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un plancher très-étroit qui n'avoit pas de balustrade (1).

Après avoir traversé le Kour, on revient sur ses pas pendant plus d'une werste jusque vis-àvis de l'ancienne forteresse. Il n'est pas douteux que dans les temps reculés il y avoit sur ce point un second pont: il devoit former la communication entre Mtskhetha et le mont Armaz, où K'harthlos, le fondateur de la nation géorgienne, fixa sa résidence. On voit sur la gauche du chemin, près du confluent du Kour et de l'Aragvi, des ruines considérables qui couvrent le mont Armaz (2).

Nous n'étions qu'au 5 juin, et déjà les vallées et les plaines que nous parcourions étoient desséchées. Les arbres y étoient beaucoup moins nombreux que dans les pays que nous avions traversés depuis Mozdok.Pendant plusieurs werstes, nos postillons, pour éviter quelques mauvais pas, avoient suivi une route placée sur le penchant d'une colline. Notre britchka s'y soutint en équilibre, mais le pavosque fut renversé au bas de la montagne. Notre jeune interprète

(1) Depuis mon voyage en 1820, on a construit sur les anciennes arches un pont solide.

(2) Mém. sur l'Arménie, tome 2, page 177.

géorgien fut jeté à dix pas; par bonheur il ne reçut aucune blessure.

A cinq werstes de Tiflis, on traverse sur un pont en pierre un torrent qui, dans le temps des grandes eaux, se précipite avec fracas dans le Kour. On cotoye ensuite ce fleuve sans interruption jusqu'à Tiflis. Sur la gauche, des colons allemands occupent un village entouré de jardins. Ils sont venus se fixer en Géorgie après avoir quitté les terres fertiles qu'ils cultivoient dans les environs d'Odessa. Ces colons se sont servis avec assez d'intelligence du Kour pour l'arrosement de leurs jardins.

A l'entrée de Tiflis, nous présentâmes au corps-de-garde notre attestation de la quarantaine d'Ananour. On exigea que ce papier fût communiqué au commandant et à la police avant de nous permettre d'aller plus loin. Nous eussions sûrement attendu long-temps, si, dans ce moment même, le lieutenant-général Williaminoff, sous-gouverneur de la Géorgie, de qui j'avois fait la connoissance à Mozdok en 1818, ne s'étoit trouvé à la barrière. Il eut la bonté de donner immédiatement l'ordre de nous laisser passer. Cotte difficulté levée, il en restoit une autre à surmonter, celle de nous procurer un logement dans une ville encore trop récemment

administrée par des Européens, pour qu'on pût s'attendre à y trouver beaucoup de ressources.

Nous nous arrêtâmes chez un Provençal nommé Paul, grenadier dans l'armée française, et fait prisonnier dans la campagne de 1812. Il étoit venu en Géorgie avec un général Russe, comme cuisinier, et venoit d'élever à Tiflis un établissement de restaurateur, véritable nouveauté en Asie. C'est un homme honnête et estimé. Comme il n'avoit pas de chambre à nous donner, nous eûmes recours au maître de police, qui, sachant que le général en chef m'honoroit de sa bienveillance, s'empressa de nous procurer le seul logement dont il pouvoit disposer: il étoit situé sur le bord du fleuve.

Peu de jours après, l'Arménien Jakobskhan, banquier de tous les Anglais qui traversent la Géorgie à leur retour de l'Inde, et à qui le major Lindsey m'avoit recommandé, étant venu me proposer chez lui un appartement très-commode, je l'acceptai. Je ne puis assez me louer des attentions de notre hôte pendant notre séjour à Tiflis.

Le lendemain de mon arrivée, j'allai chez Son Excellence le général en chef Yermoloff: il m'accueillit avec la plus grande affabilité. Il étoit instruit du but de mon voyage, qui étoit

de visiter les bords de la mer Noire et de la mer Caspienne, et d'examiner avec attention la position de la Géorgie, ses relations actuelles avec l'intérieur de l'Asie, et celles qu'il seroit facile d'y établir. Le général voulut bien me promettre de me fournir les escortes et de m'accorder les secours et la protection dont j'avois besoin faire mon voyage avec sûreté.

pour

J'aurois voulu commencer mes excursions par l'ancienne Colchide; mais depuis deux mois il s'étoit manifesté quelques troubles dans ces provinces, et les routes étoient peu sûres. Le général m'engagea donc à différer ce voyage jusqu'à ce que je pusse l'effectuer sans danger. Après avoir passé une quinzaine de jours à Tiflis, je me décidai à aller visiter la Kakétie, la plus riche province de la Géorgie.

CHAPITRE III.

Départ de Tiflis pour la Kakétie.-Colonies allemandes.Camp du régiment des grenadiers de Géorgie.-Passage de l'Iori (Cambysus).-Sinac.-Camp du régiment des dragons. Vachery.-Tchenidaly. - Beau domaine du prince Tchiftchivadze. -Telaw.-Retour à Tiflis.-Notice sur les Lesghis.

Nous partîmes de Tiflis pour la Kakétie le samedi 8-20 juin, à deux heures après midi. Les chevaux de poste n'étant pas établis sur cette route, nous louâmes pour notre britchka, moyennant un ducat, quatre chevaux appartenans à des Allemands, pour faire les trente werstes qu'on compte de Tiflis aux colonies wurtembergeoises. Mon fils et mon interprète Russe étoient à cheval. Nous étions escortés par trois cosaques destinés à nous défendre contre les Lesghines ou Lesghis, qui, il y a quelques années encore, venoient enlever les Géorgiens jusque sous les murs de Tiflis.

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