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l'autre à cinq werstes d'Elisabeth-Pol. Presque tous les colons sont Wurtembergeois, et sont venus dans cette contrée après avoir passé quelques années dans les environs d'Odessa. Dans les premiers temps de leur établissement, ils souffroient beaucoup de la sécheresse du climat, et se livroient avec peine au travail; depuis, ils se sont peu à peu acclimatés, et ils commencent à prospérer.

Elisabeth-Pol fait avec la Perse un commerce qui seroit susceptible de plus d'extension; mais, dans cette malheureuse contrée, les guerres intestines, les affreux résultats des invasions des Persans, depuis le règne de Chah-Nadir, plus connu sous le nom de Thamas-Kouli-Kan, ont détruit toutes les fortunes et tout moyen d'instruction; aussi l'ignorance générale est-elle portée à un point incroyable.

Pour aller d'Elisabeth-Pol à Tauris, on traverse la province du Karabagh, une de celles qui a été cédée à la Russie par les Persans. Elle est gouvernée par un kan tributaire (1). Le Karabagh est borné au nord par la province d'Elisabeth-Pol; à l'est, par le Chirvan; à l'ouest, par

(1) Depuis environ trois ans, le kan du Karabagh, impliqué dans une conspiration, a abandonné ses États, qui sont aujourd'hui administrés par le gouvernement Russe.

l'Arménie; enfin, au sud, par l'Araxe et par les limites incertaines qui traversent les montagnes, et qui donnent lieu à de fréquentes discussions entre les Russes et les Persans.

Le Karabagh est renommé par sa grande fertilité. Les terres qui bordent l'Araxe produisent des récoltes qui surpassent tout ce que l'on cite de plus extraordinaire en ce genre. J'ai parlé de la possibilité de faire réussir la culture de la canne à sucre dans le Karabagh; j'aurois dû ajouter que le général en chef étoit disposé à favoriser, par des concessions de terres, les établissements qui auroient cette plantation pour objet.

La province du Karabagh se compose de plaines et de plusieurs chaines de montagnes. Dans les plaines, la chaleur est insupportable pendant trois mois de l'année. Alors la population entière se retire dans les montagnes avec ses troupeaux. Les princes et les seigneurs y ont des habitations. On donne aussi au Karabagh le nom de Chouchak, qui est aussi celui de sa capitale. C'est la route la plus courte pour aller de Tiflis à Tauris; mais le passage par les montagnes présente d'assez grandes difficultés, et est même peu sûr, à cause de l'incertitude sur les limites entre les deux Etats, et en raison de ce

que sur cette frontière il y a beaucoup de Tartares nomades qui ne sont réellement sujets ni de la Perse ni de la Russie (1).

(1) Roustan, le mamelouk de Buonaparte, étoit né dans le Karabagh. Il avoit été enlevé dans la dernière invasion des Persans, et fut successivement vendu aux Turcs, et envoyé en Égypte, où il avoit fait partie des Mamelouks qui se recrutoient généralement parmi les esclaves provenant du Caucase et des provinces limitrophes.

CHAPITRE XI.

Départ d'Élisabeth-Pol.

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Mengatchaour. Passage du

Kour.-Tchamaïs.- Nouveau Chamakhie. - Vieux Chamakhie.-Son ancien commerce.-Observations sur la forteresse de Fitag-Marazy, village ruiné.-Caravanserail-Arbat.-Arrivée à Bakou.

APRÈS être restés quelques jours à ElisabethPol, nous en partîmes le vendredi 10-22 septembre, à neuf heures du matin. L'archimandrite, malgré la fièvre qu'il avoit eue pendant la nuit, voulut absolument nous accompagner à cheval l'espace de quelques werstes, ainsi qu'un vieux mélit ou prince Arménien. Celui-ci étoit arrivé d'Erivan dix-sept ans auparavant, emmenant avec lui sept cents familles Arméniennes qui fuyoient le despotisme persan, et venoient se fixer à Elisabeth-Pol, pour vivre sous les lois de la Russie. Cette colonie, dont il étoit le chef, ne paroît pas avoir prospéré.

On compte d'Elisabeth-Pol à Kourgoulout

chaï quarante-six werstes divisées en deux stations; mais le guide Tartare que nous avoit donné le chef du district de Ghendjé, nous ayant asssuré que, pour arriver à la seconde poste où nous nous proposions de coucher, il y avoit une traverse beaucoup plus courte que le chemin ordinaire, nous nous laissâmes facilement persuader. Ce Tartare n'avoit rien du flegme des Orientaux. Il étoit sans cesse en mouvement, et nous fatiguoit de ses discours. A l'en croire, il étoit le conseil de l'administration de Ghendjé; il avoit la direction des ponts et des chemins, et on lui devoit tout ce qui s'étoit fait d'utile dans ce district.

Après deux heures de marche, nous nous arrêtâmes sous un vieux platane, seul arbre resté sur pied dans cette plaine ravagée. L'habitude du plus grand nombre des voyageurs d'établir leurs foyers contre ce vénérable témoin des révolutions qu'a éprouvées cette contrée, en avançoit lentement la destruction, et dans quelques années, ceux qui parcourront le pays ne pourront plus jouir de son ombrage, si nécesaire sous ce climat brûlant.

Aussitôt que nos chevaux furent reposés, nous nous remîmes en route. La plaine que nous avions parcourue pendant les vingt-cinq

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