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diamants, qui, sous Louis XIV, avoit attiré en Perse Chardin et Tavernier, paroît y être entièrement tombé.

Si, après avoir indiqué le commerce actuel d'Astrakhan, il falloit tracer le tableau des relations que pourroient établir des maisons européennes puissantes en capitaux et en crédit, fixées dans cette ville, il suffiroit de rappeler les plans et les vues du tzar Pierre relativement au commerce de cette cité.

Cet homme extraordinaire avoit rapporté de son long séjour en Hollande et de ses voyages en Angleterre le génie de ces deux nations pour le commerce. Il aperçoit d'abord l'importance du commerce de la Perse, et pour prix des secours qu'il accorde au souverain de cette contrée, il se fait céder le Ghilan, le Mazanderan et la province d'Asterabad. Par cette possession, dont les avantages furent méconnus de ses successeurs, il maîtrisoit le riche trafic de deux vastes empires, et établissoit des relations promptes avec toutes les contrées qui bordent l'Indus, depuis le Pendjab jusqu'au Guzurate.

Pour être en état de défendre ses nouvelles

provinces, il est nécessaire que Pierre-le-Grand domine la mer Caspienne, et immédiatement il fonde un vaste chantier à Astrakhan, et trois ou

quatre années lui suffisent pour y construire de nombreux bâtiments de transport et les vaisseaux de guerre qui doivent les protéger.

Le tzar sait que, dans la Boukharie, Balk, Samarcande, Boukhara sont des villes importantes, dont les relations s'étendent au Thibet, au Cachemire et dans l'Inde; et, après avoir fait reconnoître le pays par le capitaine Allemand Bucholts, auquel il donne des instructions toutes écrites de sa main, il se détermine à faire partir une expédition pour Khiva, et y envoie trois mille hommes commandés par le prince Bekovits, qu'il charge spécialement de rechercher l'ancien cours de l'Oxus, dans l'intention de ramener dans ses États le riche commerce dont Astrakhan avoit joui pendant le moyen-âge.

La malheureuse issue de l'expédition de Bekovits, que le tzar n'eut le temps ni de renouveler, ni de venger, ne prouve rien contre la sagesse de ses plans dans cette circonstance, puisque, maitre de Khiva, il l'eût été du commerce de la Boukharie; et s'il falloit démontrer la facilité avec laquelle la conquête qu'il avoit projetée pouvoit se faire, je dirois qu'il y a environ vingt ans, un simple parti de cosaques pénétra des bords de l'Oural jusqu'à Khiva, sans

en avoir reçu l'ordre, s'empara de cette ville, et en auroit conservé la possession, si le gouvernement Russe, instruit de l'événement, n'avoit forcé les cosaques de revenir dans leurs stanitses.

Pour appuyer ses vues sur l'Asie centrale, Pierre-le-Grand fait construire trois forteresses sur la côte orientale de la mer Caspienne.

Portant ses regards sur tous les points de ses vastes frontières, il veut profiter de tous les moyens qui sont en son pouvoir pour étendre le commerce de son empire.

En 1653 (1), un gouverneur de Tobolsk avoit établi les premières relations avec la Chine, par l'intermédiaire d'un homme intelligent, nommé Baïkow. Mais ces relations avoient eu si peu de publicité, qu'un voyageur prétend que les Russes et les Chinois ignoroient réciproquement leur existence, lorsqu'en 1680 ils se rencontrèrent sur les bords du fleuve Amour, poursuivant les uns et les autres des Tongousses qu'ils cherchoient à subjuguer. Chacun d'eux se prétendoit sur son territoire, et les deux nations étoient

(1) Dans un ouvrage allemand sur le commerce de la Russie, on assure que, dès le commencement du dix-septième siècle, il y a eu quelques rapports de commerce entre la Sibérie et la Chine.

prêtes à en venir aux mains, quand le tzar qui régnoit alors envoya à Péking une ambassade, dans le but de calmer ces différends. Elle n'eut d'abord aucun succès; mais, en 1689, Fœdor Golovin, nouvel ambassadeur, fixa les limites des deux États, et signa un traité de commerce. C'est à peu près à cette époque que les autres puissances chrétiennes établissoient par Canton

des relations avec la Chine.

Le commerce entre les deux empires limitrophes n'avoit eu, depuis 1691 jusqu'en 1712, qu'une bien foible extension, lorsque le tzar Pierre envoya comme ambassadeur à la Chine Laurent Lange, en lui faisant prendre la route de la Sibérie. Cet ingénieur Suédois, homme habile, réussit complétement dans sa mission, demeura long-temps à Péking comme résident du tzar, et prépara le traité du 14 juin 1728, signé à Kiakhta, qui non-seulement confirma aux Russes le droit d'envoyer tous les ans des caravanes à Péking, mais même celui d'y avoir une église et des prêtres. Si depuis ces priviléges ont été perdus, et si le commerce entre les Russes et les Chinois a été transporté à Kiakhta, aux frontières de la Chine", il n'en doit pas moins au tzar presque toute son importance actuelle. Astrakhan est aussi bien situé que Moscou pour suivre

ces relations, qui seroient susceptibles d'acquérir la plus grande extension, si le gouvernement Russe, dans son intérêt bien entendu, je pense, consentoit à accorder à beaucoup de produits des manufactures européennes le droit de transit qu'ont obtenu les draps Prussiens.

J'ai indiqué les relations qu'Astrakhan peut établir avec toutes les contrées qui bordent la mer Caspienne, avec celles qui sont situées à l'orient du Wolga, le nord de la Russie et la mer d'Azow. Ces détails suffisent pour faire juger l'importance de cette ville, et prouver qu'elle mérite aussi de fixer l'attention des négociants Européens.

Après y avoir passé quinze jours, nous en partimes le 18-30 novembre pour Taganrog. La surveille de notre arrivée, à cinq heures du soir, le thermomètre étoit à huit degrés audessus de glace; le lendemain, à sept heures du matin, il étoit à 16 au-dessous. Les chevaux et les bœufs qu'on avoit laissés dans les champs n'avoient pu résister à une transition si forte et si rapide nous en trouvâmes un grand nombre gelés le long du chemin. Échappés nousmêmes presque miraculeusement à ce danger, nous arrivâmes à Taganrog le 1-13 décembre 1820: après avoir passé quelques mois dans

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