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publier que dans le seul but d'être utile au commerce, on excusera l'aridité de ces détails minutieux, mais indispensables pour juger des ressources et des facilités que présente ce pays (1).

L'établissement des bains d'eaux sulfureuses à Tiflis est, en général, bien organisé ; ils sont très-nombreux, et tenus par des particuliers. Le Gouvernement en a fait, depuis cinq ans, construire un très-vaste et commode; les employés connoissent tous les procédés en usage dans les bains de Constantinople. Les eaux sulfureuses de Tiflis ont divers degrés de chaleur, et sont très-fréquentés par les habitants du pays et par les étrangers.

Les femmes surtout vont souvent aux bains; quelques-unes y passent la moitié de la journée, et y font même leurs repas.

Depuis quelques années, les princes Géorgiens s'occupent de plantations. Le beau jardin d'Héraclius, remarquable par les platanes et les peupliers qui l'ombrageoient, est destiné à être transformé en un nouveau quartier. En 1820, le gouvernement Russe l'avoit mis en vente, et n'en avoit trouvé que 5,000 roubles d'argent (20,000 fr.). En 1823, il a été adjugé pour 20

(1) J'ai renvoyé parmi les pièces justificatives les détails sur les poids, mesures et monnoies en usage à Tiflis.

ou 21,000 roubles d'argent (84,000 fr.). La passion de bâtir se manifestoit sur les bords du Cyrus au même moment où elle se développoit sur les bords de la Seine. A de si grandes distances, elle annonçoit un accroissement de prospérité commerciale, les mêmes causes produisant presque toujours les mêmes effets.

Sur le coteau du midi qui domine Tiflis, et d'où l'on jouit d'une vue magnifique, un général, le prince Beboutoff, a fait bâtir une jolie maison de campagne, et tracer avec goût des jardins en terrasse. L'exemple lui en avoit été donné depuis long-temps par le général Akverdoff, homme de beaucoup de mérite, et mort gouverneur de Tiflis. Dans le même canton, le jardin attenant au palais occupé par le général en chef est ouvert au public; il est vaste, bien planté, et distribué avec goût. Un peu plus haut est placé le nouveau cimetière des catholiques; il est devenu un lieu de promenade, où l'on va admirer la belle végétation des vignes de Schyras plantées depuis trois ans. Ces vignes ont été envoyées par le lieutenant-colonel Monthieth, officier de génie anglais au service d'AbbasMirza, et qui a long-temps demeuré dans l'Inde. Il est difficile de trouver un homme plus obligeant. A l'extrémité du cimetière des catho

liques on trouve un joli kiosque, dont une partie sert de lieu de repos aux promeneurs, et l'autre de chapelle.

On ne connoissoit, il y a vingt ans, à Tiflis, que les usages et les habitudes de l'Asie : chacun s'empressoit d'offrir l'hospitalité aux voyageurs, qui rarement visitoient cette ville. Les marchands étoient logés dans les caravanserails: on trouve aujourd'hui dans cette capitale quelques auberges tenues par des Arméniens, un restaurateur et deux boulangers français.

Ces améliorations successives, ce mouvement, cette activité, ces innovations, annoncent les progrès encore inaperçus en Europe du commerce de Tiflis. Ces progrès sont tels, que le produit de la poste aux lettres, qui, en 1820, ne montoit qu'à environ 22,000 roubles assignations (22,000 fr.), s'est élevé, en 1823, à 88,000 roubles. Les revenus de la douane, dans cet intervalle, ont été portés de 100,000 à près de 400,000 roubles assignations; ce qui suppose une importation de marchandises étrangères, tant de la Perse que de l'Europe, de 8,000,000, à raison de 5 p. 100, taux du droit d'entrée.

Dans une ville naissante on ne peut s'attendre à trouver encore un spectacle; mais des danseurs de corde Allemands, et des bayadères

Tartares de Chamakhie viennent de temps en temps, les uns exercer leur agilité et leur adresse, les autres attirer par leurs danses voluptueuses les Géorgiens et les étrangers fixés à Tiflis.

Les travaux pénibles, ceux qui exigent de la force, le soin d'aller chercher de l'eau au Kour, pour la distribuer dans toutes les maisons de la ville, celui de transporter les marchandises, sont, en général, confiés à des Immirétiens. Ce sont les Auvergnats des provinces Russes audelà du Caucase.

Les Allemands qui occupent le village attenant aux faubourgs sur la gauche du Kour, fournissent à la ville des légumes, du beurre, des jambons et d'autres salaisons de porc. La plupart de ces Allemands sont du Wurtemberg. C'est à eux et à une autre colonie de cette nation, également située sur la gauche du Kour, à cinq werstes de Tiflis, qu'est due la culture des pommes de terre en Géorgie. Lorsque je suis arrivé dans cette ville, en 1820, on les payoit jusqu'à 10 sous la livre : leur prix, comme celui de beaucoup de plantes potagères en Géorgie, est aujourd'hui très-modéré. Les Allemands dont je viens de parler paroissent satisfaits de leur sort, et ne peuvent manquer de prospérer.

CHAPITRE VII.

Population actuelle de la Géorgie.-Caractère des Géorgiens, des Arméniens, des Tartares, des Persans et des Kourdes.—Arrivée du patriarche Arménien sur le territoire russe. — Refus de le renvoyer au couvent d'Etchmiadzin.-Jeux et exercices des Géorgiens.- Danses des Géorgiennes sur leurs terrasses.

ON évalue la population de la Géorgie proprement dite à soixante mille familles, qu'on peut porter à trois cent soixante mille âmes; ce qui fait environ cent vingt habitants par lieue carrée ce sont les débris d'une population assez considérable, détruite par les invasions successives auxquelles cette malheureuse contrée a été en proie. Ainsi, lorsqu'en 1618, Chah-Abbas s'empara de la Géorgie sur les Turcs qui l'occupoient depuis environ vingt ans, il en enleva quatre-vingt mille familles, ou près de cinq cent mille habitants qu'il dissémina dans les provinces de la Perse les plus éloignées. Sous Nadir-Chah, la dépopulation de cette contrée

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