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offrìmes du thé, et cette boisson leur parut d'autant plus agréable, que le rhum y entroit au moins pour moitié. Cette liqueur, n'étant pas le produit du raisin, n'est pas comprise dans celles dont le prophète interdit l'usage, du moins pour les peuples du Causase, qui ne sont pas de zélés Musulmans.

Après nous avoir quittés, le prince ne tarda pas à nous envoyer un immense pillau garni de poulets et viande de mouton, et un plateau couvert de très-beaux fruits. Il avoit fait mettre en même temps quelques moutons à notre disposition. Nous en fimes tuer un ; les autres furent remis au capitaine des cosaques pour les distribuer aux officiers qui faisoient partie du convoi. Il s'étoit décidé à se mettre en route peu de temps après notre départ, et étoit arrivé à Bereckey quelques heures après nous.

Bereckey est une petite bourgade dont les maisons sont éparses, et où le capitaine ne jugea pas à propos de disperser les troupes sous ses ordres et les voyageurs confiés à sa garde. La caravane entière fut placée sous des tentes, dans une cour contiguë à la maison où nous étions logés, et dans une assez grande prairie qui l'environnoit.

Le lendemain, de bonne heure, nous nous

remimes en route pour Kayayoute, qui est à trente werstes de Bereckey. Le prince voulut absolument nous accompagner avec un grand nombre de Tartares à cheval, jusqu'à un village qui dépendoit du prince son frère.

Le pays que nous parcourûmes pendant toute cette journée étoit, comme celui que nous avions traversé la veille, entrecoupé de collines peu élevées, et de lits de torrents, où il y avoit trèspeu d'eau dans ce moment. Le chemin cotoyoit souvent la mer. Enfin, nous arrivâmes de bonne heure à Kayayoute, grand village situé à mi-côte, dans une très-belle position, assez près de la mer. Nous y trouvâmes un logement commode qu'on nous avoit préparé.

Les habitants de Kayayoute sont riches en troupeaux, et s'occupent de la fabrication des tapis, qui sont d'une espèce beaucoup plus commune que ceux que nous avions achetés à Kouba. Ces tapis sont, en général, rayés rouge et vert, et toujours de couleurs très-solides.

Le troisième jour de notre départ de Derbent, nous fimes seulement vingt-sept werstes pour venir coucher au village de Bousinac. Le pays que nous parcourûmes ce jour-là étoit assez peuplé : on jouit presque sans interruption de la vue de la mer. Dans cette contrée, les chevaux

et les bestiaux nous parurent composer la richesse des habitants; le riz que leur fournit le canton de Kizlar étant leur aliment principal, on ne voyoit que peu de terres labourées.

Bousinac est un beau village, dont le chef eut pour nous les plus grandes attentions: il pourvut abondamment à tous nos besoins et à ceux de la caravane. De la maison où nous logions, nous pouvions apercevoir la mer. Dans notre cour, le chef du village avoit placé, pour nous servir, quelques Tartares à qui nous ne pûmes faire accepter la moindre gratification. Nous eûmes. souvent occasion de remarquer le même désintéressement chez ce peuple.

Dans la soirée, le capitaine des cosaques vint nous trouver, et nous proposa de partir à minuit, pour arriver le lendemain soir à Tarkou, distant de cinquante-deux werstes, où nous pourrions séjourner pendant vingt-quatre heures. J'acceptai cette offre avec d'autant plus de plaisir, qu'entre Bousinac et Tarkou, il n'y avoit, nous avoit-il dit, pas un seul village où nous eussions, pu passer la nuit.

Le convoi partit vers une heure du matin, et marcha presque sans s'arrêter jusqu'à sept heures. Nous bivouaquâmes alors dans une gorge, près d'un lac dont l'eau étoit assez mauvaise.

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Dans toute notre route, nous cotoyions presque toujours la mer Caspienne, quelquefois à une werste environ de distance. Sur notre gauche, dans le lointain, nous remarquions de temps en temps quelques parties des hautes montagnes du Caucase couvertes de neige. La terre étoit très-bien cultivée en blé et en millet. Les troupeaux de bœufs et de moutons étoient assez nombreux; mais la terre, qui se ressentoit de la sécheresse extraordinaire de l'été précédent, paroissoit aride quand le soc ne l'avoit pas ou

verte.

er

Depuis le 1o mai jusqu'au moment actuel, nous n'avions eu que quinze jours de pluie, dont huit pendant notre court séjour en Immirette, pays beaucoup moins sec que la Géorgie et les anciennes provinces persanes.

Du village de Bousinac aux bords du lac où nous nous reposâmes trois heures, on compte vingt werstes. Le bois étant très-rare dans toute cette contrée, les soldats ramassoient sur les bords des lacs et des mares des broussailles ou des herbes sèches, avec lesquelles en un instant ils allumoient du feu dans des trous qu'ils pratiquoient en terre, et chacun alors s'occupoit de şa cuisine comme il l'entendoit.

J'avois engagé le capitaine à partager nos

repas pendant tout le temps de notre voyage; sa société nous fut d'autant plus agréable, que nous étions toujours au courant de ses dispositions pour la marche de la caravane, et des petits événements qui survenoient.

Repartis de notre bivouac vers dix heures, nous nous arrêtâmes de nouveau à deux heures, après avoir fait seize werstes. Cette partie de la route étoit généralement plate; seulement, de temps en temps, elle étoit entrecoupée de collines peu élevées. A moitié chemin, nous vimes à notre gauche un assez grand village nommé Manasse; il étoit situé à mi-côte en face de la et habité par des Tartares qui cultivent lạ terre et élèvent des bestiaux.

mer,

La prairie dans laquelle la caravane fit halte pour dîner étoit à environ deux werstes de la mer Caspienne, aux bords d'un lac dont l'eau étoit de mauvaise qualité comme dans toute cette contrée. Au milieu de notre repas, nous fumes interrompus par la visite d'un seigneur Tartare accompagné d'environ trente hommes à cheval. Il venoit de la part du tchamkal de Tarkou, un des plus puissants princes de cette contrée, me féliciter sur mon arrivée dans le pays, et mé témoigner les regrets de son souverain de ce que, se trouvant éloigné dans ce

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