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ne s'écarte

pas des proportions des pays les plus salubres en Europe, et le nombre des naissances surpasse de beaucoup celui des décès.

On remarquoit autrefois que, chez ce peuple, il mouroit beaucoup plus de femmes que d'hommes, et surtout de jeunes filles, vers l'àge de dix à douze ans. On croit en avoir trouvé la cause dans l'usage des Arméniens et des Géorgiens de marier leurs filles quelquefois lorsqu'elles avoient à peine dix ans. Ces mariages précoces tenoient à la crainte continuelle des chrétiens de cette contrée de voir leurs filles, généralement belles, demandées par les souverains de la Perse aux rois de Géorgie, qui, presque toujours dans leur dépendance, osoient rarement les refuser. Elles échappoient à ce danger du moment où, selon les préjugés orientaux, le mariage les avoit rendues indignes d'entrer dans le harem du grand roi.

La crainte d'être pour toujours séparés de leurs filles, et surtout de les voir changer de religion, déterminoient souvent les Arméniens de Tiflis à leur trouver un protecteur respecté des rois de Géorgie et de la Perse, en les fiançant, dès leur plus jeune âge, aux Russes que leurs affaires appeloient dans cette contrée. Ces deux causes de mariages prématurés n'existant plus, le pa

triarche a défendu aux évêques et aux prêtres de marier les jeunes filles avant l'âge de douze ans. Cependant l'archevêque Narsès est persuadé que, malgré toutes les précautions qu'il prend pour constater l'âge des mariées, souvent les parents éludent cette disposition, lorsque leur intérêt les détermine à avancer l'établissement de leurs enfants.

Le ciel est presque toujours pur à Tiflis; on y compte à peine trente à quarante jours de pluie dans l'année. L'hiver commence ordinairement vers le 10 décembre, et ne dure qu'environ deux mois, pendant lesquels le thermomètre baisse rarement de 3 à 4 degrés. Pendant l'été, la chaleur, concentrée dans le bassin qui environne Tiflis, est quelquefois excessive, surtout dans la ville vieille. J'y ai vu, en 1820, le thermomètre s'élever à 33 degrés à l'ombre. Dans les années ordinaires, il se maintient pendant tout l'été entre 22 et 28 degrés. Dans la partie élevée de la ville neuve, où est le palais du gouvernement, la chaleur est beaucoup moins forte, et diffère quelquefois de 3 à 4 degrés de celle qu'on éprouve dans la ville basse.

Pendant les grandes chaleurs, les étrangers qui manquent de sobriété sont quelquefois exposés à des fièvres chaudes et cérébrales, et le plus

fréquemment à des fièvres intermittentes qu'on traite à présent à la manière de l'Inde, d'abord par le calamel et l'ipécacuanha, ensuite avec le quinquina, auquel ces fièvres résistent rarement. On évite les rechutes par beaucoup de frugalité. Au reste, si les Européens avoient de grands établissements dans cette contrée, il leur seroit très-facile d'éviter les effets des chaleurs excessives, en faisant bâtir des maisons en bois dans les montagnes, éloignées seulement de deux à trois lieues de Tiflis, et en y passant les mois de juillet, août et septembre. La température de cette région haute est douce, l'air très-sain; le thermomètre s'y maintient habituellement entre 18 et 22 degrés.

Dans une ville dont la population se compose de tant de nations différentes, et sous un gouvernement aussi tolérant que celui de la Russie, on doit s'attendre à trouver à Tiflis une grande diversité dans les édifices religieux. Les musulmans chites et sunnites Ꭹ ont chacun une mosquée: l'une est placée à peu de distance d'un ancien pyrée ou temple des mages. Le dôme, qui servoit au culte du feu, remplacé en Perse par la religion de Mahomet, à l'époque de la conquête par Mahmoud le Gasnevide, est aujourd'hui la demeure d'une pauvre famille géorgienne.

Le rit grec, que suivent les Géorgiens, et le rit arménien ont un grand nombre de temples. C'est dans la cathédrale, à laquelle on donne le nom de Sion, que les Russes assistent aux offices.

Les catholiques ont une église à Tiflis; elle est bâtie vis-à-vis de l'emplacement de l'ancien couvent qui a été détruit à l'époque de l'invasion des Persans, en 1795. Cette paroisse est desservie par des Capucins italiens. Leur établissement en Géorgie date de 1635. Ils étoient alors médecins et chirurgiens des rois de cette contrée, qui avoient pour eux une estime et un attachement particuliers; et comme ils étoient aussi les médecins des ministres et de tous les princes, et qu'ils donnoient gratuitement leurs soins et leurs remèdes aux gens du peuple, eur crédit étoit très-grand. Ces religieux ont toujours vécu en très-bonne intelligence et dans une sorte d'intimité avec les prêtres géorgiens et arméniens.

L'église de Tiflis n'est plus assez vaste pour le nombre des catholiques, qu'on peut évaluer aujourd'hui à environ six cents. Elle est assez bien ornée, et l'office divin s'y célèbre avec beaucoup de décence. Il est assez curieux d'y observer, parmi les cérémonies, d'abord le baiser de

paix, institution si touchante et si politique, dans une contrée où la vengeance étoit placée parmi les devoirs; ensuite, l'usage de donner au fidèle quelques gouttes de vin après la communion.

Le couvent des Capucins n'est séparé que par un mur du préau qui entoure l'église des Arméniens. Tous les dimanches, ceux-ci sacrifient tantôt une brebis, tantôt un jeune agneau. La victime est bénite par le prêtre; on en dépèce les chairs, et on les distribue entre les assistants. Ainsi, dans cette contrée, où le christianisme a été prêché presque dès sa naissance, on a conservé dans le temple catholique des cérémonies qui rappellent la primitive Eglise ; et chez les Arméniens, séparés du rit romain, des sacrifices qui se rattachent à la religion d'Abraham et de Jacob.

Le père Philippe, supérieur du couvent de Tiflis, a été nommé par le pape préfet apostolique dans les provinces au-delà du Caucase : il a sous sa juridiction ecclésiastique les paroisses de Gori et de Kotaïs, toutes deux desservies par des Capucins italiens, et celle d'Akhaltzikhe, qui dans ce moment n'a pas de desservant.

En 1822 et 1823, quatre cents familles arméniennes ont fui avec sept prêtres le territoire turc, et ont été accueillies par le gouvernement.

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