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autrement que dans leur propre idiome; l'instrument à l'aide duquel chacun peut rendre sa pensée, est créé; mais la grâce, la chaleur, la couleur du style, manquent généralement; il y a des auteurs, mais pas encore d'écrivains. Voici un extrait de l'ouvrage intitulé: le Maître d'école.

Learning teacheth more in one year than experience in twenty; and learning teacheth safely when experience maketh mo miserable than wise. He hazardeth sore that waxeth wise by experience. An unhappy master he is, that is made cunning by many shipwrecks; a miserable merchant, that is neither rich nor wise but after some bankrouts. It is costly wisdom that is bought by experience. We know by expérience itself, that it is a marvelous pain, to find out but a short way by long wandering. And surely, he that would prove wise by experience, he may be witty indeed, but even like a swift runner, that runneth fast out of his way, and upon the night, he knoweth not whither. And verily they be fewest in number that be happy or wise by unlearned experience.

TRADUCTION.

L'étude enseigne plus dans un an que l'expérience ne fait en vingt ans le savoir instruit d'une manière sûre, tandis que l'expérience rend plus de gens misérables que sages. Celui qui devient sage par l'expérience, risque beaucoup. Le capitaine qui ne devient habile que par ses naufrages, est bien malheureux, et le marchand est misérable, s'il n'est riche ou sage qu'a près des banqueroutes. La sagesse qui s'achète par l'expérience est coûteuse. Nous savons par l'expérience la difficulté de trouver le plus court chemin par des détours. Celui qui veut devenir sage par l'expérience, peut avoir, il est vrai, beaucoup

d'esprit, mais il est comme ce coureur agile, qui court hors de son chemin pendant la nuit, sans savoir où il va; ceux que l'expérience a rendus sages ou heureux, sont beaucoup moins nom breux que les premiers.

Aux noms précédents il faut encore ajouter ceux de John Leland, mort en 1552, auteur de Principum in` Anglia virorum encomia et d'un Itinéraire de la Grande: Bretagne ; érudit de premier ordre, Leland savait le grec; le français, l'italien, l'espagnol, et était un antiquaire distingué, ainsi que Will. Camdem, à qui on doit la Britannia, une Histoire d'Élisabeth et une collection des anciens historiens, et Hooker, dont le livre: Constitution ecclésiastique, excitait l'admiration du pape Clément VIII. Comme la plupart des grands moralistes anciens, Platon, Cicéron, dont il faisait son étude, Hooker prend pour base de ses instructions, l'éternelle obligation de la loi naturelle. Son premier livre surtout est remarquable, et c'est encore aujourd'hui un des chefs-d'œuvre de l'éloquence anglaise on ne peut lui reprocher que des périodes un peu trop compliquées, mais du reste très-har

monieuses.

De cette époque date aussi la critique en Angleterre. Nous trouvons Th. Wilson et son Art de la rhétorique, d'après Aristote, Cicéron et Quintilien; il a le mérite d'avoir blâmé le pédantisme de l'époque ; Gascoyne et ses Remarques sur l'art de faire des vers anglais; Webbe et son Discours sur la poésie anglaise; Lindsay et sa Défense de la poésie; et enfin Georges Puttenham avec son Art poétique, qui est assez remarquable.

Nous terminerons cette longue nomenclature par cinq têtes couronnées; Henri VIII et ses lourds traités de Théo

logie, auxquels succédèrent, après son divorce avec Catherine d'Aragon, de véhéments écrits de polémique religieuse; Edouard VI et son journal; Marie et ses lettres en latin et en anglais; Elisabeth, qui composa quelques écrits en prose et en vers, également faibles,. et enfin l'infortunée reine d'un jour, Jeanne Grey.

C'est à Elisabeth que commence, à proprement parler, la littérature anglaise; tout ce qui précède, à l'exception de quelques noms, comme Chaucer, Fortescue, Th. More, etc., n'est guère qu'un catalogue, une nomenclature d'essais plus ou moins recommandables; le règne d'Elisabeth est le véritable âge d'or de la littérature anglaise; c'est le moment de son développement le plus beau, le plus original, le plus puissant; Shakspeare, de son grand nom, domine toute cette époque, et autour de lui brille, comme une nouvelle pléiade, une foule d'écrivains distingués et de poëtes de talent; le goût littéraire se ressent de l'étude de l'antiquité, mais ce n'est pas, comme en France, une imitation servile et quelquefois maladroite. En Angleterre elle a quelque chose de plus original; cela tient à ce que ce pays n'avait, pour ainsi dire, encore rien produit. Au caractère savant emprunté aux productions de la Grèce et de Rome, elle put donc ajouter le caractère naïf d'une littérature presque primitive, ce qui lui donna une tournure tout-à-fait à part; c'est un mélange riche et harmonieux du classique grec païen, embelli par le merveilleux des légendes du moyen âge, le brillant de la chevalerie, et purifié, sanctifié par la morale chrétienne.

On peut reconnaître ces divers caractères dans les drames de Shakspeare, les ouvrages de Spenser, et sur

tout l'Arcadie de Phil. Sydney, espèce de moyen terme entre les exigences classiques et romantiques.

Les longues querelles religieuses sous Henri VIII, et la farouche bigoterie de Marie la Catholique, avaient arrêté la poésie dans son essor; avec Elisabeth, elle reprit son vol. Parmi les poëtes qui précèdent Spenser, nous citerons Th. Sackville, auteur du Miroir des Magistrats, poëme imité de l'Enfer du Dante, et que les occupations de Sackville (il était lord trésorier) ne lui permirent pas d'achever; il en confia l'exécution à Richard Baldwyne et à Georges Ferrers, qui lui sont bien inférieurs en talent. Sackville n'a fait que l'introduction sous la conduite d'un personnage allégorique, le Chagrin (Sorrow), et la Vie de H. Stafford, premier duc de Buckingham; la poésie en est soignée, on ne peut que lui reprocher son ton triste et monotone; George Gascoyne et son Miroir d'acier, qui est en même temps une des premières satires anglaises; et un des premiers spécimens de la poésie en vers blancs; son poëme : les Fruits de la guerre, est assez-faible, ses poésies légères valent mieux : on cite surtout le Procès d'un amant, remarquable par sa verve et sa gaîté.

Spenser débuta par le Calendrier du berger, poëme pastoral en 12 églogues, une pour chaque mois; on doit surtout remarquer la fable du Chêne et du Buisson, dans la première églogue; ce poëme est rempli de vieux mots qui le défigurent (les Chaucerismes de Spenser, comme les appelle Dryden), mais on y trouve souvent aussi une teinte charmante de mélancolie, un des principaux traits du talent de Spenser. Spenser a encore le mérite, dans cet ouvrage, de prêter à ses bergers un langage simple et ordinaire, quelquefois même un peu trop rude, au lieu

de leur donner ce jargon maniéré des courtisans, si fort à la mode à cette époque dans les ouvrages pastoraux, comme dans celui de l'Aminta du Tasse.

Vers cette époque, Spenser eut pendant quelque temps l'idée de bannir la rime des vers anglais, et d'y substituer la prosodie latine; mais heureusement, il renonça bientôt à ce projet et publia son Epithalame, magnifique chant nuptial « hymne tout embaumé de la joie d'un nouvel époux » et d'un époux poëte. C'est un enivrement dont rien n'approche, c'est une extase perpétuelle, mais pleine de noblesse et de pureté. Il est, selon Hallam, supérieur à tout autre chant nuptial, ancien ou moderne. Vient enfin sa Reine des fées, qui parut en 1589, et qui est dédiée à Elisabeth. Dans ce roman, le héros, le prince Arthur, aperçoit en songe la Reine des fées, et il en devient tellement amoureux, qu'à son réveil il prend la résolution de la chercher dans le pays des fées : de là une foule d'aventures qui font briller les vertus morales des chevaliers;. car, pour Spenser, la chevalerie est une chose sainte et sérieuse, et son poëme n'est que la glorification de cette institution. L'auteur a jeté sur le tout une teinte de platonisme, qui lui donne un charme tout particulier. L'ouvrage devait être en 12 livres; six seulement nous sont parvenus, le reste, dit-on, à tort probablement, a été perdu par la négligence d'un domestique. Il est plutôt à croire que Spenser ne put pas l'achever. Chaque livre est divisé en 12 chants, les stances sont de 9 vers, et ont pris le nom de leur auteur (les Spenseriennes). Chacun de ces livres est consacré aux aventures d'un chevalier, qui personnifie une vertu morale; ainsi, dans le premier livre, le chevalier Bed cross représente la sainteté ;

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