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et dès-lors les achats de coton ont cessé d'avoir lieu. L'Angleterre, toujours habile à profiter des fautes des nations avec lesquelles elle est en rivalité de commerce, s'est transportée sur le marché de Balfruch, où, délivrée de toute concurrence, elle a acheté à très-bas prix contre des ducats les cotons du Mazanderan, qui depuis sont parvenus en Europe par le golfe Persique, et se sont vendus comme cotons de Souboujac, avec lesquels ils ont une parfaite ressemblance. Les Anglais, pendant les deux premières années, firent leurs achats en ducats; mais leurs agents, par suite des relations nouvelles qu'ils venoient de former, acquirent la connoissance des qualités des couleurs et de la largeur des draps et des étoffes qui convenoient aux habitants du nord de la Perse, et bientôt ils substituèrent des marchandises à l'or qui avoit été nécessaire pour leurs premières opérations. Cependant le ministre éclairé, qui avoit adopté une fausse mesure, ne tarda pas à la révoquer, et la sortie des ducats fut de nouveau permise. Les velours ont cessé d'entrer dans les échanges entre la Russie et la Perse, depuis que, pour favoriser une manufacture de cette étoffe dans les environs de Moscou, le gouvernement Russe a frappé de droits équivalents à une prohibition

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les velours étrangers, qui seuls étoient demandés par les Persans.

C'est surtout en 1813, époque de la dernière guerre de la Russie contre la Perse, que les Anglais ont profité de l'interruption du commerce entre les deux nations, pour accoutumer les Persans à leurs draps, à leurs quincailleries, et à beaucoup d'autres articles fournis antérieurement par la Russie.

Le commerce de la Perse et de l'Asie centrale comprend une grande quantité de drogues pour la teinture et la médecine. Il n'en vient encore que de bien foibles parties à Astrakhan, où il n'y a nul spéculateur, nul négociant qui ait la connoissance de ces marchandises. Ainsi, cette branche importante de commerce, dont la Russie pourroit facilement se rendre maîtresse, est encore entre les mains des Anglais et des Hollandais, qui en approvisionnent l'empire Russe, ainsi que tous les autres États de l'Europe.

Indépendamment du coton du Mazanderan et de la Boukharie, la soie des provinces Persanes forme l'article principal du commerce d'Astrakhan. Les Persans apportent aussi des quantités assez considérables de perles fines et de châles de Cachemire. Le commerce des

diamants, qui, sous Louis XIV, avoit attiré en Perse Chardin et Tavernier, paroît y être entièrement tombé.

Si, après avoir indiqué le commerce actuel d'Astrakhan, il falloit tracer le tableau des relations que pourroient établir des maisons européennes puissantes en capitaux et en crédit, fixées dans cette ville, il suffiroit de rappeler les plans et les vues du tzar Pierre relativement au commerce de cette cité.

Cet homme extraordinaire avoit rapporté de son long séjour en Hollande et de ses voyages en Angleterre le génie de ces deux nations pour le commerce. Il aperçoit d'abord l'importance du commerce de la Perse, et pour prix des secours qu'il accorde au souverain de cette contrée, il se fait céder le Ghilan, le Mazanderan et la province d'Asterabad. Par cette possession, dont les avantages furent méconnus de ses successeurs, il maîtrisoit le riche trafic de deux vastes empires, et établissoit des relations promptes avec toutes les contrées qui bordent l'Indus, depuis le Pendjab jusqu'au Guzurate.

Pour être en état de défendre ses nouvelles provinces, il est nécessaire que Pierre-le-Grand domine la mer Caspienne, et immédiatement il fonde un vaste chantier à Astrakhan, et trois ou

quatre années lui suffisent pour y construire de nombreux bâtiments de transport et les vaisseaux de guerre qui doivent les protéger.

Le tzar sait que, dans la Boukharie, Balk, Samarcande, Boukhara sont des villes importantes, dont les relations s'étendent au Thibet, au Cachemire et dans l'Inde; et, après avoir fait reconnoître le pays par le capitaine Allemand Bucholts, auquel il donne des instructions toutes écrites de sa main, il se détermine à faire partir une expédition pour Khiva, et y envoie trois mille hommes commandés par le prince Bekovits, qu'il charge spécialement de rechercher l'ancien cours de l'Oxus, dans l'intention de ramener dans ses États le riche commerce dont Astrakhan avoit joui pendant le moyen-âge.

La malheureuse issue de l'expédition de Bekovits, que le tzar n'eut le temps ni de renouveler, ni de venger, ne prouve rien contre la sagesse de ses plans dans cette circonstance, puisque, maître de Khiva, il l'eût été du commerce de la Boukharie; et s'il falloit démontrer la facilité avec laquelle la conquête qu'il avoit projetée pouvoit se faire, je dirois qu'il y a environ vingt ans, un simple parti de cosaques pénétra des bords de l'Oural jusqu'à Khiva, sans

en avoir reçu l'ordre, s'empara de cette ville, et en auroit conservé la possession, si le gouvernement Russe, instruit de l'événement, n'avoit forcé les cosaques de revenir dans leurs

stanitses.

Pour appuyer ses vues sur l'Asie centrale, Pierre-le-Grand fait construire trois forteresses - sur la côte orientale de la mer Caspienne.

Portant ses regards sur tous les points de ses vastes frontières, il veut profiter de tous les moyens qui sont en son pouvoir pour étendre le commerce de son empire.

En 1653 (1), un gouverneur de Tobolsk avoit établi les premières relations avec la Chine, par l'intermédiaire d'un homme intelligent, nommé Baïkow. Mais ces relations avoient eu si peu de publicité, qu'un voyageur prétend que les Russes et les Chinois ignoroient réciproquement leur existence, lorsqu'en 1680 ils se rencontrèrent sur les bords du fleuve Amour, poursuivant les' uns et les autres des Tongousses qu'ils cherchoient à subjuguer. Chacun d'eux se prétendoit sur son territoire, et les deux nations étoient

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(1) Dans un ouvrage allemand sur le commerce de la Russie, on assure que, dès le commencement du dix-septième siècle, il y a eu quelques rapports de commerce 'entre la Sibérie et la Chine.

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