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prêtes à en venir aux mains, quand le tzar qui régnoit alors envoya à Péking une ambassade, dans le but de calmer ces différends. Elle n'eut d'abord aucun succès; mais, en 1689, Fœdor Golovin, nouvel ambassadeur, fixa les limites des deux États, et signa un traité de commerce. C'est à peu près à cette époque que les autres puissances chrétiennes établissoient par Canton des relations avec la Chine.

Le commerce entre les deux empires limitrophes n'avoit eu, depuis 1691 jusqu'en 1712, qu'une bien foible extension, lorsque le tzar Pierre envoya comme ambassadeur à la Chine Laurent Lange, en lui faisant prendre la route de la Sibérie. Cet ingénieur Suédois, homme habile, réussit complétement dans sa mission, demeura long-temps à Péking comme résident du tzar, et prépara le traité du 14 juin 1728, signé à Kiakhta, qui non-seulement confirma aux Russes le droit d'envoyer tous les ans des caravanes à Péking, mais même celui d'y avoir une église et des prêtres. Si depuis ces priviléges ont été perdus, et si le commerce entre les Russes et les Chinois a été transporté à Kiakhta, aux frontières de la Chine, il n'en doit pas moins au tzar presque toute son importance actuelle. Astrakhan est aussi bien situé que Moscou pour suivre

ces relations, qui seroient susceptibles d'acquérir la plus grande extension, si le gouvernement Russe, dans son intérêt bien entendu, je pense, consentoit à accorder à beaucoup de produits des manufactures européennes le droit de transit qu'ont obtenu les draps Prussiens.

J'ai indiqué les relations qu'Astrakhan peut établir avec toutes les contrées qui bordent la mer Caspienne, avec celles qui sont situées à l'orient du Wolga, le nord de la Russie et la mer d'Azow. Ces détails suffisent pour faire juger l'importance de cette ville, et prouver qu'elle mérite aussi de fixer l'attention des négociants Européens.

Après y avoir passé quinze jours, nous en partîmes le 18-30 novembre pour Taganrog. La surveille de notre arrivée, à cinq heures du soir, le thermomètre étoit à huit degrés audessus de glace; le lendemain, à sept heures du matin, il étoit à 16 au-dessous. Les chevaux et les bœufs qu'on avoit laissés dans les champs n'avoient pu résister à une transition si forte et si rapide nous en trouvâmes un grand nombre gelés le long du chemin. Échappés nousmêmes presque miraculeusement à ce danger, nous arrivâmes à Taganrog le 1-13 décembre 1820: après avoir passé quelques mois dans

cette ville, nous en repartîmes pour Saint-Pétersbourg.

Ici se termine la tâche que je m'étois imposée. Mon but a été d'appeler enfin l'attention de l'Europe, et de la France en particulier, sur une partie de l'Asie, dont la population est quatre fois plus considérable que celle de l'Amérique méridionale, où tous les produits industriels de l'Europe peuvent trouver d'immenses débouchés, où les richesses de toute nature abondent, mais où la plus grande partie de l'or est encore recélée, confiée à la terre, et ne demande, pour reparoître, que la certitude de ne plus en exposer le possesseur à l'oppression. Déjà, au milieu des grands événements dont Constantinople vient d'être le théâtre et des scènes sanglantes qui les ont accompagnés, une loi des peuples civilisés, une loi par laquelle le divan renonce aux confiscations, semble annoncer les futurs changements qui se préparent en Asie, et les ressources qu'offriront un jour ces contrées sous le rapport du com

merce.

Dans mon voyage, j'ai indiqué Kotaïs, si bien située pour alimenter toute la Natolie et l'Arménie turque des produits variés de l'industrie européenne; plus loin, Tiflis, point cen

tral de toutes les relations, chef-lieu de tous les comptoirs; puis Bakou, sur la mer Caspienne, communiquant en peu de temps avec le nord de la Perse, le Candahar et la Boukharie; enfin Astrakhan, reprenant ses anciennes relations avec l'Asie, et servant d'intermédiaire entre cette partie du monde, la mer d'Azow et la Baltique.

En faveur du but utile que je me suis proposé, je réclame de nouveau l'indulgence du lecteur pour les fautes nombreuses, inséparables d'un travail précipité, et d'une rédaction faite au jour le jour au milieu d'occupations multipliées. Il ne me reste plus qu'à rappeler tout ce que je dois de reconnoissance à feu l'illustre duc de Richelieu. C'est à sa recommandation puissante près d'un souverain, dont l'âme élevée avoit si bien su apprécier son mérite et ses vertus; c'est à M. le comte de La Feronnays, ambassadeur du roi à Pétersbourg, dont les sages conseils et l'appui m'ont été si utiles, que je dois le succès de mon voyage, et je me plais à reconnoître que, sans eux, mes projets eussent été stériles et mes plans sans exécution.

FIN DU SECOND VOLUME.

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

N° 1.

Des Poids et Mesures.

LES poids en usage en Géorgie comme en Russie

sont :

Le poud, qui équivaut à trente-trois livres un tiers, poids de marc, et contient quarante livres de Russie ou de Marseille, ces deux derniers poids ne différant que d'une fraction peu importante.

La livre ou fund se divise en trente-deux lots, chaque lot en trois solotniks, chaque solotnik en trois grains, et le grain en scrupules. Ces sous-divisions fractionnaires ne sont connues que pour le commerce des diamants, des perles et de l'or.

Le berkovitz est une mesure dont on se sert pour les marchandises de grand encombrement, comme les chanvres et les potasses. Elle n'est guère connue sous cette dénomination qu'à Pétersbourg, à Riga, et dans les autres villes du nord de la Russie. Cette mesure, qui correspond au tchevert, contient dix

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