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poient pas à l'aridité générale. Nous rencon→ trâmes quelques Tartares à cheval, qui nous saluèrent avec beaucoup d'affabilité. Ils ramenoient, des montagnes dans la plaine, une partie de leurs troupeaux. La station d'Astabéglou est à très-peu de distance d'un ruisseau, dont l'eau qui coule sur un lit de cailloux est cependant de mauvaise qualité.

D'Astabéglou à Gasanson on compte douze werstes, que nous parcourûmes en moins de deux heures. Le chemin étoit quelquefois inégal, et offroit même sur plusieurs points des difficultés à surmonter. A une werste de ce poste, nous nous arrêtâmes pour dîner près d'un village. La plaine qui l'entoure est couverte de roseaux et de mauvaises herbes. Une vingtaine de bœufs, tous chargés de marchandises, y paissoient sous la conduite de six Tartares; ils se rendoient à Élisabeth-Pol.

Tant que la Géorgie, et surtout l'Immirette et la Mingrelie, ne seront ni plus peuplées ni mieux cultivées, le transport à dos de bœufs sera le plus facile, le plus'avantageux et le plus convenable.

En effet, pour ces animaux, le manque de fourrages n'est pas aussi défavorable que pour les chevaux; la plus mauvaise herbe des forêts

et des steppes suffit à leur nourriture; ils portent une charge presque égale à celle des chevaux, ou deux cents à deux cent cinquante livres, poids de marc; ils exigent un moins grand nombre d'hommes pour les accompagner, et une avance de fonds bien moins considérable; et enfin, en cas d'accident, ils ont encore, en les vendant aux marchés, une valeur presque égale à celle qu'ils avoient au moment de leur achat.

On pourroit aussi, pour ces transports, se servir de buffles; mais ces animaux exigent une trop grande surveillance. En effet, dès qu'ils aperçoivent des mares et des eaux bourbeuses, ils s'y précipitent avec leur charge, et si la mare a une profondeur suffisante, ils y restent long-temps plongés, afin qu'on ne puisse les découvrir et les reprendre. Ils mettent seulement de temps en temps une partie de leur tête hors de l'eau pour respirer. Aussi les Immirétiens ne s'en servent généralement que pour leurs arabats (chariots tartares).

Le buffle de ces contrées, ainsi qu'Oléarius l'a très-bien observé, est remarquable par la quan tité de lait qu'il fournit. Ce lait est très-substantiel, et contient trois fois plus de crême que le lait de vache. Cet animal diffère beaucoup, pour le caractère, du buffle du royaume de Naples. Il

est aussi doux que celui-ci est indomptable, et se distingue par son intelligence et par les preuves d'attachement qu'il donne à ceux qui le soignent et l'approchent habituellement.

Le poste de Gasanson est à peu près dans la même position que celui d'Astabéglou; on aperçoit quelques arbres isolés dans son voisinage. Nous en partîmes à trois heures après midi pour nous rendre à Taouz, qui n'en est qu'à seize

werstes.

En sortant de Gasanson, on traverse un ravin, et on entre peu après dans un petit bois assez chétif, où les saules et les peupliers sont les arbres les plus communs. Ce bois n'a pas plus d'une werste et demie de longueur; il est si clairsemé, que sur plusieurs points il se confond avec l'immense plaine aride qui l'entoure, et qui se prolonge à perte de vue à une werste ou deux du chemin. Une chaîne de montagnes peu élevées borde la gauche de la route; mais sur la droite, dans l'éloignement, ces montagnes sont comme entassées les unes sur les autres en lignes parallèles. Les plaines et les vallées sont d'une sécheresse excessive; elle étoit alors d'autant plus grande, que, pendant l'été de 1820, la chaleur avoit été plus forte et plus longue que dans les années ordinaires.

Les Tartares, pour diminuer les effets de la grande sécheresse, profitent habilement du moindre amas d'eau qu'ils trouvent pour arroser les terres; mais comme ils s'occupent très-peu des voyageurs, leurs rigoles traversent souvent la grande route, ce qui exposoit continuellement notre britchka à être renversé.

Dans ces immenses plaines, le gérame, le plus beau des chevreuils, dont l'espèce est particulière à ces contrées, et qui n'habite jamais les forêts, se montroit souvent en troupeaux de quinze à vingt, et à notre approche s'éloignoit avec rapidité.

Après avoir suivi ces plaines pendant quinze werstes et demie, on descend dans le lit d'un large torrent couvert de cailloux, et dont le passage offre quelques difficultés. On trouve sur le plateau qui le domine le poste des cosaques de Taouz. Les vivres et le fourrage y étoient si rares, que nous ne pûmes nous en procurer qu'une très-petite quantité, et à un prix excessif.

Le mardi 7-19, nous en partîmes à six heures du matin pour le poste des cosaques de Dzegam, qui est à dix-sept werstes. Cette partie de la route n'offre rien de remarquable; c'est la continuation de la même plaine, interrompue de

temps en temps par des ravins assez profonds, et creusés par les eaux qui, à la suite des pluies d'orages, se précipitent avec impétuosité du haut des montagnes qu'on a sur la droite.

Nous eûmes occasion dans cette route de remarquer la direction d'une chaîne de montagnes que l'on indique rarement avec exactitude sur nos cartes. Elle court nord et sud, mais un peu en diagonale vers l'est, depuis Tiflis jusqu'à Elisabeth-Pol. D'un côté, elle rejoint le Caucase; de l'autre, elle sépare les plaines de Ghendjé de celles d'Erivan. Sa largeur varie d'une à six werstes au plus. La température y est douce et agréable, et la terre est couverte d'une verdure perpétuelle aussi les Tartares y font-ils paître leurs troupeaux pendant tout l'été.

Au milieu de cette plaine déserte, nous apercevions sans cesse d'immenses troupeaux de gérames. La manière de chasser ces animaux d'une timidité incroyable, est assez singulière, et n'est, du reste, employée avec succès que par quelques chasseurs Arméniens infatigables. Ils se couvrent d'une peau de bœuf, s'accoutument à marcher à quatre pattes, et, par ce moyen, parviennent à s'approcher du troupeau jusqu'à portée de fusil.

Le poste de Dzegam est sur un plateau un

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