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L'opinion générale du pays est que, dans les mois de juin, juillet et août, la steppe ou plaine du Mougan est tellement couverte de serpents, que les hommes et les chevaux n'y peuvent passer sans courir les plus grands dangers; pendant tout le reste de l'année, les serpents se retirent sous terre et dans les interstices des rochers alors seulement des troupeaux conduits par quelques Persans ou des Tartares peuvent sans danger chercher leur nourriture dans cette plaine.

Lorsque le général Zuboff vint attaquer Salian, son armée campa à la fin de l'automne 1800, et passa l'hiver dans la plaine de Mougan. Ses soldats, obligés de creuser la terre pour y planter leurs tentes, trouvoient à chaque moment des serpents dans cet état d'engourdissement qui, pour ces reptiles et pour plusieurs autres animaux, dure tout l'hiver, et pendant lequel leur vie se maintient sans qu'ils soient obligés de prendre aucune nourriture.

La pêche de Salian formoit une des branches principales du revenu du kan du Chirvan. Elle étoit louée près de 500,000 roubles assignations (ou francs) à Ivanoff, riche Arménien d'Astrakhan.

Du haut de la forteresse, on découvre cette

belle plaine du vieux Chamakhie, autrefois couverte de vignes et de mûriers. Du côté du midi, à une demi-lieue de la ville, on voit de beaux bâtiments qui servoient les uns de mosquée, les autres à la sépulture des kans et des grands seigneurs (1).

Après avoir passé vingt-quatre heures dans cette ville, nous en partîmes dans l'après-midi du 16-28 septembre, avec l'intention d'aller coucher à Karavanseraï-Dgematy ou Marazy, qui n'en est qu'à vingt-cinq werstes. Nous employâmes six heures pour parcourir cette distance. De nos deux guides, l'un étoit un cosaque arrivé de la

(1) Lorsque nous étions à Chamakhie, en 1820, il y avoit à peine trois semaines que le kan du Chirvan, soupçonné de trahison, et appelé à Tiflis par le général Yermoloff, au lieu de se rendre dans cette ville, avoit préféré abandonner la forteresse de Fitag et son kanat pour se réfugier en Perse. Ses États ayant alors été réunis à l'empire Russe, le général Yermoloff jugea combien il seroit avantageux de faire descendre dans la plaine de Chamakhie les trente mille habitants accumulés à Fitag, et de leur rendre leur ancienne demeure. Depuis quatre ans, ce noble projet a reçu son exécution. Déjà les murs du vieux Chamakhie, se réparent, ses rues cessent d'être désertes, ses bazars et ses caravanserails se remplissent de marchandises. La plaine s'orne de ces nombreux mûriers qui faisoient sa richesse, et tout annonce à cette cité antique une nouvelle prospérité, et le vaste commerce qui en avoit fait une des villes les plus florissantes de l'Orient.

veille au poste, et qui ne connoissoit pas les chemins; l'autre, un Tartare timide à l'excès, qui, craignant que nous le rendissions responsable des difficultés que nous pouvions rencontrer, se tenoit toujours à l'écart, et ne nous indiquoit pas le chemin. Le pays étoit montagneux; toutes les terres cultivées étoient encloses, et aucune route n'étoit tracée pour les voitures: aussi nous égarâmes-nous plusieurs fois, et la nuit étoit déjà avancée lorsque nous arrivâmes à Marazy.

Ce poste est placé au milieu des ruines d'une ville qui a dû être de quelque importance. Des soldats étoient cantonnés dans un vieux château flanqué de tours, et dont une partie servoit de caravanserail dans le temps où les marchands alloient en grand nombre au vieux Chamakhie pour y acheter la soie et les autres riches productions dont cette ville étoit l'entrepôt.

Le pays où est situé Marazy n'est point cultivé; les montagnes sont dénuées d'arbres et de toute espèce de végétation. Les vallées étroites par où passe la grande route sont également frappées de stérilité. La population que le commerce attiroit et y maintenoit, a fui de cette terre malheureuse avec le commerce lui-même. C'est ainsi que le jour où les caravanes ont cessé

d'être protégées par Zénobie, et de prendre la route de Palmyre pour se rendre à la côte de la Méditerranée, cette ville magnifique est devenue inhabitée comme les déserts au milieu desquels elle étoit située.

Dans les environs de Marazy, on trouve des mines de soufre. D'après le rapport de l'ingénieur envoyé par le Gouvernement, et qui les a reconnues, il paroît qu'elles sont très-riches.

Nous partimes de Marazy le 17-29 septembre à huit heures du matin pour Grubok-Salka, qui en est à vingt-cinq werstes. Le pays que nous parcourions est assez aride. De temps en temps on voit des réunions de quinze à vingt maisons auxquelles on donne, le nom de villages. Elles sont habitées par des Arméniens, des Persans et des Tartares. Huit à dix werstes avant d'arriver à Grubok-Salka, on trouve sur la gauche des sources de naphte. Nous nous arrêtâmes pour les visiter. Elles occupent un espace d'environ cinquante pas carrés. La naphte bouillonne sans cesse, et surnage à la surface de l'eau. Elle communique à l'air, à une grande distance, une odeur désagréable.

On fait dans toute cette contrée un très-grand usage de ce bitume: on s'en sert pour éclairer les maisons, pour graisser les roues des pa

vosques, des arabats et des autres voitures, dont les essieux sont en bois, et enfin pour enduire intérieurement les outres qui servent à transporter le vin.

Après nous être reposés quelques heures à Grubok-Salka, nous en repartimes pour Caravanserail-Arbat, Ici on augmenta notre escorte ordinaire de quelques cosaques, afin de traverser avec sûreté un pays qui, un mois auparavant, avoit paru disposé à une insurrection, et où, en cas d'accident, il n'y avoit aucun espoir de rencontrer un village ou une habitation.

Une grande partie de la route étoit assez montagneuse, et cependant nous arrivâmes en trois heures au poste de Caravanserail-Arbat, qui est à vingt-cinq werstes de celui que nous venions de quitter. On nous y logea commodément dans une des petites chambres d'un vieux caravanserail, qui sert aujourd'hui de logement aux cosaques. Ce caravanserail est très-solidement bâti en pierres de taille. Sa distribution intérieure a quelques rapports avec les ventas d'Espagne, et avec les belles auberges de la Gallicie. Il se compose d'un immense emplacement voûté, et assez étendu pour y placer quarante à cinquante chevaux avec leurs bagages. De droite et de gauche sont quelques chambres destinées aux voya

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