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car,

niquent avec Bakou. Ils sont tous bâtis en pierres ou en briques, et sont restés comme un souvenir de l'ancienne prospérité de ces contrées; heureusement pour l'humanité, le despotisme, le pouvoir absolu a lui-même quelquefois des phases heureuses. Ainsi Rome, si opprimée sous les Tibère, les Caligula, les Néron, les Domitien, connut un état de prospérité et presque de bonheur sous les règnes successifs de Nerva, de Trajan, d'Adrien et des deux Antonins la Perse elle-même, sous Chosroës I, sous Abas-le-Grand, princes que je suis loin cependant de mettre en parallèle avec les empereurs que je viens de citer, étoit florissante , parce que le pouvoir absolu étoit tombé en partage à des souverains sages, éclairés, et entièrement occupés des intérêts de leurs peuples.

De Soumgaita à Kaliasi, où nous nous proposions de passer la nuit, on compte vingt-deux werstes. La pluie abondante des derniers jours avoit rendu les chemins difficiles: il fallut près

de quatre heures pour y arriver. Tout le pays depuis Bakou est mêlé de plaines et de collines. Il est généralement peu habité et sans culture.

Nous trouvâmes à Kaliasi un logement assez cómmode, et qu'une grande propreté distin

guoit de tous ceux où nous nous étions arrêtés depuis quinze jours. Nous en repartimes le lendemain d'assez bonne heure pour Khaderzinde, qui en est éloigné de vingt-cinq werstes. Entre les deux stations, le chemin est entrecoupé de montagnes et de larges lits de torrents couverts de cailloux, dont les bords escarpés nous présentoient de continuels obstacles: aussi, nous mîmes près de cinq heures pour arriver à la poste. Après diner, nous en repartîmes pour Dividje, distant de trente-deux werstes.

Ce village est entièrement habité par des Tartares qui paroissent jouir d'une grande aisance. Il est entouré de belles plantations. Les bâtiments des cosaques sont vastes et construits avec soin, et le logement des étrangers y est très-commode. Le maire du village fut plein de prévenances pour nous. Ce Tartare étoit d'une taille élevée : sa figure avoit l'expression de la franchise et de la bonté. Il mit un grand empressement à nous procurer un mouton, des poules, du beurre et des œufs, dont nous eûmes beaucoup de peine à lui faire accepter le payement. On nous apporta aussi un plateau couvert de melons de diverses espèces, d'arbouzes, de poires et de raisins d'une grosseur remarquable.

Tout le pays que nous parcourions depuis Khaderzinde présente le plus grand danger pour les chevaux, si on a le malheur de les y laisser paître. Parmi les herbes qui couvrent la terre, il en est une qui est un poison mortel pour ces animaux s'ils sont à jeûn lorsqu'ils la mangent, ils expirent dans quelques moments. Dans le cas contraire, leur agonie se prolonge quelquefois pendant vingt-quatre heures, et il est rare qu'ils puissent échapper à l'effet funeste de cette plante.

Entre la dernière poste et celle où nous nous trouvions, nous avions remarqué à peu de distance de la route un assez grand nombre de chevaux morts. Nous apprêmes que cette perte avoit été causée par l'ignorance dans laquelle on avoit laissé un capitaine de cosaques sur les dangers que présentoient les pâturages de ces contrées. De quarante-six chevaux qu'il avoit emmenés pour la remonte, il y avoit à peine six semaines, il n'en avoit pas sauvé un seul. Leurs cadavres servoient de pâture à des chiens, à des corbeaux et à des vautours d'une dimension extraordinaire. Ces animaux, d'espèce si différente, paroissoient entr'eux de la meilleure intelligence pour se partager cette abondante proie.

A l'époque de l'expédition du général Titia

noff dans le kanat de Bakou, on négligea de le prévenir du danger que présentent les plantes qu'on trouve dans les pâturages de cette contrée, et il perdit dans une nuit les deux cent cinquante chevaux qui traînoient son artillerie. Cet événement inattendu le contraria beaucoup dans son plan de campagne, en le forçant à remettre à l'année suivante le siége de Bakou. Un siècle auparavant, l'armée de Pierre-le-Grand, quand elle marchoit contre Chamaky, éprouva le même malheur.

On n'avoit pu me donner que des notions vagués sur la nature de cette plante; mais M. le comte de Laizer, qui a servi long-temps dans les armées Russes, et a été aide-de-camp du général Benigsen, dans le Daghestan, m'a assuré que cette plante, si dangereuse pour les chevaux, étoit l'absynthe pontique qui se multiplie de drageons. Elle n'est pas nuisible aux moutons et aux bœufs. Il paroît qu'elle a la propriété de crisper l'estomac des chevaux, et qu'ils meurent dans une sorte de convulsion. M. de Laizer pense que la saignée, le lait aigre et l'huile sont les meilleurs remèdes pour arrêter l'effet de ce poison. Les Tartares, d'accord avec lui sur la saignée, prétendent avoir vu de bons effets d'une bouteille de sang de mouton,

II 2e édit.

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qu'ils font avaler au cheval empoisonné. Les cosaques de ce poste vivent en bonne intelligence avec les Tartares qui habitent le village de Dividje. Aux postes isolés, on ne trouve rien. Ici on avoit tout en abondance. Si on n'a pas établi un grand nombre de postes de cosaques au milieu des villages, c'est que sans doute, dans le commencement de l'occupation, on a craint que des hommes armés ne vexassent les habitants.

Les Tartares de ce village s'occupent de l'agriculture, et surtout de l'éducation des bestiaux. Ils fabriquent aussi des tapis, travail dans lequel leurs femmes les aident. Nous en achetâmes un de huit pieds de longueur, sur trois de largeur, pour 32 roubles assignations. Ces tapis sont presque aussi beaux que les tapis de Perse; mais les dessins sont encore plus bizarres. Les uns sont ras; les autres sont extrêmement épais, et ne coûtent pas beaucoup plus cher parce que la maille est plus lâche, et que le travail exige moins de temps.

Le 24 septembre 6 octobre, nous partîmes du village de Dividjé pour Tchaktchak, qui en est à vingt-sept werstes. Le pays que nous parcourions étoit meilleur et mieux cultivé que celui que nous avions traversé depuis Bakou. De tous côtés, nous apercevions des villages

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