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tion. La plus grande partie des raisins reste sur les arbres, et on ne récolte pas le houblon : en Géorgie, l'usage en est inconnu.

Il étoit huit heures lorsque nous arrivâmes à Zakarakede. Ce poste est dans une assez belle position, au milieu de plusieurs vallées séparées par des monticules de hautes montagnes l'entourent de tous côtés. Nous n'y trouvâmes rien ni pour nos chevaux, ni pour nous-mêmes. Comme nous n'avions que douze werstes à faire pour arriver au poste de la Quirila, nous ne partîmes qu'à midi de Zakarakede. Le pays que nous parcourûmes étoit moins montagneux et moins boisé que celui que nous avions traversé la veille. La plupart des habitations étoient bâties au milieu des bois, et sur le penchant des montagnes. Nous n'étions pas en route depuis long-temps, lorsque nous rencontrâmes une troupe d'Immirétiens qui alloient à une noce. Cinq à six hommes à cheval, richement vêtus en velours bleu et cramoisi galonnés en or, entouroient la jeune mariée, sa mère et quelques femmes de leur suite. Plusieurs enfants de douze à quinze ans suivoient à pied le pas des chevaux, qui alloient assez vite.

Arrivés à la Quirila, au lieu de nous arrêter à un camp de deux cents hommes d'infanterie qui

y est établi, nous préférâmes traverser à l'instant la rivière sur un ponton placé sur deux cayouques, et conduit par des Immirétiens. Mon fils et l'interprète Tartare passèrent plus bas à gué, non sans quelque danger, à cause de la rapidité du fleuve, déterminée par les pluies de la veille. Un Arménien y avoit péri le matin avec son cheval,

Nous passâmes la nuit au poste des cosaques, où nous fûmes mieux logés que nous ne l'avions été depuis plusieurs jours. Dans la soirée, nous nous promenâmes sur les bords de la Quirila; nous y remarquâmes, au milieu des nombreux cailloux amenés par les orages, des morceaux de granit rouge, de marbre blanc statuaire, sans aucune tache, de la pierre meulière et du talc.

Vers les dix heures, arriva le général Vlazoff attaman des cosaques au-delà du Caucase. Nous voulûmes lui rendre son logement, et, quoiqu'il eût la fièvre, il refusa de l'occuper, et se coucha sous sa tente. Il alloit faire l'inspection générale de ses troupes.

Partis le lendemain de bonne heure, nous mîmes quatre heures pour atteindre les bords de la Tchelabory, où nous déjeûnâmes; de là, nous arrivâmes en trois heures à Kotaïs.

Après avoir passé quelques jours dans cette ville avec le prince Pierre Gortschakoff, alors

gouverneur provisoire de l'Immirette, nous partimes pour Maragne sur la Tskeniskal. Le but de ce voyage, dans une saison dangereuse pour les étrangers, étoit de voir le port de débarquement des marchandises qui, venant d'Europe, en remontant le Phase, sont destinées pour la Géorgie. On m'avoit donné à cet égard des renseignements que je voulois vérifier par moimême, afin de pouvoir répondre aux objections auxquelles je devois m'attendre, du moment qu'il s'agissoit d'ouvrir une nouvelle route au

commerce.

A notre retour de cette excursion, nous repartimes pour Tiflis, et vinmes coucher le premier jour à la poste de la Quirila, si renommée pour son insalubrité en juillet, août et septembre, qu'à cette époque de l'année les Arméniens ne s'y arrêtent jamais, pas même pour y faire rafraîchir leurs chevaux.

Le lendemain, M. Moro, qui déjà, avant son départ de Tiflis, avoit éprouvé quelques accès de fièvre, en fut de nouveau atteint. Arrivés à Gori, mon fils et tous mes compagnons de voyage tombèrent également malades, et nous fûmes obligés de nous arrêter pendant quelques jours dans cette ville. Cependant M. Moro desiroit notre départ pour Tiflis, n'ayant de con

fiance que dans le docteur Briebel, médecin généralement aimé et estimé. Pour nous y rendre en un jour, nous nous décidâmes à prendre la route d'Alkhalaka, qui cotoie la rive droite du Kour, et qui, disoit-on, étoit beaucoup plus la route ordinaire.

courte que

L'Arménien chez qui nous étions logés à Gori voulut nous accompagner jusqu'au fleuve, qui est éloigné d'environ une werste de la ville, nous assurant que les difficultés du passage à gué étoient plus grandes qu'on ne nous les avoit représentées. En effet, en arrivant sur les bords du Kour, nous le trouvâmes débordé. Nos cosaques, qui cherchèrent long-temps un gué facile, trouvoient toujours l'eau trop profonde. Enfin, l'un d'eux reconnut un passage par où son cheval parvint à l'autre bord sans perdre terre. Nous le suivîmes, mais dans un bas-fond qu'on ne pouvoit apercevoir; tout-àcoup la voiture pencha de telle manière, que peu s'en fallut qu'elle ne fût renversée dans le fleuve. Si cet accident étoit survenu, nous nous serions tous infailliblement noyés. Enfin, nous parvinmes avec beaucoup de difficultés de l'autre côté du Kour, et nous arrivâmes vers midi au village d'Alkhalaka (1).

(1) Chardin est venu de Gori à Tiflis par Alkhalaka. Il

Le maire nous y avoit fait préparer à dîner. M. Moro, qui avoit été très-saisi au passage du fleuve, ne mangea pas; il pouvoit à peine se soutenir. Après deux heures de repos, nous nous remîmes en route. Les chemins étoient affreux; jamais ils n'avoient été parcourus par aucune voiture. A chaque pas nous étions près d'être jetés dans des précipices. C'est dans ce moment que notre domestique Sicilien, placé sur le siége, poussa un cri d'effroi en nous faisant apercevoir M. Moro tombé dans un état d'apoplexie. Ses yeux étoient fixes, et il ne pouvoit prononcer que des mots mal articulés. Nous étions loin de tous villages, de tous secours, et nos efforts pour le retirer de cet état alarmant furent infructueux. Il nous falloit encore plus de quatre heures pour sortir des routes difficiles dans lesquelles nous étions engagés. Enfin, à neuf heures du soir, nous arrivâmes à un village à sept werstes de Mtskhetha, et nous fûmes long-temps avant de pouvoir obtenir un logement. Nous transportâmes de suite M. Moro sur un matelas qu'on avoit étendu à l'entrée de la maison; et à peine y étoit-il placé, qu'il expira.

Il est difficile de dépeindre la douleur que

parle des ruines anciennes qu'il y a vues. Je n'ai pu les reconnoître.

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