie y a assujéti à un droit de vingt-cinq pour cent une grande partie des marchandises qui arrivoient par mer (1). Malgré la décadence du commerce de Bakou, les revenus de la douane s'élèvent encore à 30,000 roubles d'argent (120,000 fr.) par an. Bakou étoit la capitale d'un petit kanat en (1) L'ukase du 8-20 octobre 1821, ayant réduit à cinq pour cent les droits sur les marchandises qui arrivent dans les provinces Russes au-delà du Caucase, Bakou ne peut manquer de recouvrer son ancien état de prospérité, clavé dans le Chirvan. Le souverain de cet État, les habitants, craignant avec raison la vengeance des Russes, se révoltèrent contre leur souve rain, qui n'eut que le temps d'échapper et de se retirer dans la Perse. Le kan de Bakou, comme celui du Chirvan, étoit propriétaire de presque toutes les terres et des maisons de son kanat; elles font aujourd'hui partie des domaines du gouvernement Russe. Indépendamment des droits de douane et des revenus territoriaux, la couronne afferme la pêche des phoques ou veaux marins qui se |