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fait sur une île située à quelques lieues de Bakou. Elle est louée à l'Arménien Vartanoff. On y prend annuellement six mille phoques. Ils sont plus petits que ceux que l'on assomme sur les grandes îles de la mer Caspienne. Le poids des uns est de vingt-cinq livres de Russie, les autres de quarante. On paye aux pêcheurs de 50 à 70 copecs (ou centimes) par phoque qu'ils prennent; et il en coûte 35 copecs pour les transporter à Astrakhan, d'où ils sont expédiés en hiver pour Cazan. Leur huile entre dans la composition des savons communs qu'on fabrique en très-grande quantité dans cette ville, et qui sont consommés dans toute la Russie.

Le général en chef m'avoit recommandé à l'Arménien Vartanoff comme à un négociant très-estimable, et je lui dois les renseignements que j'ai recueillis sur le commerce de Bakou.

La récolte de la soie, autrefois si considérable dans ce canton, est encore aujourd'hui de douze mille pouds (quatre cent mille livres, poids de marc). En 1820, la livre de soie valoit, selon la qualité, depuis 10 jusqu'à 18 roubles (10 à 18 fr.). Le safran est la seconde production importante du kanat de Bakou. On en récolte environ cinq cents pouds (seize mille cinq cents livres) par an. Son prix a varié de 8 à 15 roubles

(8 à 15 francs). Ce safran, connu sous le nom de safran oriental, a la réputation d'avoir beaucoup plus de force que celui qui croît en Europe. Depuis plusieurs siècles, les cultivateurs sont dans l'usage de le pétrir avec de l'huile de sesame, et d'en former des galettes plates; ce qui le rend plus aisé à transporter, et le met à l'abri de la fermentation, de sorte qu'il peut se conserver pendant un grand nombre d'années. Cette manipulation favorise toutefois la fraude, en don nant aux Persans de mauvaise foi la faculté d'y mêler des substances étrangères (1).

La province de Bakou fournit aussi un peu de riz et de la garance sauvage. Le coton qui sert au tissage des toiles qu'on fabrique dans le pays, vient du Mazanderan; il est à courte soie, mais assez doux et très-blanc. Il est généralement plus cher que celui qu'on tire d'Érivan, quoi

qu'il ne soit pas beaucoup plus beau (2).

Une production bien plus importante du dis

(1) En 1823, j'ai envoyé au Jardin-du-Roi à Paris, et à M. Gay, savant botaniste, trois cents ognons de safran de Bakou. Ils ont très-bien levé dans le jardin du Luxembourg; mais leurs produits n'ont pas été différents de ceux du safran du Gatinais.

(2) L'empereur Chah-Abbas avoit une grande affection pour les habitants du Mazanderan, qui, en plusieurs circonstances, lui avoient donné des preuves de dévouement,

trict de Bakou, c'est la naphte noire et blanche qu'on recueille dans des puits, dont on a creusé un grand nombre à peu de distance de la mer. Ces puits ont une profondeur qui varie de dix à soixante pieds. Par un effet de la chaleur excessive du pays, la couche supérieure de la naphte est très-épaisse, pendant que celle qui se trouve à une plus grande profondeur est plus liquide. La naphte noire se rencontre ordinairement dans une terre argileuse mêlée de grès et d'autres roches, dont le sable forme la base. Celle qui est dans un terrain bas et sur les bords de la mer, s'élève du fond de l'eau et surnage à la surface.

La naphte blanche paroît n'être autre chose que la naphte noire purifiée et blanchie par l'infiltration au travers d'une couche de grès; car elle a le même goût, et paroît être absolument de la même nature que la naphte noire.

Les puits de naphte sont loués par le gouvernement à un Arménien; le lieutenant Tarou

et c'est à lui qu'on doit un beau chemin qui, autrefois, conduisoit depuis Asterabad jusqu'à Salian. Ce chemin est aujourd'hui peu praticable, et presque abandonné. Cet empereur avoit fait construire dans la même province un très-beau palais, dont Forster, voyageur Anglais, reconnut les ruines en 1787. Il y avoit établi quarante mille Arméniens, et cinquante ans après, il n'en restoit pas quatre eents familles. Telles sont les révolutions en Asie.

moff. Il paye pour la ferme de la naphte noire 51,100 roubles d'argent (204,400 fr.) par an, et pour celle de la naphte blanche 1,550 roubles d'argent.

On a creusé cent un puits pour extraire la naphte noire, et quinze pour la naphte blanche. Toute la naphte recueillie est transportée sur des arabats à Bakou; on l'y conserve dans des citernes. La plus grande partie de ce bitume s'expédie pour la Perse, où on en fait une trèsgrande consommation. On estime à deux cent quarante-un mille deux cent vingt pouds, environ quatre vingt mille quintaux, la récolte et vente annuelle de la naphte noire. Sur cette quantité, la Perse seule en prend deux cent quâtorze mille neuf cent vingt pouds; le reste sert à la consommation du pays, ou est expédié pour Astrakhan. On ne paye ordinairement la naphte noire qu'un rouble assignation le poud; mais ce prix est toujours exigé en argent comptant, ou en marchandises qui conviennent aux fermiers. La vente de la naphte blanche ne s'élève qu'à environ huit cents pouds: on la vend ordinairement 10 roubles 50 copecs assignations le poud.

Le lieutenant Taroumoff s'est aussi fait adjuger, moyennant 11,055 roubles d'argent, ou 44,220 francs, la ferme des lacs de sel qu'on

trouve dans la province de Bakou. Le seul lac Massasir, situé à vingt werstes au nord de Bakou, pourroit facilement produire six cent mille pouds de sel. Le fermier se contente d'en extraire cent cinquante mille, qui suffisent à la vente annuelle. Il vend i rouble 25 copecs I d'argent, ou 5 francs, le kalvard de sel, qui pèse six cent soixante-six livres, poids de marc, et non huit quintaux, comme l'ont supposé plusieurs voyageurs. Ce sel est très-blanc, mais un peu âcre.

Nous ne pouvions rester huit jours à Bakou sans aller voir les feux si célèbres, objet de l'adoration des Guèbres sectateurs de Zoroastre, et de quelques Hindous. En sortant de la ville, nous prîmes sur la droite, et après avoir franchi deux collines dont la seconde est assez élevée, nous traversâmes deux villages dont presque toute la population, moitié Arménienne, moitié Persane, se rassembla pour nous voir passer.

Après quatre heures de marche dans un pays assez aride, nous arrivâmes à un emplacement carré, auquel on donne le nom de Lartichigay. Il est entouré de murs crénelés dont l'intérieur sert de monastère aux adorateurs du feu. Au milieu de la cour, s'élève un autel où l'on monte par plusieurs degrés. A chaque coin, on voit

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