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de Tiflis, dont les ruines sont si bien conservées. Après la mort de Chah-Abbas, tantôt la Géorgie fut entièrement indépendante, tantôt elle fut tributaire de la Perse; et comme elle lui fournissoit ses meilleures troupes et ses plus habiles généraux, elle étoit traitée avec beaucoup de ménagements.

Durant la première moitié du dix-huitième siècle, elle fut fréquemment ravagée. Après la mort de Thamas-Kouli-Kan, Héraclius, qui avoit servi dans les armées de ce conquérant, se fit proclamer roi de Géorgie. Son règne fut continuellement troublé par la guerre que lui firent les Persans.

Lorsque, pendant tant de siècles, toute l'Asie, depuis la Boukarie et le Caucase jusqu'à l'Océan indien, depuis la rive droite de l'Indus jusqu'à l'Euphrate, étoit sans cesse envahie, divisée entre un grand nombre de souverains, ou sous la dépendance d'un seul, on conçoit facilement que les limites de la Géorgie n'ont jamais été bien fixes; que quelquefois ses rois étoient réduits à une seule de leurs trois provinces, qui prenoit alors le titre de royaume; que quelquefois aussi ces États se sont étendus depuis la mer Caspienne jusqu'à la mer Noire, depuis le Caucase jusqu'à l'Araxe, et ont même compris la

plus grande partie de l'Arménie. Tel paroît avoir été le royaume de cette reine Thamar, si célèbre dans les annales de la Géorgie, de cette reine qui, ayant le sentiment de sa force, de ses talents et de son courage, se faisoit fièrement appeler le roi Thamar.

Sous l'avant dernier roi de Géorgie, Héraclius, dont le long règne a été illustré par tant de combats et de faits d'armes extraordinaires, les limites de la Géorgie changeoient chaque année.

Ce prince, peu de temps avant sa mort, voyant son pays épuisé d'hommes et d'argent, et ne pouvant plus résister à ses ennemis, mit son royaume sous la protection de la célèbre Catherine II.

Son fils George, tout occupé du bonheur de ses sujets, et pénétré de l'impossibilité de soustraire la Géorgie aux continuelles invasions des Persans et des Lesghis, céda, par son testament, ses États à l'empereur de Russie. Paul régnoit alors, et il accepta le nouveau royaume qui lui étoit offert.

Au surplus, la démarche d'Héraclius, la mesure plus décisive prise par son fils, n'étoient pas les premières de cette nature faites en faveur de la Russie.

Dès 1586, Alexandre, czar de Kakétie, une

des trois provinces qui composent aujourd'hui la Géorgie, avoit prêté serment de fidélité à Feodor Ivanovitch. A cette époque, George, czar de Kartalinie, prêta le même serment pour lui et ses enfants. En 1618, en 1639, en 1674, en 1708 et 1712, les souverains de divers royaumes qui composoient la Géorgie, et ceux de l'Immirette, tous Chrétiens du rit grec; ne pouvant se passer de protecteurs et d'appui contre les Lesghis, les Persans et les Turcs, reconnurent la suzeraineté des empereurs de Russie qui régnoient à ces diverses époques.

Cependant la prise de possession de la Géorgie par l'empereur Paul éprouva quelque opposition, non de la part du fils de George, alors en bas-âge, mais de celle d'un des frères du roi défunt, nommé Alexandre, qui, après avoir fomenté pendant quelque temps des troubles, s'est ensuite retiré en Perse, où il vit encore. A cette époque, un peu avant la mort de Titianoff, dont je parlerai plus tard à l'article de Bakou, ce général avoit été chargé, par le gouvernement Russe, de faire partir pour Moscou Marie, veuve du roi George, et qui étoit de sa famille. On la considéroit comme l'âme et l'appui des mécontents. Le prince veut mettre dans l'exécution de cet ordre toute la déférence et les

égards propres à en adoucir la rigueur; il en charge le général Lazareff, né aussi Géorgien, et qui passoit pour avoir été l'amant de la reine. Celui-ci se présente à son lever, et, après de grandes protestations de respect et de dévouement, il lui fait connoître à regret la commission dont il est chargé. Marie le regarde fixement, et lui dit : «<Lazareff, n'oublie pas que » tu es mon sujet, et ne te permets pas de me » répéter un pareil ordre, ou je saurai t'en » punir. » Le général s'excuse, mais insiste; et dans le moment même Marie tire son quindjal, et le jette mort à ses pieds (1).

Après cette vengeance, que l'empereur crut ne devoir pas punir, elle se laissa conduire en Russie, où elle fut enfermée dans un couvent. Plus tard, on lui rendit la liberté, et elle demeure aujourd'hui à Moscou, où le Gouvernement lui fait une pension.

Depuis le jour où la Géorgie a été réunie à l'empire de Russie, l'histoire de cet ancien royaume n'est plus que celle de ses gouverneurs-géné

(1) Telle étoit la version généralement adoptée ( et que la reine Marie confirma par son témoignage). Mais on assure qu'environ dix ans après, un des officiers de la reine, au moment de mourir, avoua que c'étoit lui qui, d'après ses ordres, avoit poignardé le général Lazareff.

raux qui se sont succédé avec rapidité. Doués de plus ou de moins de talents, aucun d'eux (1) ne vouloit, en suivant une route tenue par celui qui l'avoit précédé, paroître son imitateur. Ainsi l'administration avoit le grand défaut de manquer d'ensemble, et de n'avoir aucune suite dans sa marche.

Ces inconvéniens tenoient au temps et aux circonstances. Il étoit en effet bien difficile à l'empereur Alexandre, au moment où ses armées étoient employées en Europe à des expéditions guerrières, et ses revenus absorbés, de donner une sérieuse attention à une contrée éloignée, et dont la réunion à l'empire n'avoit pas reçu l'approbation générale. La Géorgie, séparée de la Russie par le Caucase, comme l'Espagne l'est de la France par les Pyrénées, étoit considérée par beaucoup de bons esprits comme une possession parasite, d'autant plus nuisible, qu'on étoit forcé d'y laisser une armée considérable, dont la privation se faisoit à tout moment sentir, et qui, par l'effet du climat et des guerres des montagnes, perdoit tous les ans un cinquième, et quelquefois un quart de ses soldats. D'après

(1) Parmi les gouverneurs généraux de la Géorgie, nul n'a laissé un plus grand nom que Titianoff, Géorgien, à qui l'administration de ce royaume a d'abord été confiée.

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