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une cheminée quadrangulaire entièrement fermée, et haute d'environ vingt-cinq pieds. La flamme produite par le gaz dépasse de deux à trois pieds le sommet de ces cheminées. Pendant la nuit, on la distingue parfaitement de la terrasse de la maison du commandant de Bakou. Au centre de cet autel, et presqu'à fleur de terre, on a établi un foyer dont la flamme sort également sans interruption. Tels sont les feux éternels qui, depuis tant de siècles, sont les objets constants de l'adoration des disciples de Zoroastre. Une vingtaine de cellules sont adossées aux murs de cette enceinte sacrée ; quelquesunes sont habitées par des Hindous; les autres par des Parsis, ou descendants des anciens Guèbres. Il ne subsiste plus qu'un petit nombre de familles de ces Persans, qui, au milieu des invasions sanglantes dont leur patrie a été le théâtre depuis l'origine du mahométisme, sont restés fidèles à la religion des Mages. Presque tous demeurent à Yezd et dans d'autres villes du midi de la Perse. Quelques familles, à l'époque de l'invasion des Arabes, se sont réfugiées à la côte du Malabar et sur les bords du Gange, où leurs descendants subsistent encore, et ont conservé leur religion et les mœurs de leurs ancêtres.

Les religieux qui habitoient ce monastère

étoient généralement basanés et excessivement maigres. A travers l'expression de douceur qui distingue généralement les Hindous, leur regard avoit quelque chose de fixe et d'incertain. Quelques-uns étoient habillés d'une enveloppe de toile de coton; deux d'entre eux étoient absolument nus, à l'exception d'une ceinture de toile.

Parmi eux, se trouvoit un ancien soldat cipaye, qui avoit long-temps servi dans les armées de la Compagnie des Indes anglaises. Lorsque nous passions près de lui, il s'arrêtoit immédiatement, dans l'attitude d'un soldat respectueux vis-à-vis de ses officiers. Je voulus lui parler anglais, mais il n'en savoit plus que quelques mots, et paroissoit tombé dans un état d'imbécillité complète. Les cellules occupées par les Guèbres étoient fort propres. Dans chacune, on voyoit deux ou trois chandeliers ou tuyaux d'argile enfoncés en terre. Dès qu'on en approchoit une lumière, la flamme paroissoit; mais il suffisoit du plus léger mouvement pour l'éteindre. Le gaz qui la produit avoit une odeur désagréable, à laquelle les Hindous eux-mêmes, dans leurs cellules resserrées, avoient peine à résister long-temps.

En partant du monastère, nous allâmes voir

les puits de naphte qui en sont éloignés de deux ou trois werstes. Le plus grand nombre est dans un terrain assez étendu, de la forme d'un long parallelogramme, qui est comme enfoncé de sept à huit pieds au milieu d'une vaste plaine. Sur toute notre route, l'air étoit imprégné de l'odeur de la naphte et du gaz.

Si les feux de Bakou et toutes les particularités qui les accompagnent avoient été visités par des physiciens observateurs et des chimistes habiles, on auroit depuis long-temps conçu l'idée d'appliquer le gaz à l'éclairage, tel qu'il existe de nos jours. Depuis plusieurs siècles, les habitants de cette contrée sont dans l'usage de se servir du gaz pour fabriquer leur chaux. A peu de distance des puits de naphte, nous avons vu quinze à vingt fours à chaux, dont la pierre étoit calcinée par ce procédé.

Le territoire du kanat de Bakou a environ quatre-vingts werstes de longueur sur soixante de largeur. Sa population étoit autrefois considérable; aujourd'hui elle ne s'élève qu'à dixneuf mille sept cent six âmes, qui composent trois mille huit cent soixante-deux familles, et occupent trente-neuf villages. La disproportion entre les hommes et les femmes est presque aussi considérable qu'en Géorgie et en Immi

rette: je ne sais si elle tient aux même causes. Sur une si foible population, le nombre d'hommes excède de mille sept cent dix-huit celui des femmes; la ville et le faubourg de Bakou contiennent seuls onze cent trente-sept familles ou cinq mille cent cinquante-deux habitants. D'après un recensement assez exact, il paroît qu'on trouve dans le kanat quatre cent soixanteonze chameaux, deux mille neuf cent vingt-neuf chevaux, quatre mille neuf cent soixante-quatorze bœufs et vaches, et quarante-deux mille quatre cent soixante moutons. Le nombre des jardins fruitiers est estimé à dix-sept cent quatre-vingt-quatorze, et celui des enclos pour la culture du safran, est de douze cent sept.

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La ville de Bakou est d'une très-haute antiquité. Comme Derbent, elle a la prétention d'avoir été visitée par Alexandre. On lit sur une de ses tours une inscription persane, qui annonce qu'elle a été réparée il y a plus de cinq cents ans deux autres tours paroissent être aussi anciennes.

Le palais du kan ne présente plus que des ruines, au milieu desquelles habitent trentesept familles Tartares et Persanes fort pauvres. Ce palais a conservé quelques vestiges de son ancienne grandeur; il est situé dans la partie la

plus élevée de la ville, celle où l'air est le plus salubre. Le faubourg est de construction moderne; presque toutes les maisons sont bâties en terre et en clayonnage.

Les habitants de la province de Bakou sont gouvernés avec beaucoup de douceur. On a substitué un tribunal régulier à la justice arbitraire à laquelle ils étoient soumis. En conservant une partie des formes et des coutumes, qui, pour les peuples, sont souvent un besoin impérieux, on a laissé aux juges le droit d'appliquer aux affaires civiles ou les lois anciennes, ou les lois Russes, pendant que du Code criminel on supprimoit la peine de mort et les mutilations dont est souillée la justice mahométane. La moitié des juges est prise parmi les Persans, l'autre parmi les Russes qui parlent le persan ou le tartare, langue généralement répandue dans

toutes ces contrées.

Il sembleroit qu'une administration sage, et l'avantage de n'être plus exposés aux invasions, auroient dû inspirer aux habitants du kanat de Bakou une confiance entière dans le gouvernement Russe. Cependant, il faut en convenir, jusqu'ici l'or acquis par le commerce reste enfoui dans la terre, et les relations, que de Bakou on pourroit si facilement établir avec tous les pays

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