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quelques difficultés, la route étant presque à pic en quelques endroits, nous fimes halte pour déjeûner près d'une source de très-bonne eau: devant nous s'ouvroit, dans le lointain, une vallée garnie de très-beaux arbres.

Un prince Kabardien, soumis à la Russie, qui conduisoit un troupeau de chevaux, nous vendit pour 14 ducats un assez bon cheval, âgé de huit ans ; il servit à mon fils pour aller jusqu'à Tiflis. Notre interprète conclut le marché, et le Kabardien lui prit la main en signe de ratification.

l'on a

Après avoir marché pendant cinq heures dans une vallée, nous nous arrêtâmes à Constantinofskoi. Cette redoute n'est qu'un enclos entouré d'une levée en terre, haute de sept ou huit pieds, et d'une simple palissade. C'est ainsi que sont construites presque toutes les forteresses de la ligne du Terek, et celles que placées dans les pays au-delà du Caucase. Si, au milieu des montagnes, on eût établi des forts construits en pierre, et en état de résister également à une attaque et aux injures du temps, peut-être les peuples de la Circassie eussent-ils pris de la nation Russe une plus haute opinion que celle qu'ils doivent concevoir à la vue de ces frêles remparts, qui doivent leur donner l'idée d'une occupation momentanée.

Presqu'en sortant de Constantinofskoï, on traverse, l'espace de sept werstes, une forêt assez épaisse. Les arbres les plus communs sont le chêne, le frêne, le peuplier, l'érable et le tremble. La plaine qu'on rencontre ensuite s'étend jusqu'à Vladi-Caucase. Le terrain en est très-bon. On regrette de la voir inculte et inhabitée. Sa largeur est d'environ soixante werstes; vraisemblablement sa longueur est très-consi

dérable.

Dans un pays où les convois sont sans cesse exposés à être assaillis de coups de fusil par les montagnards embusqués dans les forêts, on feroit sagement de couper les arbres à une werste de distance de chaque côté de la route. Au commencement du dix-huitième siècle, cette mesure fut adoptée en France, lorsqu'à la suite des guerres de la succession et du licenciement d'une partie de l'armée, les forêts d'Orléans et de Senlis étoient devenues le repaire d'une foule de brigands.

On

passa

la nuit à Élisabethskhoï. Le lundi, nous partìmes à sept heures du matin, et à midi nous avions parcouru les vingt-deux werstes qui nous séparoient de Vladi-Caucase.

Cette forteresse diffère de toutes celles qu'on rencontre entre Mozdok et Tiflis. Elle est soli

dement construite, et située dans une très-belle plaine, au pied de la grande chaine du mont Caucase. Elle occupe un carré-long. La rue principale est très-large et décorée d'une assez belle porte. Elle se termine par un tertre peu élevé, sur lequel est bâtie la maison du commandant, qui domine sur toute la plaine. Nous avons eu beaucoup à nous louer de l'accueil que nous fit cet officier. Il occupe ce poste depuis cinq ans, et reçoit avec aménité tous les étrangers qui chaque semaine vont, par convois, de Tiflis à Mozdok, ou de Russie en Géorgie.

Le nombre de voitures qui se rendent de Mozdok à Tiflis est si peu considérable, qu'on ne trouve sur cette route que des chevaux de selle aux stations de cosaques. Heureusement nous trouvâmes à louer à Vladi-Caucase huit chevaux pour le prix de 400 roubles assignations (400 fr.), pour nous conduire à Tiflis, qui en est à cent quatre-vingts werstes. Dans l'intérieur de la Russie, nous n'eussions pas payé la moitié de cette somme pour faire le chemin; mais les chevaux étoient très-bons, le cocher adroit et intrépide, et nous ne regrettâmes pas le prix que nous avions payé.

Vladi-Caucase est situé sur l'emplacement d'un antique château; l'immense plaine en avant

de cette forteresse fut jadis habitée par les Huns on y nourrissoit d'excellents chevaux.

Si le gouvernement Russe exécutoit le projet qu'on lui suppose, de fonder une colonie de soldats vétérans dans cette plaine fertile, aujourd'hui inculte; s'il y faisoit construire des forts de distance en distance, pour contenir les montagnards et empêcher leurs incursions; si enfin il transportoit la population de Mozdok sur la droite du Terek, alors le convoi de deux cents hommes et de deux pièces d'artillerie, nécessaires pour traverser cette partie des montagnes avec sûreté, deviendroit inutile.

Après avoir passé vingt-quatre heures à VladiCaucase, nous en repartimes le 18-30 à deux heures après midi. Presqu'en sortant de la forteresse, on traverse le Terek sur un pont de bois, et on cotoie ensuite ce fleuve en le remontant le long de sa rive gauche. Au bout de sept werstes, on rencontre le village de Balta, situé sur le sommet d'une montagne. On y voit une tour carrée, dont la construction est très-ancienne. Elle est bâtie en briques, et ne manque pas de solidité. Le pont en bois dont parle M. Klaproth n'existe plus. Le village de Balta appartient à un des princes de la maison de Dondar. Leur père étoit célèbre, parmi les mon

tagnards, par ses brigandages et ses cruautés. Ses fils sont soumis à la Russie; quelques-uns ont des grades dans l'armée. Cette famille est assez nombreuse.

De Balta à Laars, on compte quinze werstes. A mesure qu'on approche de ce dernier village, la vallée se rétrécit. Au lieu de montagnes couvertes de bois, on n'aperçoit plus que des rochers stériles. Laars est situé dans une position élevée qui domine le chemin; il appartient à un prince de la maison de Dondar, nommé Djancotte, qui, en se soumettant à la Russie, a pris le nom de Dondaroff.

Laars est à sept werstes de Dariel. Entre ces villages, la vallée est encaissée entre deux chaînes de rochers à pic, tantôt schisteux, tantôt calcaires; quelquefois les pierres sont superposées, et entremêlées par couches d'une épaisseur plus ou moins grande. Le Terek occupe presque toute la largeur de la vallée, et s'y précipite avec un bruit effroyable. Une route étroite existoit sur la droite du fleuve; elle a été enlevée par la violence du courant, à l'époque de l'avalanche de 1817. Pour rétablir la communication, on a coupé dans les rochers, sur la gauche du fleuve, à quelques pieds au-dessus du niveau des plus hautes eaux, un chemin de dix à douze pieds de

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