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saques étoient déjà réinstallés, mais ils n'avoient pas encore eu le temps de former leurs appro

visionnements.

Après avoir pris congé du général cosaque auquel nous avions tant d'obligations, nous partîmes à sept heures du matin, le 14-26 septembre, pour le poste d'Ineja. Le pays que nous traversames pour nous y rendre avoit un aspect triste et monotone : on n'y voyoit aucune terre cultivée, on n'apercevoit aucun village; seulement de nombreux troupeaux de moutons annonçoient que le pays étoit occupé par des Tartares nomades. Pour la première fois depuis notre départ d'Élisabeth-Pol, nous rencontrâmes cinq à six convois de bœufs, chargés chacun de deux ballots de marchandises, et conduits par quelques Tartares qui alloient de

cette ville à Bakou.

Le poste d'Ineja est organisé comme le précédent : au lieu de maisons ou de chaumières en argile, on n'y trouve que quelques barraques formées avec ces nombreux roseaux dont une portion de la plaine que nous parcourions étoit entièrement couverte. Ce poste, placé comme tous les autres au pied de la montagne de sable et d'un ruisseau dont l'eau étoit très-mauvaise, comptoit aussi beaucoup de malades.

Après avoir passé trois heures à Ineja, nous en partîmes pour le nouveau Chamakhie, indiqué comme étant à dix-huit werstes du poste que nous quittions, et qui en est éloigné au moins de vingt-huit. Dans toutes ces contrées, si long-temps exposées aux incursions des peuples des montagnes, on a toujours été dans l'usage de donner aux voyageurs en poste quelques soldats d'escorte. Dans les kanats on nous en avoit toujours fourni cinq ou six; mais dans le canton que nous parcourions, il se trouvoit à chaque poste un si grand nombre de malades, que nous avions beaucoup de peine à en obtenir deux; ce qui, au surplus, suffisoit pour nous garantir de tous dangers.

Le chemin d'Ineja, au nouveau Chamakhie, fait un long circuit autour des montagnes. De distance en distance on traverse des ravins dont le fond se compose de cailloux et de grosses pierres entraînées par les eaux après les pluies d'orage. L'entrée et la sortie de ces ravins offroient toujours à nos chevaux harassés de grandes difficultés, que nous ne parvenions à franchir qu'avec beaucoup de peine.

A huit werstes du nouveau Chamakhie, on entre dans des montagnes peu élevées, mais qui précèdent une chaîne de montagnes d'une

grande hauteur. Sur ce point, nous rencontrâmes un convoi de douze chameaux chargés de marchandises; leur aspect effraya tellement l'un de nos chevaux, qu'il s'emporta et entraîna les trois autres. Heureusement nous nous trouvions alors dans une vallée encaissée, et après un quart d'heure de galop précipité, nos chevaux s'arrêtèrent sans nous avoir causé le moindre accident.

Le nouveau Chamakhie, où nous arrivâmes bientôt, est de fondation moderne, et a remplacé le vieux Chamakhie, lorsque cette dernière ville a été ruinée de fond en comble. Détruite elle-même depuis, durant les nombreuses invasions auxquelles ce pays a été en proie, elle ne renferme plus que quelques centaines d'habitants et un petit bazar, où des Tartares vendent des soies écrues, production du pays, et des marchandises de peu de valeur, pour la consommation ordinaire des Persans.

Le général Vlassoff nous avoit donné le conseil de ne pas rester plus de deux heures au nouveau Chamakhie, à cause du mauvais air qu'on y respire; mais il étoit trop tard, lorsque nous y arrivâmes, pour nous remettre en route, et nous nous décidâmes à braver le danger de la fièvre, et à passer la nuit dans une chambre

étroite, véritable objet de dégoût par la malpropreté qui y régnoit, et par les insectes de toute espèce dont elle étoit remplie.

Nous partimes le lendemain de bonne heure pour le vieux Chamakhie, distant du nouveau de près de trente werstes. Le relais est compté pour vingt-trois.

En sortant des ruines du nouveau Chamakhie, on traverse une plaine d'environ huit werstes de longueur, qui aboutit au pied de la chaine de montagnes dont j'ai parlé. On nous y avoit amené, par réquisition, quatre paires de buffles qui devoient nous conduire jusqu'à leur cime. Le trajet est de dix werstes. La taxe ordinaire allouée aux Arméniens pour la location d'une paire de buffles ou de bœufs, est de 8 copecs ou centimes par werste; nous y ajoutâmes une foible gratification, et ils parurent très-satisfaits. Ces Arméniens étoient serfs du

kan du Chirvan. Depuis que ses États ont été réunis au domaine de la Russie, ils sont devenus paysans de la couronne, et ils se réjouissoient beaucoup de ce changement dans leur situation. Ces Arméniens sont originaires du Karabagh. Ils avoient été enlevés dans une incursion que le kan du Chirvan avoit faite dans cette contrée.

Les montagnes que nous traversions sont pa→

rallèles à celles du Caucase, et y sont liées par un contre-fort. Elles sont assez élevées, et presque toutes composées de gravier et de sable, au milieu desquels nous reconnûmes un banc de granit.

Arrivés au haut de la montagne, on domine l'immense plaine que nous venions de parcourir, et les ruines du nouveau Chamakhie que nous venions de quitter. Cette plaine, abritée contre les vents du nord par la montagne de sable que nous n'avions cessé de cotoyer, est malsaine, peu arrosée, et aujourd'hui entièrement dépouillée d'arbres : aussi avions-nous de la peine à Ꭹ reconnoître cette contrée, autrefois couverte de mûriers et de vignes, dont Guldenstædt a laissé une si brillante description, et qu'il représente comme pouvant devenir une des plus fortunées du monde.

Cinq ou six werstes avant d'arriver au vieux Chamakhie, on trouve une très-belle fontaine construite en pierres; l'eau en est excellente. A droite et à gauche, on voit dans l'éloignement, et le plus souvent sur les crêtes des montagnes, des villages tartares et arméniens. Ces positions ont sans doute été choisies par eux comme les plus salubres.

Enfin, nous aperçûmes cette immense réu

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