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Russes, qui donnent trois journées par semaine à leurs seigneurs, mais qui peuvent cultiver pour leur compte autant de terres qu'ils le veulent, sans aucune rétribution.

Lorsque le prince prend à son service des vassaux à l'année, il leur paie 30 roubles d'argent par an, et les nourrit. Il ne donne aux Immirétiens que 20 roubles d'argent, quoiqu'ils soient meilleurs ouvriers. Autrefois on en trouvoit un grand nombre; mais sur les représentations qui ont été faites par les propriétaires de la Mingrelie et de l'Immirette au sujet de la désertion de leurs esclaves, ils ne sont plus admis en Géorgie. Le motif de cette mesure a été la crainte de la dépopulation de ces deux provinces déjà trop peu habitées.

Nous étions à l'époque des récoltes. En Géorgie, on fauche le blé à la faucille. Les ouvriers occupés de ce travail s'excitent les uns les autres en poussant des cris. Déjà nous avions remarqué cet usage en Mingrelie et en Immirette.

La manière dont on bat le grain est assez singulière. On se sert d'une espèce de triangle composé de trois planches de six à sept pieds de longueur, sur deux pieds et demi de largeur ; le dessous est garni de cailloux qu'on y a enchâssés. A l'un des angles, on attèle des bœufs

ou des buffles qu'on fait tourner sur les gerbes de blé. Des hommes ou des enfants s'assèyent sur le triangle pour faciliter la pression des épis.

Nous avions projeté d'aller de Tchenedaly à Telaw, et de retourner de cette dernière ville à Tiflis par la montagne de Gomboro, ce qui nous eût épargné cinquante werstes; mais comme le prince nous assura que cette route étoit impraticable pour notre britchka, nous acceptâmes l'offre qu'il nous fit de nous accompagner jusqu'à Telaw, qui n'est qu'à sept werstes du château, et de revenir ensuite y coucher.

Le pays qui sépare Tchenedaly de Telaw, et le district entier de ce nom, sont remarquables par la beauté du paysage et la fertilité des terres. Après être descendu du plateau élevé sur lequel est situé le château, on traverse le torrent qui coule à ses pieds. Son lit a plus de cent toises de largeur, et est couvert d'une immense quantité de cailloux que les eaux entraînent des montagnes. On trouve ensuite une très-belle vallée couverte de plantations en chênes et en frênes, et d'autres arbres forestiers, dont un grand nombre sont entourés de ceps de vignes.

Telaw est située sur une hauteur, à quinze werstes de l'Alazan. Elle renferme deux ou trois

de

cents maisons. On y voit des restes de murs, tours et d'églises : cette ville étoit la seconde de la Kakétie.

Le commandant habite le château, qui est presque en ruines. La chambre préparée pour 'le général en chef qu'on attendoit, est celle où est mort Héraclius, cet avant dernier roi de Géorgie, si célèbre par son long règne, par les événements qui l'ont signalé, et par le courage héroïque qu'il a déployé contre ses ennemis, et surtout contre les Persans qui envahirent souvent son pays. Dans les dernières années de sa vie, la division qui s'étoit mise parmi ses fils lui avoit enlevé tous ses moyens de puissance. S'il fut contraint de se réfugier au fond de la Kakétie, loin de sa capitale encore couverte de cendres et de ruines, du moins il eut la gloire d'avoir, pendant cinquante ans, à l'exemple du vieux Mithridate, à qui on l'a quelquefois comparé, défendu ses États peu étendus, et dénués de places fortes', contre les ennemis formidables dont il étoit environné. Avec une population à peine de cinq cent mille âmes, il obtint souvent l'avantage contre les Persans, avec lesquels il ne cessa jamais d'être en guerre. Lorsque je rencontrois des princes Géorgiens, assez âgés pour avoir combattu sous ce roi, ils me parloient avec

admiration de son intrépidité vaiment héroïque au milieu des combats.

Le major de Pieters, qui commandoit depuis six mois le district de Telaw, est Livonien. Il a long-temps fait la guerre, et est couvert de blessures. Ses occupations sont nombreuses, étant sans cesse forcé de parcourir un pays où les Lesghis font de continuelles incursions. Le major, qui est grand chasseur, avoit, comme le colonel Yermoloff, une petite ménagerie, qu'il nous fit voir. Elle se composoit de deux jeunes loups, qui étoient renfermés dans une cour, dont ils cherchoient vainement à escalader les murs. Sans cesse ils étoient en mouvement pour y parvenir; et l'un d'eux en étoit presque estropié. Il avoit aussi un cerf, une biche, une chèvre sauvage d'une très-petite espèce enfin, un renard, et un chacal remar→ quable par sa vivacité et les caresses qu'il faisoit à son maître. Il étoit libre, et passoit presque tout son temps avec le renard, son voisin, qu'il sembloit aimer beaucoup. Celui-ci ne supportoit pas aussi gaîment la perte de sa liberté. Ces deux animaux, qui ont une grande ressemblance entre diffèrent par la forme de la queue et de la tête. Ils ont l'un et l'autre les inclinations ra

eux,

paces. Seulement le renard aime le sang, et se

repaît de la chair de sa victime : le chacal préfère les cadavres.

La Géorgie renferme un très-grand nombre de chacals, et presque toutes les nuits, même à Tiflis, nous entendions leurs cris aigus et perçants, qui ressemblent à celui des enfants. Il faut lire dans Olearius ce qu'il dit de l'impression profonde que les cris de ces animaux produisirent sur le secrétaire particulier de l'ambassadeur du duc de Holstein, qui, ayant fait naufrage sur la côte du Daghestan, s'égara dans les bois, et fut forcé de passer la nuit sur un arbre. Lorsqu'après beaucoup de recherches on l'y eut découvert, il affirma sérieusement avoir vu une grande quantité de ces animaux qui avoient tenu une conversation suivie sous l'arbre sur lequel il s'étoit réfugié. Aucun raisonnement ne

put le convaincre de son erreur ni guérir son imagination, et il resta fou: cependant, ajoute Olearius, jusque-là il avoit été homme de beaucoup d'esprit et d'instruction.

On trouve aussi quelques ours dans les forêts de cette contrée; ils sont roux et d'une petite taille. Le major espéroit en enrichir bientôt sa ménagerie.

Après avoir pris congé de lui, nous revinmes passer le reste de la journée chez le prince

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