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moment de sa capitale, il ne pourroit accueillir lui-même des voyageurs que le général en chef Yermoloff lui avoit vivement recommandés par une lettre qu'un exprès du général de Wrede lui avoit apportée. Ce seigneur me prévint en même temps que je trouverois à peu de distance de la ville les deux jeunes fils du tchamkal avec leur gouverneur et une nombreuse escorte, et que si je voulois avec eux devancer la caravane, je trouverois à Tarkou un logement commode, et tous les approvisionnements qui nous seroient nécessaires."

Le capitaine commandant qui répondoit de notre sûreté, ayant approuvé cet arrangement, nous nous mîmes en route pour faire les quatorze werstes qui nous séparoient de Tarkou. Nous parcourûmes lentement les six premières, et nous ne tardâmes pas ensuite à apercevoir la nombreuse troupe de cavaliers Tartares qui entouroient les deux jeunes princes, dont l'un étoit âgé de dix ans, et l'autre de douze. Ils étoient montés sur des étalons extrêmement beaux et vifs, qu'ils conduisoient avec autant d'assurance et d'adresse que s'ils avoient été des hommes faits.

L'usage des Tartares, des Calmouks, des cosaques, et de tous les peuples de ces contrées,

de placer leurs fils à cheval dès qu'ils ont atteint l'âge de six à sept ans, leur donne en peu d'années un aplomb et une habitude dont on ne peut se faire une idée en Europe. C'est là vraiment le pays des Centaures: en effet, chaque cavalier semble ne faire qu'un avec son cheval, et conserve la précision de ses mouvements, quelles que soient la rapidité et la vivacité du coursier.

Les deux jeunes princes, présentés par leur gouverneur, vinrent nous saluer, et me témoigner le plaisir que leur causoit l'arrivée d'un ami du général Yermoloff. C'est à lui que je me plais à rapporter une réception si distinguée, et qui peut donner une idée de l'influence du gouvernement Russe dans toutes ces contrées.

Réunis aux quatre-vingts Tartares qui entouroient les jeunes princes, nous primes les devants de la caravane, et ne tardâmes pas à arriver dans la partie basse de la ville de Tarkou, qui en forme le faubourg. Nous y descendimes dans le logement qui nous étoit destiné, et où nous trouvâmes profusion de tapis, de coussins, et tous les préparatifs d'une bonne réception.

CHAPITRE XV.

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Bonne réception chez le tchamkal de Tarkou. Description de sa capitale.-Repas au château.- Départ de Tarkou. Aspect du pays entre Tarkou et Angiourte. — Arrivée dans cette bourgade.- Réflexions sur le chemin le long de la mer Caspienne.-Le Soulak.-Forteresse et village de Kasiourte. - Réception du Scheffy. Escorte qu'il nous donne. Peuples industrieux du Caucase.— Rencontre d'une horde de Calmouks. - Description de leurs tentes. Arrivée à la quarantaine de Natchivan. Passage du Terek.—Arrivée à Kizlar.

EN arrivant à Tarkou, les deux jeunes princes, leur gouverneur, un beau-frère du tchamkal, et une vingtaine de nobles Tartarés montèrent dans les chambres où on nous avoit logés, et nous témoignèrent de nouveau la satisfaction qu'ils avoient de recevoir un ami du général en chef. Peu d'instants après, on nous apporta quatre immenses plateaux chargés de galettes d'une pâte très-blanche et de gâteaux de diverses espèces : un pillau d'une dimension extraordi

naire, des sorbets et de très-beaux fruits achevoient de couvrir les plateaux qu'on posa par

terre.

Le soir même, on fit tuer quelques moutons et deux bœufs; on fournit gratuitement et avec profusion à la caravane, les vivres et les approvisionnements qui lui étoient nécessaires. Avant de nous quitter, le beau-frère du tchamkal me sollicita vivement, au nom de sa sœur, d'accepter à dîner au château pour le lendemain, en ajoutant qu'il viendroit nous chercher, et qu'on nous ameneroit des chevaux.

Le lendemain, favorisés par un temps magnifique, il nous fut permis de jouir de tout ce que la situation de Tarkou a de beau et d'imposant. Cette ville ne doit pas être confondue avec un autre Tarki que les géographes anciens plaçoient vers l'embouchure du Terek, et qui n'existe plus aujourd'hui. Les eaux de ce fleuve et les guerres ayant occasionné sa destruction, les débris de sa population ont été transportés à Kizlar.

Tarkou contient près de deux mille maisons et douze mille habitants, presque tous Tartares. On y trouve quelques Lesghis, d'autres montagnards fugitifs, et un assez grand nombre d'Arméniens, nation qui se mêle à tous les autres

peuples de l'Asie, qu'on rencontre à Alep, à Smyrne, sur les bords de l'Indus et du Gange, et qui partout conserve sa religion, ses mœurs, et son intelligence pour le commerce. Les Tartares du Daghestan portent le costume des Circassiens. Les princes ont leurs vêtements entièrement garnis de galons d'argent. La poignée de leur sabre est en forme de croix, comme du temps des croisades. On trouve, au surplus, parmi eux un grand nombre d'armes qui datent de cette époque.

On ne peut voir une position plus singulière et plus pittoresque que celle de Tarkou: cette ville est bâtie en amphithéâtre, dans le fond d'une demi-ellipse, dont une chaîne de hautes montagnes forme les côtés. De tous les points de la ville, on domine sur la mer Caspienne, qui en est éloignée de deux werstes. Dans le golfe, on est absolument à l'abri de tous les vents, hors de ceux d'est, qui viennent de la mer. Il est vraisemblable que la plaine de deux werstes qui s'étend de Tarkou au rivage étoit autrefois entièrement couverte par les eaux. Les vaisseaux à l'ancre dans ce golfe étoient alors en parfaite sûreté, et la ville étoit bien placée pour un grand commerce.

A midi, une troupe d'environ cinquante cava

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