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DANS

LA RUSSIE

MÉRIDIONALE.

CHAPITRE PREMIER.

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Départ de Paris.-Arrivée à Mozdok.-Description de cette ville. Passage du Terek.-Vladi-Caucase. - Balta. -Laars.-Défilé de Dariel.-Renseignements sur cette position. Kasbek.-Arrivée à Koby.

PARTI de Paris le 12 octobre 1819, je traversai l'Autriche, la Moravie, la Galicie, la Podolie et la Volhinie, pour me rendre à Odessa, où je passai l'hiver. Je quittai cette ville au mois de mai 1820, et, après avoir séjourné à Taganrog et à Novotcherkask, ville capitale des cosaques du Don, je traversai avec beaucoup de difficulté, à Axaï, le Don qui, dans ce moment,

étoit débordé à plus d'une lieue de son lit ordinaire, et j'arrivai à Mozdok le 8-20 mai 1820.

Mozdok, située au 43° 43' 40" latitude nord, et au 61° 30' longitude de l'île de Fer, n'est qu'un grand village, dont les maisons, la plupart bâties en bois ou en clayonnage, sont séparées les unes des autres par des jardins et des enclos. Elle fut construite par les Russes, en 1763, deux ans après que Mouza-Kourgok-Kautchokin, prince de la petite Cabardah, eut cédé à la Russie ce territoire qui faisoit partie de ses domaines.

Les ruines du vieux Mozdok sont situées dans un bois, à sept werstes de la nouvelle ville. Le fort qu'on y a construit suffit pour garantir cette position contre les incursions des montagnards; mais il seroit de peu de défense contre une armée européenne. Pour ajouter à la force de la place, on a voulu détourner le Terek, et le faire passer autour de l'enceinte. Ce travail, fait avec peu de soin, n'a eu d'autre résultat que de former aux environs de cette ville des marais qui en rendent le climat insalubre, et déterminent en été et en automne des fièvres intermittentes parmi les étrangers qui l'habitent momentanément. La ville est élevée de quelques toises au-dessus du Terek. Le pays qui

l'environne est plat; les terres sont fertiles : on y cultive du blé, de l'orge, beaucoup de millet et du tabac. On y élève des chevaux et des bestiaux.

La population de Mozdok est d'environ cinq mille âmes elle se compose de Géorgiens, d'Arméniens et d'anciens habitants du Caucase, indépendamment d'une garnison russe assez nombreuse. Les Géorgiens et les Arméniens s'occupent de la culture des terres et du commerce. Le plus grand nombre est venu se fixer à Mozdok, lorsque le féroce eunuque Mahomed-Aga, vint, en 1795, ravager la Géorgie, et particulièrement Tiflis. Presque tous les Ossétes, les Kabardiens et les Lesghis qui habitent Mozdok y sont venus pour se soustraire à la mort dont ils étoient menacés dans leur patrie, en représailles de meurtres qu'eux ou quelquesuns des leurs avoient commis: car, parmi ces montagnards, comme dans la Corse, et dans la plus grande partie de l'Asie, le sang ne peut être vengé que par le sang, et, à défaut du coupable, un membre de sa famille est frappé à sa place. Sous le gouvernement de la Russie, ces barbares sont tranquilles, et l'on n'a que peu d'exemples d'assassinats dans une ville dont peut-être un vingtième de la population est

coupable de meurtres. Ces montagnards trou→ vent dans l'agriculture et le commerce les ressources suffisantes pour subvenir à leur existence. Dans ce pays, le tchetwert de blé ne vaut souvent que 7 ou 8 francs; une livre de viande se paye moins de 2 sous; un habit circassien, de drap couleur vigogne, fait avec du poil de chameau, garni d'un petit galon, coûte, tout fait, 25 francs, et une paire de bottines 4 francs au plus.

Les habitants de Mozdok diffèrent entre eux de religion, de mœurs et de langage. Les Russes et les Géorgiens suivent le rite grec. Les montagnards sont la plupart mahométans chites; mais ils entremêlent des cérémonies chrétiennes à celles que leur prescrit le coran. Les catholiques, parmi lesquels on compte un assez grand nombre d'Arméniens, quelques Géorgiens, des Polonais militaires ou attachés à l'administration de l'armée Russe, ont une église desservie par deux jésuites. L'un, le P. Voichevila-Polowi, est un homme d'une piété et d'une vertu exemplaires; il est pour tous les peuples de la ligne (1), quelle que soit leur religion, un objet

(1) On appelle dans cette contrée la ligne, la frontière garnie de forteresses placées le long du Terek et du Kouban.

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