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par tous les peuples du Caucase comme étant d'une utilité si générale, que, malgré les richesses qu'ils ont acquises, jamais ils n'ont été attaqués par des voisins plus puissants qu'eux.

Les habitants de ces deux villages s'occupent aussi d'agriculture, et ont une assez grande quantité de bestiaux. Pendant que presque tous les peuples du Caucase ont adopté le gouvernement féodal, comme le plus convenable à des peuplades guerrières qui, sans cesse attaquées et obligées de se défendre, choisissent les plus forts et les plus courageux pour les commander, les habitants des deux villages forment une espèce de monarchie. Ils ont à leur tête un prince; ils lui rendent des honneurs, mais ne lui paient aucun impôt les revenus de ce chef reposent sur les propriétés qu'il possède. Il est électif : au moment de sa nomination, on lui prête le serment de le suivre dans les guerres dont la nécessité aura été reconnue par tous. Si l'ambition, ou tout autre motif, déterminoit le prince à déclarer une guerre sans le consentement de la nation, ses sujets ne seroient plus tenus de le suivre ainsi il seroit réduit à ses propres commensaux, ou aux étrangers qu'il auroit engagés à son service. Lorsque le général Titianoff étoit gouverneur général de la Géorgie, il s'arrêta dans

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ces villages, et voulut engager leurs habitants à venir se fixer dans l'une ou l'autre des provinces Russes au-delà du Caucase, en leur promettant un territoire beaucoup plus étendu et de trèsgrands avantages. Ce peuple, riche et content au milieu de ses montagnes, ne voulut pas courir la chance de compromettre son bonheur et son indépendance, en les échangeant contre une existence plus brillante peut-être, mais dont rien ne pouvoit lui garantir la solidité.

Le scheffy n'étoit pas aussi généreux que le berekey, et surtout que le tchamkal de Tarkou: le commandant de l'escorte eut beaucoup de peine à en obtenir les fourrages nécessaires pour les chevaux et les bœufs qui faisoient partie du convoi. Heureusement nos approvisionnements de réserve pour la route, conduits par les voitures tartares qui nous suivoient, étoient bien suffisants pour les deux journées de marche qui nous restoient à faire pour arriver à Kizlar.

On compte soixante-cinq werstes de Kasiourte à la quarantaine, qui porte le nom de Nachthourin. Comme dans cet espace on ne rencontre aucun village, il fut résolu que cette fois nous passerions la nuit sous la tente. Cependant une grande partie des chevaux du convoi

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étoient tellement fatigués, que nous ne partimes de Kasiourte qu'à midi, le 20 octobre 1o novembre. Le vieux parent du scheffy, dont j'ai parlé, et soixante Tartares se joignirent au convoi pour nous acompagner jusqu'à Kizlar.

On marcha sans interruption jusqu'à sept heures du soir, et l'on parcourut environ vingt-une werstes dans une steppe, où nous rencontrions de temps en temps des mares d'eau assez larges et profondes, et dont le passage présentoit quelques difficultés. Nous fîmes halte dans une jolie prairie, où un hasard heureux nous servit pour notre campement. Une horde de Calmouks avoit choisi cette plaine, près de laquelle on trouvoit de très-bonne eau, pour y dresser ses tentes; ils s'empressèrent de m'offrir la plus grande pour y passer la nuit, et elle fut en un instant transportée sur le point de la prairie qui parut le plus sec. Rien de si léger et d'aussi facile à déplacer que ces tentes, dont la carcasse se compose de lattes de bois réunies en forme de clissage, et, soutenues par quelques pièces de bois, elles ont absolument la forme d'une ruche. La carcasse est entièrement couverte d'un feutre gris ou noir, impénétrable à l'air et à l'eau; la porte d'entrée, assez étroite, et ayant à peine quatre pieds de hauteur, est également couverte

d'un feutre. L'intérieur avoit près de neuf pieds de diamètre. On fait le feu au milieu : à cet effet, on laisse dans le haut une ouverture d'environ dix-huit pouces, qu'on ferme avec un tampon en bois couvert en feutre, lorsqu'on n'y fait pas de feu. Au moyen de cette précaution, et d'un tapis qui couvroit toute la surface intérieure, nous nous trouvâmes aussi bien logés et aussi à l'abri du froid et de l'humidité que dans une maison tartare. Les Calmouks avoient, selon leur usage, tracé une rigole circulaire, dans laquelle la tente entre très-exactement; ce qui empêche l'air d'y pénétrer.

Une pareille tente, garnie de ses feutres, ne coûte qu'environ 60 roubles: elles seroient extrêmement utiles pour les nouvelles colonies et comme habitations provisoires. Lorsqu'on veut les transporter, on les place tout entières sur des voitures à roues basses. Leur usage seroit bien autrement utile que celui des tentes en toile, qui, mal attachées avec des piquets, n'abritent d'ordinaire que très-imparfaitement contre la pluie et le vent.

Tous les peuples de cette contrée connoissant la fabrication du feutre, le bas prix du poil de chèvre et de la laine leur permet de le vendre à très-bon compte. Pour une somme très-mo

dique, on a une quantité de feutre suffisante pour couvrir une tente. Astrakhan est un des lieux où l'on peut se procurer cette marchandise au plus bas prix.

Ces tentes sont, depuis bien des siècles, la demeure des peuples nomades qui parcourent les steppes situées à la gauche du Don. Le pays où nous nous trouvions en est séparé par le Terek, mais il est absolument de même nature. Peu de terres sont sillonnées par le soc. L'entretien des chevaux et des bestiaux forme la seule occupation comme la seule richesse de ses habitants. Nous remarquions de temps en temps, dans la plaine unie. et assez aride, des campements de Tartares et de Calmouks avec leurs troupeaux, dans lesquels on voyoit toujours quelques cha

meaux.

A huit heures, nous fimes halte près d'un ruisseau bordé de saules et de peupliers. Toutes les fois que nous nous arrêtions, notre tente étoit à peine dressée, que nous y recevions la 'visite du parent du scheffy et de ses Tartares, qui, malgré la défense du prophète, buvoient avec plaisir le rhum que nous leur offrions.

Après le déjeûner, la caravane se remit en route vers dix heures; à midi, elle arriva sur les bords d'un étang assez large, et long d'une demi

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