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table marais, qui ne peut manquer de présenter le plus grand obstacle au passage des voitures.

Si le chemin de Kizlar à Derbent devient une des routes principales pour le commerce de l'Asie, son amélioration devra être la première chose dont le gouvernement de la Russie aura à s'occuper. Les habitants de Kizlar en sentent tellement l'importance, que, selon ce qu'on m'a assuré, ils ont proposé récemment de l'établir à leurs frais. Il ne s'agit que de la construction d'une levée qui seroit peu coûteuse.

A neuf werstes de la quarantaine, on traverse le Terek sur un bac très-commode. Cette branche de ce fleuve n'existe que depuis une quinzaine d'années, le Terek changeant fréquemment son lit et le nombre comme la direction des bras par lesquels il verse ses eaux dans la mer Caspienne. Un peu plus loin, nous passâmes à gué avec beaucoup de difficultés un second bras du Terek: quelques instants après, nous arrivâmes à Kizlar le 25 octobre 6 novembre 1820.

CHAPITRE XVI.

Description de Kizlar. - Progrès du commerce des Arméniens de cette ville.-Vignes, mûriers. — Terre de madame Taroumoff.-Mode de culture.-Moyens de transport de Kizlar à Astrakhan.

Départ de Kizlar. — Mauvais chemins. Rencontre d'une tribu nomade.

Remarque sur les steppes.-Difficulté du passage du lac Beloi.-Arrivée à Astrakhan.

KIZLAR a été bâtie en 1736 sous l'impératrice Anne, pour remplacer la forteresse de SainteCroix, qu'on avoit abandonnée. Elle est au 43° 51' de latitude septentrionale, et au 64° 10' de longitude orientale.

La forteresse est solidement construite, bien armée de canons, et a toujours une garnison assez nombreuse. Les Arméniens composent la plus grande partie de la population, et occupent la ville extérieure, qui s'étend jusqu'au Terek. Ses rues sont larges et tirées au cordeau; les maisons sont séparées les unes des autres, et ont généralement de grandes cours et des jardins.

Depuis mon passage à Kizlar, en juin 1818, les relations des Arméniens avec les habitants du Caucase et du Daghestan ont pris un trèsgrand accroissement, et ont tellement augmenté leurs richesses, qu'on compte plusieurs millionnaires dans cette ville. Aussi, sans s'écarter de leur économie intérieure, ont-ils mis une sorte de luxe dans leurs monuments publics, et dans ce moment ils achèvent une très-belle église bâtie en pierres de taille, qu'ils tirent de très-loin, et dont la construction leur coûtera plus de 600,000 roubles assignations. Les Arméniens ont aussi à Pétersbourg un député qu'ils payent généreusement, et qui est chargé d'y suivre leurs affaires.

Aux richesses acquises par le commerce, ils ont joint les bénéfices que leur ont procurés le produit de leurs vignobles et la fabrication des eaux-de-vie. Ils en expédient de fortes quantités pour la Russie, surtout à l'époque de la foire de Makariew, Cependant le peu de force de leurs vins doit contribuer à réduire le bénéfice de cette fabrication. Pour obtenir une partie d'eaude-vie, ils emploient neuf à dix parties de vin, et payent à la couronne 2 roubles assignations de droit par wedro (treize pintes un tiers de Paris).

Les Arméniens, qui ne négligent aucun moyen d'étendre leur commerce, ont déterminé quelques peuplades du Caucase, et particulièrement les Tartares du Daghestan, à planter des vignes dans leurs montagnes ils leur achètent leurs vins, dont ces peuples mahométans ne font aucune consommation, et qui a beaucoup plus de force que celui des environs de leur ville.

Le gouvernement et plusieurs particuliers possèdent des vignobles dont le vin a de la réputation, et s'expédie pour Moscou. Indépendamment des vins et des eaux-de-vie, les marchands de Kizlar partagent avec ceux d'Astrakhan le commerce des raisins frais, destinés pour l'ancienne et la nouvelle capitale de la Russie.. Ces raisins sont mis dans de la graine de lin, et se transportent en très-peu de temps à Pétersbourg, distant de cinq cents lieues, où ils arrivent en bon état.

Indépendamment de la culture de la vigne, les Arméniens de Kizlar se sont adonnés à l'éducation des vers à soie. On estime à cinq cents pouds (scize mille six cent soixante-six livres) la récolte de la soie dans ce canton; elle est filée avec beaucoup de soin: une partie se consomme dans le pays, où on en fait des étoffes unies trèssolides; le reste s'expédie pour Astrakhan. L'on

cultive aussi dans les environs de cette ville le riz ordinaire dans les parties arrosées, le riz sec dans celles qui sont éloignées du Terek. Le goût de l'agriculture, très-répandu parmi les Arméniens de Kizlar, les porte à tous les essais dont ils espèrent tirer quelques avantages. Ainsi, ils ont commencé à cultiver le coton à courte soie; ils en ont tiré la graine du Mazanderan, et ils ont multiplié la culture du sesame, qui leur fournit toute l'huile nécessaire à leur consommation. Les Arméniens possèdent un très-grand nombre de bestiaux. Tous les vivres sont à très-bon marché dans cette ville; la viande n'y vaut souvent que 5 à 6 copecs (ou centimes) la livre; le gibier et le poisson y sont très-abondants.

Lorsqu'on arrive d'Astrakhan à Kizlar, des saules, des peupliers d'Italie, des frênes, plantés en allées ou disposés en massifs, de nombreux enclos renfermant des mûriers et des vignes, offrent un spectacle ravissant au voyageur, qui, venant de traverser un désert de cent lieues, se trouve transporté comme par enchantement dans un jardin délicieux : un bras du Terek sépare deux pays d'une nature si différente.

Nous étions logés à Kizlar chez un riche marchand Arménien, nommé Makar-ZourabovitchSamizoff, qui fut plein d'attention pour nous.

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