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NOTICE HISTORIQUE

SUR GRÉGOIRE.

La physionomie morale de Henri Grégoire se distingue entre toutes dans les fastes de la révolution français: elle est originale autant que noble et pure. On ne peut s'empêcher d'admirer ce prêtre chrétien qui ose confesser sa foi au milieu d'un peuple insurgé contre la religion aussi bien que contre la politique du passé. Et pourtant ce peuple, respectant en lui des convictions sincères et profondes, n'a point cessé de le regarder comme un ami. C'est un beau témoignage en faveur du caractère national, et c'est pour

quoi nous aimons à parler de Grégoire. L'affection dont nous honora sa vieillesse, héritage d'une affection plus ancienne pour un compagnon de travaux et d'infortune, nous eût fait d'ailleurs un devoir d'accepter la tâche qui nous est offerte par une digne amie de cet homme de bien, celle de présider à la publication de ses manuscrits.

Les Mémoires que nous livrons aujourd'hui à l'impression, préparés dans les premières années du dix-neuvième siècle, ont été rédigés en 1808; ils s'arrêtent à cette époque notre notice a pour objet de les conduire jusqu'à la mort de l'évêque de Blois, en 1831, et de les compléter sur plusieurs points. Nous nous sommes aidés souvent des notes de Grégoire (1); nous avons multiplié les citations originales heureux le biographe qui dispose de pareilles ressources! jamais un caractère n'est mieux développé que par ses pro

(1) Nous avons également mis à contribution plusieurs fois une notice nécrologique publiée par nous-même, peu de jours après la mort de Grégoire. Voyez le Globe, 2 juin 1831. · Cet article a été traduit en anglais dans The Monthly repository and review of theology and general literature: July 1831.

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manuscrits (1); de grands changemens se sont opérés autour de lui dans ce long intervalle de temps, sans qu'il ait éprouvé le besoin de changer un mot à l'expression de sa pensée.

C'est que pour lui la vérité de 1808 était encore la vérité de 1814, de 1815, de 1830; c'était la vérité de toute sa vie. Le trait le plus saillant, peut-être, du caractère de Grégoire, était la ténacité, qui chez lui s'alliait à une extrême mobilité d'imagination. Aucune existence ne se présente plus homogène au milieu de nos annales biographiques si bigarrées.

On retrouvera dans ses Mémoires les sentimens de piété, de philantropie et de républicanisme dont cette existence entière fut l'application; on y retrouvera aussi l'empreinte d'une vivacité, disons même d'une irritabilité si grande, qu'il ne fallut pas à Grégoire moins de haute raison que de bonté pour se montrer indulgent comme nous l'avons toujours vu. Ses passions ardentes auraient pu le dominer et l'entraîner, à l'exem

(4) Il en a seulement détaché quelques fragmens pour les insérer dans différens écrits, tels que l'Histoire des Sectes religieuses, la Réponse aux Libellistes, etc.

MÉMOIRES

DE

GRÉGOIRE.

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