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les Vénitiens et les Génois. Lorsque, dans le seizième et le dix-septième siècles, la plus grande partie du commerce de l'Asie s'est transportée vers les établissements fondés par les Européens dans l'Inde, Astrakhan a dû nécessairement se ressentir, comme les ports de la côte orientale de la Méditerranée, de cette révolution dont on n'a peut-être pas toujours bien apprécié les

causes.

On a généralement attribué à la découverte du cap de Bonne-Espérance l'anéantissement du commerce de l'Asie par la mer Noire et la Méditerranée, et la ruine de Gênes et de Venise, dont la prospérité reposoit sur ces relations. Il me semble que, dans cette circonstance, on a confondu l'effet avec la cause, puisque la découverte du cap de Bonne-Espérance est postérieure d'environ trente ans à l'expulsion des Génois de Caffa, et à la fermeture de la mer Noire aux pavillons de la chrétienté.

On avoit long-temps envié le commerce et les richesses des deux puissantes républiques d'Italie, et, en parvenant dans l'Inde par l'Océan, on s'emparoit de ces relations au moment même où l'occupation de toute la côte de l'Asie et de la Méditerranée, et la prise de Constantinople, livroient à la violence et à la barbarie toutes les

contrées qui pendant long-temps avoient été le centre du plus riche commerce.

Depuis que l'ukase du 8-20 octobre 1821 a ouvert de nouveau aux caravanes de l'Asie, sur le territoire d'un Etat puissant et civilisé, des marchés environnés de faveurs et de protection; que ces mêmes caravanes, par suite de l'influence de la Russie, peuvent traverser sans danger toute l'Asie occidentale, depuis la rive droite de l'Indus jusqu'à la mer Caspienne et la côte orientale de la mer Noire; et qu'enfin, de ces marchés, les rapports avec l'Europe peuvent s'établir par mer en temps de paix, et par les communications fluviales en cas de guerre, il n'est pas douteux qu'une grande partie du commerce de l'Asie reprendra son ancienne route, parce qu'elle est plus courte, plus avantageuse, et qu'elle n'est dominée par aucune compagnie privilégiée.

Dès que ce changement aura lieu, Astrakhan, qui communique par une navigation intérieure, d'un côté avec Pétersbourg, de l'autre avec la mer d'Azow, doit nécessairement avoir une grande participation au vaste commerce dont la Géorgie ne peut manquer de devenir le centre. Aujourd'hui cette ville n'a, pour ainsi dire, qu'un commerce de commission. Les Persans

et les Arméniens qui y sont établis reçoivent en mai et juin les marchandises qu'on leur expédie de la Boukharie et de la Perse, et les transportent à Makariew, où ils achètent, en échange, les marchandises de l'Europe et des fabriques de la Russie qui conviennent à l'intérieur de l'Asie. Astrakhan est également le point d'expédition pour les fers qui arrivent de la Sibérie, et sont destinés pour Bakou, Enzili et Balfruch.

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Les navires qui sont expédiés des ports de la Perse depuis le 1** avril jusqu'au 1" août, sont alors favorisés par les vents du sud, qui règnent principalement à cette époque de l'année. Plus tard, ces vents soufflent du nord, et facilitent la marche des bâtiments expédiés d'Astrakhan pour Enzili et Asterabad. Il résulte de cette particularité les bâtiments destinés pour la côte du Ghilan et du Mazanderan, y arrivent précisément à l'entrée de l'automne, au moment où l'air de ces provinces est tellement mal sain, que les capitaines sont obligés de prendre un équipage double, pour remplacer les matelots qui tombent malades ou qui meurent au bout de quelques semaines de séjour sur cette côte dangereuse aussi le fret est-il toujours à des prix élevés. L'établissement des bateaux à vapeur

sur la mer Caspienne, en changeant les époques de départ d'Astrakhan pour Enzili, aura, outre l'avantage attaché à la célérité de la marche, et de l'arrivée à époque fixe, celui d'éviter la mortalité qui frappe les équipages qui y abordent en

automne.

On n'a jamais été dans l'usage de faire assurer les marchandises qui s'embarquent sur la mer Caspienne. Au surplus, tant que la Russie n'aura pas profité du droit que lui donnent ses traités, d'avoir des consuls et des comptoirs dans les ports de la côte méridionale de la Perse, elle n'aura dans ces contrées qu'un commerce secondaire, et sa navigation sur la mer Caspienne sera très-bornée.

Depuis quelques années un assez grand nombre de marchands Russes de l'intérieur viennent s'embarquer à Astrakhan pour le golfe de Koultiouk, sur la côte méridionale de la mer Caspienne; de ce point, ils vont en caravane à Khiva, et jusqu'à Boukhara, en traversant le pays des Turcomans, qui occupent une partie de la côte.

La ville d'Astrakhan, dont le commerce direct en Perse est si borné, n'a encore établi, comme on peut le croire, aucune relation avec l'Inde et l'Arabie par le golfe Persique. Ce

pendant, au commencement de ce siècle, elle a été témoin d'un voyage qui eût dû tourner son attention vers ces vastes contrées, et lui prouver que, par cette voie, les communications avec l'Inde étoient faciles.

En 1801, Hadji-Abdoula, marchand Turc de Bagdad, Makou, Grec de Philipol, et deux Arméniens de la Mésopotamie, arrivèrent à Astrakhan avec une cargaison composée de café de l'Yémen, de marchandises de l'Inde, et de tabac de Schiras. La crainte des Vahabites les avoit empêchés de suivre la route ordinaire pour se rendre à Constantinople. Après avoir remonté l'Euphrate jusqu'à Bassora, ils vinrent, en quarante-deux jours, à Enzili, sur la mer Caspienne, en passant par Casroum, Schiras, Ispahan, Cachan et Casbin. Ils s'embarquèrent ensuite à Enzili pour Astrakhan, d'où ils remontèrent le Wolga jusqu'à Dubofka. De ce point les marchandises furent transportées par terre jusquà Catchalni, qui en est à quinze lieues. Elles Ꭹ furent embarquées sur le Don jusqu'à Taganrog, et de là elles furent expédiées pour Constantinople. Depuis cette époque, tous les ans quelques marchands turcs de Bassora traversent toute la Perse pour gagner Recht, capitale du Ghilan, où ils échangent des marchan

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