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gauche du Kour des ruines assez considérables; elles consistent en murailles épaisses, au milieu desquelles s'élève une tour; sur la droite du fleuve, on en voit une seconde, et les restes d'une enceinte. Ces constructions, qui indiquent une ville ou une forteresse, communiquent entre elles par un pont dont les vestiges se remarquent sur les deux côtés du fleuve. Quatre werstes plus haut, on découvre du même côté les ruines d'une seconde forteresse; et à peu de distance, dans l'intérieur des terres, un bâtiment carré construit avec assez de solidité, surmonté d'un dôme qui se termine en pointe; indice évident d'un tombeau persan ou tartare.

Nous mimes deux heures et demie pour parcourir les douze werstes qui séparent Tiflis de Saganloug, où nous devions passer la nuit. On trouve à ce poste une petite maison en argile enduite de chaux : la moitié est occupée par les cosaques; l'autre sert de logement aux étrangers. Les écuries sont construites en clayonnage et couvertes de roseaux.

Saganloug est à une centaine de pas du Kour, dans une position assez élevée et salubre. Il étoit six heures du matin lorsque nous en partimes. Nous continuâmes de marcher dans une plaine stérile qui, à dix werstes de Saganloug, est

bordée par deux chaines de montagnes peu élevées. Entre Saganloug et Demourtchesali, on compte vingt-huit werstes. Nous employàmes cinq heures pour effectuer ce trajet, voulant ménager nos chevaux, avec lesquels nous avions mille werstes à parcourir dans des pays absolument privés de fourrage.

Les constructions du poste de Demourtchesali sont faites sur le modèle de celles de Saganloug; mais la partie du logement destiné aux étrangers, est beaucoup moins grande et moins commode. Nous nous y reposâmes seulement pendant quelques heures, et en repartîmes ensuite pour Salagli.

Le pays continue à être stérile et inculte. A dix verstes de Demourtchesali, on arrive sur les bords de la Crome ou Khram, qui, à très-peu de distance, se jette dans le Kour: on la traverse sur un pont construit en briques, et qui est trèssolide dans les parties supérieures; le pavé seul et le parapet ont éprouvé quelques dégradations. Ce pont, au milieu de ces déserts, est un monument vraiment digne de fixer l'attention des voyageurs, et paroît être d'une haute antiquité. L'arche principale est en ogive, et d'un travail assez hardi. Sur la droite, vers l'occident, ce pont a trois autres arches beaucoup plus pe

tites; mais vers l'orient, ces arches sont murées, et renferment un emplacement souterrain et voûté, qui a trente-cinq pas de longueur sur huit de largeur, et dans lequel on descend par un escalier placé à l'extrémité du pont. Il suffit d'observer avec attention cette construction singulière, et de reconnoître les traces de fumée qui existent sur plusieurs points, pour juger que le souverain à qui on doit ce bel ouvrage avoit destiné cette partie à un caravanserail. Dans les piliers de la grande arche, on a aussi pratiqué d'une manière très-ingénieuse des logements pour les marchands.

A une distance d'environ quatre cents toises vers l'orient, on voit les restes d'un second pont. Ces constructions, des tours, des parties de murs solides, particulièrement sur la gauche de la rivière, sont les témoignages évidents de l'existence passée d'une ville assez considérable dans ces lieux. Sa population devoit être nombreuse, active, occupée d'un grand commerce, pour que le souverain qui régnoit alors sur ce pays eût fait bâtir deux ponts en pierres aussi rapprochés. Près de ces ruines et de ces monuments, des Tartares vivent pendant l'hiver dans des cavernes; ils ont conservé une partie des habitudes de la vie nomade: dès le mois de mai

vaux,

ils se mettent en route avec leurs femmes, leurs enfants et leurs nombreux troupeaux de chede bœufs et de moutons, et se retirent sur les hautes montagnes qu'on voit sur la droite. Ils y restent campés jusqu'à la fin de septembre; quelques-uns d'entr'eux étoient déjà de retour. L'hiver, ces Tartares s'occupent de la fabrication des tapis, dont ils ont porté l'art à un grand degré de perfection. Cette industrie est pour eux d'autant plus avantageuse qu'ils n'ont pas besoin de recourir à l'étranger pour la créer; leurs troupeaux fournissent la laine, leurs femmes la filent. Les plantes du pays leur suffisent pour obtenir les couleurs les plus solides et les plus brillantes.

Après avoir traversé la Khram, on trouve l'embranchement de deux routes, celle d'Érivan au midi, celle de Bakou se dirigeant vers le sud-est. Des ruines que je viens de décrire jusqu'au poste de Salagli, on ne compte que quinze werstes, que nous fimes en une heure et demie : le chemin étoit bon et la terre aride.

Salagli est dans une position plus agréable que les deux premiers postes où nous nous étions arrêtés. Sur la droite, on trouve un très-beau bois où dominent le saule, le tremble et diverses espèces de peupliers. Dans le lointain, on aperçoit, s'élevant comme par étages, une masse de

montagnes composées de mamelons de différentes formes, et qui, réunies sur des lignes presque droites, forment plusieurs chaînes. Il n'y avoit point alors de neige sur leur sommet.

Le logement du poste de Salagli est assez commode; nous y passâmes la nuit, et nous en partîmes le lundi 6-18 septembre à six heures du matin; nous allions à Astabéglou, qui en est éloigné de dix-huit werstes. Le chemin étoit tantôt montagneux, tantôt traversé par des mares. Presque toute cette contrée est sablonneuse et généralement stérile. De distance en distance seulement, on aperçoit quelques parties cultivées, mais dont les récoltes répondent rarement au travail des cultivateurs.

Avant d'arriver au poste de Salagli, on traverse le lit d'un torrent assez large et couvert d'une couche de trois à quatre pouces de cailloux. Dans ce moment, il étoit entièrement à sec; dans les temps d'orage, lorsque les eaux descendent avec rapidité des montagnes, elles remplissent toute son étendue, et alors le passage en devient impossible. Sur toute cette route, nous ne vîmes qu'un seul village Tartare.

Nous apercevions fréquemment d'immenses troupeaux de bœufs et de moutons dans les parties de ces steppes ou plaines qui ne partici

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