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de la chaleur et d'une sécheresse excessive. Pendant notre séjour à Gori, la pluie tomba par torrent pendant vingt-quatre heures consécutives, et nous craignîmes avec raison qu'elle ne gâtât à tel point les chemins que notre voiture n'y pût passer qu'avec beaucoup de difficulté. Malgré le mauvais temps, nous partîmes de Gori le 3-15 août, à huit heures du matin.

En sortant de la ville, le terrain est entièrement couvert de broussailles et de cailloux jusqu'à une werste de distance : il fallut traverser sept à huit bras d'une rivière ou torrent, d'autant plus rapide alors, que les eaux qui arrivoient des montagnes avoient été fortement grossies par la pluie. Nos chevaux avoient de l'eau jusqu'au-dessus du poitrail; le passage devoit être impossible pour les piétons, au moins pendant

quelques jours.

A quatre werstes de Gori, sur la droite, presqu'au pied des montagnes qui, de ce côté, sont les dernières ramifications du Caucase, on trouve un village qui ne renferme qu'un petit nombre d'habitations, mais qui doit avoir été très-considérable, si on en juge par des tours, les unes carrées, les autres rondes, éparses au milieu de beaucoup de ruines. Après dix werstes de marche, on arrive dans une très-belle plaine,

qui m'a paru mieux cultivée que la partie de la Kartalinie que nous avions déjà parcourue. On rencontre quelques villages, et le haut des montagnes est, sur plusieurs points, couvert de débris de châteaux forts. Parmi ces villages, il faut distinguer celui de Rouissy, dont la population est considérable. La culture des terres fertiles qui l'environnent est favorisée par une petite rivière qui le baigne, et qui sert aux arrosements. L'église de Rouissy est assez belle; sa fondation m'a paru du moyen âge.

Le poste des cosaques, entre Gori et Souram, est placé dans un fond entouré de montagnes, et près d'un marais; aussi presque tous les cosaques étoient attaqués de la fièvre : il se nomme Gargareb, du nom d'un village qui en est à peu de distance. De ce poste à Souram, on compte vingt-deux werstes. Pendant les cinq premières, on traverse une forêt dont le terrain est maigre; les arbres y sont généralement rabougris. Plus loin, la terre est assez fertile et mieux cultivée. De distance en distance, on trouve des villages dont les maisons sont bâties avec peu de soin quelques-unes en terre, d'autres en clayonnage. Elles contrastent avec de vieux châteaux, des églises, et des tours bâties en pierre avec assez de solidité pour avoir échappé à la dévastation

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qui suivoit les irruptions continuelles des Persans et des Lesghis.

Le pays qui environne Souram est assez beau. Du haut de la forteresse, la vue embrasse les vallées et les collines qu'on doit traverser pour entrer en Immirette; et elle n'est arrêtée que par la crète des montagnes élevées qui lient le Caucase aux montagnes du pachalick d'Akhaltzikhe. A une werste de Souram, sur la gauche, on aperçoit, au milieu de quelques peupliers, un assemblage de maisons en bois. Les voyageurs arrivant d'Akhaltzikhe, qui n'est qu'à quatre-vingt-six werstes de Souram, y font quarantaine. Celle à laquelle sont assujétis dans ce moment les voyageurs et les marchands, n'est que de quatorze jours. D'ailleurs, il n'existe que très-peu de relations entre Akhaltzikhe et l'Immirette. Les marchands qui arrivent à la quarantaine de Souram payent un droit modique sur les objets qu'ils importent.

Nous fumes assez heureux pour trouver à Souram le major Titoff, commandant du district de Gori, pour qui nous avions des lettres de recommandation, et qui alloit partir de cette dernière ville au moment où nous y entrions. Il nous fit donner un très-bon logement chez un officier de la garnison, qui nous accueillit avec

beaucoup d'empressement. Le château de Souram est situé sur une montagne élevée et isolée, comme à Gori, et domine tout le pays. Il a été construit sous la reine Thamar, à laquelle on attribue presque tout ce qu'il y a d'un peu remarquable en Géorgie.

Souram est entourée de villages, dont les habitants jouissent d'une grande aisance. Nous payâmes cinq roubles en assignations pour un mouton assez gres. Tous les vivres étoient générålement à bas prix.

Il y a à Souram quelques familles juives, parmi lesquelles il en est d'esclaves. Ces Juifs sont dans cette contrée de temps immémorial. Ils s'occupent d'un commerce de détail, et de la vente des productions du pays.

Le 4-16 août, à quatre heures du matin, nous partîmes de Souram. Quoique les troubles fussent apaisés dans le Gouriel et l'Immirette, on nous fit cependant donner, par précaution, une escorte de trente soldats d'infanterie et de quatre cosaques; et comme le chemin que nous avions à parcourir pour aller à Novo-Malinski étoit très-mauvais, on nous amena quatre paires de bœufs pour remplacer nos chevaux, qu'on jugeoit hors d'état de conduire notre britchka. Nous payâmes ces bœufs à raison de

2 copecs d'argent (8 centimes) la paire, pour chaque werste.

Presqu'en sortant de la ville, on aperçoit à droite des ruines de fortifications, et on entre dans une vallée qui, après une werste de distance, devient extrêmement étroite. Elle est entourée de hautes montagnes couvertes de forêts épaisses. Ces forêts règnent sans interruption pendant les vingt-une werstes qui séparent Souram du poste des cosaques de Malinski. On y reconnoît le chêne, le hêtre, le frêne, l'érable, le platane et des peupliers de plusieurs espèces. Les arbres fruitiers n'y étoient pas moins multipliés. On ne trouve pas à ces forêts les caractères de la vétusté. Cette observation vient à l'appui de l'opinion des personnes qui assurent qu'autrefois le terrain dont les arbres se sont emparés étoit cultivé et trèspeuplé. Les dissentions civiles, les invasions étrangères ont dispersé ou détruit les hommes et anéanti la culture. Ces bois appartiennent les uns à la couronne, les autres à des Géorgiens et à des Immirétiens qui n'en tirent aucun parti.

A quelques werstes de Souram, nous rencontråmes la veuve du colonel Pousileski, assassiné au mois d'avril dernier, à l'instant où commen

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