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Russe. Elles occupent, dans le district de Bambac, en Somkétie, les villages de Karacli, Chatzigali, Kopanoltchy, Kopuli et Kactarli.

Dans toute la Géorgie, comme je l'ai observé ailleurs, les personnes attaquées de maladies supposées contagieuses, sont ordinairement abandonnées, et exposées à mourir faute de

secours.

Pour éviter ces malheurs, qui n'étoient que trop fréquents, le père Philippe vient de faire bâtir dans un passage attenant à son monastère un petit hôpital, où les malades de toutes nations et de toutes religions sont reçus et traités. Il est convenu avec deux femmes charitables qu'elles se chargeroient de les soigner, en s'engageant à ne recevoir une rétribution que de ceux qui seroient en état de payer leurs dépenses, et à donner gratuitement leurs soins aux pauvres.

De tels traits font mieux l'éloge du père Philippe que tout ce que je pourrois dire de ce religieux, qui trouve dans la générosité de ses ouailles les moyens de subvenir à une bienfaisance inépuisable pour les indigents.

Les missions étrangères, bien que d'institution religieuse, sont tellement liées aux intérêts du commerce, qu'on me saura gré, je pense, de donner quelques renseignements sur le nombre

et la situation des chrétiens dans la Perse. Le philosophe lui-même est forcé de convenir que la religion chrétienne est celle des peuples civilisés, qui connoissent les droits de l'humanité; tandis que la religion de Mahomet est celle de l'ignorance, du fanatisme et de la barbarie. Envisagée sous ce seul rapport, il n'est pas sans intérêt d'avoir du moins un aperçu des points d'appui de la civilisation en Asie.

Sous Abbas-le-Grand, lorsque l'empire de Perse s'étendoit depuis le Tigre jusqu'à l'Indus, ces contrées renfermoient un assez grand nombre de couvents catholiques, presque tous occupés par les Capucins et les Dominicains. Il y en avoit à Ispahan, à Tauris, et même dans quelques villes du Candahar. Lorsque, sous Louis XIV, Colbert envoya une ambassade, dont le but étoit d'obtenir un traité de commerce entre la France et la Perse, les religieux du couvent d'Ispahan rendirent de très-grands services aux négociateurs. Pendant le siècle dernier, la Perse ayant été le théâtre de guerres sanglantes, les couvents ont été abandonnés, et le plus grand nombre des chrétiens a fui dans des contrées plus tranquilles, et particulièrement dans l'Inde.

On ne connoît plus un seul couvent habité ni dans la Perse ni dans l'Afghanistan. Celui

d'Ispahan, dont Chardin et Tavernier font men tion, existe encore, et le soin de sa conservation et de son entretien est confié à cinq familles arméniennes catholiques, mais qui n'ont

prêtre.

pas de

Pendant les Arméniens du rit romain, que

presque tous marchands, ont eu le bonheur d'abandonner cette terre de désolation, et ont transporté sur les bords du Gange, à Bombay, à Madras, à Calcuta, les débris de leurs richesses et leur intelligence en commerce, et que quelques-uns d'entr'eux y ont fait des fortunes considérables, une population chaldéenne catholique, échappée aux pillages continuels des Kourdes, est venue de la Mésopotamie habiter le canton de Kostroya, à peu de distance de Koy, sur les frontières de l'Arménie et de l'Aderbijan. Elle se compose de trois mille familles, formant environ dix-huit mille âmes.

Ces Chaldéens sont cultivateurs, et soumis à de très-fortes contributions, relativement à leur peu d'aisance. Ils étoient taxés à 1,300 tomans; mais, sous prétexte de retard de payement, et par suite d'abus de pouvoir, cet impôt s'élève ordinairement à plus de 2,000 tomans (32,000 fr.), indépendamment des rétributions en grains et autres productions. Ces Chaldéens ont pour

archevêque un prêtre âgé de plus de soixantedix ans. Il parle presque toutes les langues de l'Orient, et s'exprime très-bien en italien.

Avant l'arrivée de M. le colonel Mazarovitch, dalmate catholique, chargé d'affaires de Russie à Teheran, et protecteur zélé de tous les Européens, l'archevêque chaldéen avoit fréquemment été soumis aux plus affreuses vexations. Son âge et ses vertus n'avoient pu lui éviter la punition du bâton toutes les fois que les contributions étoient en retard; mais depuis que le colonel a accueilli ce prélat avec distinction, lui a donné à sa table la place d'honneur, au milieu des plus grands personnages Persans, il jouit du moins de quelques égards, et ses ouailles ont beaucoup gagné à cet heureux changement dans sa situation.

J'ai parlé du caractère d'obligeance de M. le colonel Mazarovitch : il a eu l'occasion de l'exercer envers une Française, qui, déjà dans un âge assez avancé, s'est trouvée transportée à Tauris, et y a vécu quelque temps des bienfaits de l'empereur de Russie. Depuis cette époque, elle a dû à son appui la place d'institutrice des princesses filles d'Abbas-Mirza. Ainsi, au même moment, M. Cormac, médecin anglais, est attaché au prince héréditaire et à son harem; des Anglais

instruisent les troupes persanes, dirigent leur artillerie, et une femme née à Saint-Domingue, filleule de la princesse de Lamballe, est chargée d'enseigner aux princesses la langue française, et de leur donner une éducation si éloignée de leurs anciennes mœurs et de leurs préjugés.

Je n'ai pu me procurer des renseignements suffisants pour parler des chrétiens dispersés en Turquie; mais entre cet empire et la Perse, à de distance de la ville d'Amadie, sur la peu chaîne des monts Gordiens, entre l'Arménie et la Syrie, des chrétiens Nestoriens en grand nombre ont su conserver à la fois, au milieu des sectateurs d'Omar et d'Ali, leur religion et leur indépendance leur chef, Simon, réunit le pouvoir spirituel et temporel; son peuple, agriculteur et nomade, défendu par des montagnes et par son courage naturel, n'a jamais pu être subjugué. Eloigné de l'Europe, il n'a pu connoître ses arts, participer à ses lumières; mais du moins il n'en est pas séparé par des préjugés invincibles; et déjà l'établissement des écoles dans un grand nombre de villages dépendants de ce chef, annonce qu'il éprouve le besoin de donner de l'instruction à ses compatriotes.

Je reviens à Tiflis, dont cette digression m'a éloigné. Cette ville est devenue depuis quelques

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