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S'il m'étoit permis d'indiquer les premières mesures que nécessite un commerce naissant qui a besoin d'être encouragé, je proposerois d'abord l'établissement d'un tribunal de commerce, remplaçant par une justice prompte et immédiate la juridiction civile dont les lenteurs et les appels arrêtent toutes les transactions. Il est à desirer aussi qu'une franchise de quelques années soit remplacée par une franchise d'un demi-siècle, qui laisse à de grandes associations un temps suffisant pour se dédommager de la dépense qu'exigeroient les constructions réclamées par

un vaste commerce.

Dans la situation actuelle de l'empire Ottoman, le marché de Tiflis est devenu d'un inté◄ rêt général pour toute l'Europe. Les négociants qui viendront s'y fixer jouiront, dans la Perse, d'un grand avantage, celui d'une sûreté entière. Elle sera due à l'influence d'une puissance qui a une armée de plus de soixante mille hommes dans ses provinces au-delà du Caucase. Pour appuyer cette observation par un exemple, je dirai qu'une caravane d'Arméniens de Tiflis ayant été pillée en 1821 du côté de Téheran, une simple réclamation de M. le colonel Mazarovitch, chargé d'affaires de Russie en Perse, fut suffisante pour obtenir immédiatement le

remboursement de la perte que les Arméniens avoient éprouvée, et on se contenta même de leur simple déclaration pour en constater la valeur.

CHAPITRE IX.

Culture en Kakétie. -Vignobles.

Observations sur leurs

produits. Somkétie et Kartalinie.-Récolte de grains.— Pâturages. Moutons. Améliorations de la soie de ces contrées. Terres fertiles le long de l'Araxe. — Lin. Riz. Culture du coton, de l'indigo, canne à sucre. ~ Haras à établir.-Sauterelles.-Détails sur ce fléau.

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Des trois provinces qui composent la Géorgie, la Kakétie est la plus riche par la fertilité de ses terres et par ses productions naturelles. J'ai déjà décrit la belle vallée de Sinac, et les nombreux villages qu'on y trouve. Dans les forêts, la vigne entoure presque tous les arbres : on peut la regarder comme la liane de la Kakétie et de l'ancienne Colchide, et la vigne primitive, si l'on en juge par la grosseur du cep. Comme les sarments atteignent la cime des arbres les plus élevés, la vendange présente tant de difficultés, que la moitié au moins des raisins pourrit sur pied. A côté de ces vignes sauvages, bienfait de la nature, qui n'exige de l'homme

aucuns soins, les habitants de la Kakétie ont planté un grand nombre de vignobles, parmi lesquels il en est d'assez renommés. Les vignes cultivées produisent beaucoup de raisins. Le vin qu'ils donnent se consomme en Géorgie. Pour en obtenir une plus grande quantité, on a adopté dans la Kakétie, comme dans les environs d'Astrakhan, l'usage d'arroser les vignes; ce qui contribue sans doute au défaut de ces vins, qui ne peuvent se conserver, et s'aigrissent promp

tement.

La consommation du vin en Géorgie, et surtout à Tiflis, est considérable, je puis même dire prodigieuse. Depuis l'artisan jusqu'au prince, la ration ordinaire d'un Géorgien est d'une tonque par jour (cinq bouteilles et demie de Bordeaux). La Kakétie fournit seule plus des quatre cinquièmes de l'approvisionnement de Tiflis. La tonque du meilleur vin, celui qui est destiné aux généraux et aux personnes notables, se paye une abaze à une un quart la tonque (20 sous). Les vins foibles et de qualité médiocre coûtent à peine un sou la bouteille.

Lorsque l'agriculture aura fait des progrès dans cette contrée, et qu'on aura substitué les cuves et les barriques aux jarres et aux outres, que l'usage des bouteilles et des caves y será

connu, et que les procédés employés en Europe pour bien faire le vin auront pénétré en Géorgie, cette province pourra expédier des quantités très-grandes de vin à Bakou, où ils seront embarqués pour Astrakhan. De là, en remontant le Volga et ses affluents, ils pourront approvisionner une partie de la Russie et de la Sibérie: ils y remplaceront les vins de Moldavie et de la Grèce, dont les circonstances actuelles doivent rendre l'expédition en Russie assez difficile, et où d'ailleurs ils sont assujétis à un droit de 320 roubles assignations le tonneau, que ne payent pas les vins de la Géorgie, qui fait partie de l'Empire russe.

On a commencé dans la Kakétie à s'occuper de la culture du safran et de la garance, dont la graine se tire d'Elisabeth-Pol, l'ancienne Ghendjé. Il est reconnu que la garance de cette contrée est d'une très-bonne qualité. On a réussi en France à en extraire de très-beau carmin. La Kakétie fournit abondamment les grains nécessaires à la consommation de ses habitants.

Dans la Kartalinie et la Somkétie, la culture des céréales est la plus répandue; celle de la vigne n'y est qu'un accessoire. Dans ces deux provinces, plus sèches et moins fertiles que la Kakétie, on a recours aux arrosements, dans

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