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années elle ne s'est élevée qu'à deux. Il n'est aucun pays en Europe qui présente une aussi foible mortalité relative: la fièvre et les maux de poitrine sont des maladies inconnues dans

ce canton.

Nous restâmes quatre jours en quarantaine. Notre dépense, pour six personnes, ne s'éleva qu'à la modique somme de 22 roubles assignations. Les chevaux du voiturier et celui de mon fils trouvoient leur nourriture dans l'intérieur même de la quarantaine et de l'autre côté de l'Arkala: heureusement la saison étoit favorable pour le fourrage vert, car nous ne pûmes trouver ni foin ni orge. La veille de notre départ, un pêcheur étoit venu nous apporter, pour une abaze (80 c.), une assez grande quantité de truites et d'autres poissons dont la peau étoit noirâtre et jaspée, et la chair d'un très-bon goût.

Nous quittâmes la quarantaine le 24 mai 5 juin, à six heures du matin. En sortant, on fait le tour de la forteresse d'Ananour, dont la construction est ancienne et très-solide, et, après avoir quitté les bords de l'Aragvi, on traverse des vallées assez larges et couvertes d'arbres, ainsi que les montagnes peu élevées dont elles sont encadrées.

Douchett, qui est à onze werstes d'Ananour, n'a aucune importance; la ville proprement

dite n'a qu'une longue rue bordée de boutiques : toute la population y paroît concentrée. Le jour où nous y passions étoit un jour de marché; il y vint beaucoup de monde. Parmi les femmes, nous en remarquâmes quelques-unes qui justifioient la réputation de beauté dont jouissent les Géorgiennes.

La forteresse de Douchett est située sur la droite du chemin : le poste des Cosaques, qui fournit des escortes aux voyageurs, y est placé. A une werste de cette ville, une partie des terres est cultivée en vignobles: on tient les ceps trèsbas; ils ne sont jamais soutenus par des échalas. Nous y observâmes un assez grand nombre de treilles en berceaux.

La route qui conduit d'Ananour à GharthisKari, qui en est éloignée de trente-quatre werstes, tantôt suit les rives de l'Aragvi, tantôt s'en éloigne et traverse des plaines fertiles et des vallées couvertes d'arbres, ou elle suit la pente des coteaux.

Gharthis-Kari est un village qui ne contient qu'un très-petit nombre de maisons : c'est l'embranchement de la route de Tiflis et de l'lmmirette. Kotaïs n'en est qu'à deux cent vingt werstes de distance. De ce poste à Mtskhetha on compte six werstes, que nous parcourûmes dans une heure. A moitié chemin de Gharthis

Kari, on voit sur la gauche, au haut d'une montagne, les ruines considérables d'une ancienne forteresse.

Mtskhetha étoit autrefois la capitale de la Géorgie et la résidence de ses rois. Selon les traditions du pays, elle a été bâtie par Mtskhithos, fils de K'harthlos, qui vivoit quelques générations après Noé (1). Ses ruines couvrent un terrain immense, et s'étendent sur la rive gauche du Kour (2), au confluent de ce fleuve et de l'Aragvi, que nous avions cotoyé si long-temps. L'étendue de ces ruines fait présumer que la ville devoit être considérable; la forteresse en occupoit le centre et dominoit tous les environs: elle est encore assez bien conservée. C'est là qu'est située la cathédrale, dans laquelle on sacroit les rois et les archevêques de Géorgie. L'architecture de ce monument est assez remarquable. Un grand nombre des pierres incrustées dans les murailles extérieures portent des inscriptions en caractères géorgiens : ces pierres sont un tuf verdâtre qui durcit à l'air. Le por

(1) Voyez les Mémoires sur l'Arménie, du savant M. de Saint-Martin, tome 2, page 59.

(2) Chardin dit que dans toute la Géorgie on nomme le Kour ou Cyrus Chah-Bahman, nom que les chroniques persanes donnent à Cyrus.

tail, les chapiteaux, les corniches, sont ornés de sculptures assez élégantes, dans le genre gothique.

L'archiprêtre qui demeure dans l'intérieur de la forteresse, eut la bonté de nous offrir l'hospitalité (1). En attendant qu'on nous préparât notre dîner, il nous proposa d'aller voir une belle église située hors de la forteresse, et placée près d'une chapelle dont on attribue la fondation à sainte Nine, qui, dans le quatrième siècle, vint prêcher la religion chrétienne en Géorgie. Cette chapelle, ou plutôt cet oratoire, porte en effet tous les caractères de la plus haute antiquité.

L'église est bâtie sur le même modèle que celle de la forteresse. Mtskhetha a commencé à déchoir lorsque les rois de Géorgie, en 469, eurent transféré leur capitale à Tiflis. Dans les siècles suivants, elle fut ravagée par les Persans : l'implacable Tamerlan acheva sa destruction. En vain, depuis l'époque où régnoit ce conquérant, époque si malheureusement célèbre dans les annales de l'Asie, les souverains de la Géorgie

(1) Cet ecclésiastique est mort depuis trois ans, peu de temps après l'archevêque de Tiflis, Philarète, dont il possédoit toute la confiance, et auquel il étoit sincèrement attaché.

cherchèrent-ils à rétablir cette ville, elle n'a jamais pu se relever de l'état de misère et de ruine dans lequel elle étoit tombée. Cependant sa situation étoit au moins aussi avantageuse que celle de Tiflis, pour en faire la capitale du royaume et le centre d'un grand commerce : elle avoit sur celle-ci l'avantage d'être entourée de terres plus fertiles. Sa population est aujourd'hui de deux cents familles, composant environ mille personnes. Les habitans sont actifs et laborieux; ils se livrent à l'agriculture, au commerce et à la pêche. Ils entreprennent aussi le transport des marchandises destinées pour Mozdok, pour Kotaïs et pour Bakou. On leur paie 2 roubles d'argent (8 fr.) par quintal pour aller à Kotaïs.

Après nous être reposés pendant quelques heures à Mtskhetha, nous en repartimes pour Tiflis. Deux routes mènent à cette ville; l'une est sur la rive gauche du Kour, l'autre sur la droite nous choisîmes celle-ci, qu'on nous dépeignit comme plus commode pour les voitures.

En sortant de la forteresse, on parcourt environ une werste au milieu des ruines de l'ancienne ville avant d'arriver à un pont en partie détruit par les invasions. On attribue sa fondation à Pompée. Il n'en reste que quelques arches, sur lesquelles on a placé des poutres et

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